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Delta Airlines lance un programme pour réduire le risque de contamination Covid à 1 sur 1 million sur ses vols transatlantiques. Pourquoi ne pas s'en inspirer pour des Noëls en famille sans risque ?
©PATRICK T. FALLON / AFP

Protocole ultra-renforcé

La compagnie Delta Airlines a annoncé mettre en place le premier vol sans quarantaine (entre Atlanta et Rome) grâce à un protocole inédit de tests PCR et antigéniques.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Atlantico .fr : La compagnie Delta Airlines a annoncé mettre en place le premier vol sans quarantaine (entre Atlanta et Rome) grâce à un protocole inédit. Que comporte-t-il et est-il suffisant ?

Stéphane Gayet : Pour situer ce géant américain du transport aérien, American Delta Airlines, c’est près de 200 millions de voyageurs par an, 300 destinations dans 50 pays, et jusqu’à 15 000 départs quotidiens ; c’est encore plus de 90 000 personnes salariées. L’État de Géorgie, situé entre l’Alabama à l’Ouest, le Tennessee et la Caroline du Sud au Nord et à l’Est, et la Floride au Sud, est une zone stratégique avec sa ville capitale Atlanta. L’idée de proposer une liaison ultra sécurisée entre Atlanta et l’Italie, en l’occurrence sa capitale Rome, est une riche initiative dans le contexte actuel de contrôle étroit des frontières.

Cela a nécessité d’âpres négociations entre la Géorgie et l’Italie, et bien sûr l’exécutif européen. Un protocole apportant un très haut niveau de sécurité infectieuse a été défini. Il réduit le risque de contamination entre les deux villes à un sur un million, soit 0,000 001, ce qui permettra de se passer de quarantaine après le débarquement : c’est un énorme avantage.

Ce protocole qui prendra effet le 19 décembre, dans le cadre d’un partenariat entre American Delta Airlines et la compagnie italienne Alitalia. Voici ce protocole au départ d’Atlanta :

- Un test génomique RT-PCR SARS-CoV-2 négatif depuis un maximum de 72 heures avant le départ ;

- Un test antigénique rapide SARS-CoV-2 négatif pratiqué à l’aéroport.

À leur arrivée à Rome, les passagers devront se soumettre à un nouveau test antigénique rapide SARS-CoV-2.

Lors de leur retour pour Atlanta, les voyageurs devront se soumettre à un nouveau test antigénique rapide SARS-CoV-2 à l’aéroport de Rome.

Ce protocole a été supervisé et validé par la prestigieuse « Mayo Clinic » située à Rochester, dans l’État du Minnesota. La Mayo Clinic n’est pas une simple clinique, c’est un très gros complexe hospitalo-universitaire qui est à la pointe de la médecine et de la recherche médicale mondiales. Henry Ting, le directeur qualité de cette institution, a affirmé que, si ce protocole était bien appliqué, associé à un taux de remplissage de 60 % des avions (avec la non-occupation du siège du milieu dans chaque rangée) et que les mesures de prévention sanitaire (port d’un masque, désinfection des mains, épuration de l’air et nettoyage-désinfectant des surfaces touchées par les mains) étaient correctement respectées, le risque de contamination entre les deux villes était de 0,000 001, ce qui est négligeable. On peut donc parler d’ultra sécurité.

Ce protocole est suffisant dans la mesure où il sera appliqué à la lettre.

Atlantico .fr  : Que sait-on des contaminations au coronavirus dans les avions ?

Stéphane Gayet : En réalité, le risque de contamination par le SARS-CoV-2 dans les avions est déjà extrêmement faible, avant la mise en place de ce protocole de très haute sécurité. En effet, comme nous l’avions déjà expliqué, le risque lié au transport aérien est très nettement plus faible que celui qui est lié aux autres transports en commun, tout particulièrement le métro, les autobus, les autocars ainsi que les trains (exception faite des rames de TGV les plus récentes où le traitement de l’air a été amélioré).

Ainsi, on s’est évertué à réduire considérablement un risque infectieux qui était déjà très faible. L’avion est donc en passe de devenir un mode de transport extrêmement sécurisé sur le plan du risque de contamination par le SARS-CoV-2.

Atlantico .fr : Un tel protocole pourrait-il permettre de faciliter les circulations pour les vacances de Noël s’il était étendu à plus de secteurs (de transports ou non) ? Est-ce possible ?

Stéphane Gayet : Cette liaison entre Atlanta et Rome devrait être exemplaire. Elle est destinée aux personnes qui ont un réel besoin de faire le déplacement intercontinental (pour le travail ou pour la famille). C’est une excellente initiative et on ne peut que s’en féliciter. Enfin une possibilité de se décloisonner dans cette ambiance de confinement morbide.

Tous les pays d’Europe de l’Ouest vont observer attentivement cette expérience de collaboration entre les États-Unis et l’Italie. Il est certain que des personnes vont utiliser cette ouverture pour se rendre dans d’autres pays européens à partir de Rome. Mais il faut être patient : une telle possibilité ne va pas être étendue à d’autres villes américaines ni à d’autres capitales européennes dans les quinze jours qui viennent. Cela se fera très probablement, mais il faudra un peu de temps. Quoi qu’il en soit, la conjonction du test génomique RT-PCR SARS-CoV-2 et du test antigénique rapide SARS-CoV-2 est la solution optimale d’approche diagnostique individuelle. Tout le monde y avait pensé, mais les freins étaient la faisabilité et le coût. Mais il faut le reconnaître, ce couple diagnostique est excellent, du moins dans la mesure où l’on utilise des réactifs de qualité, ce qui ne va pas de soi, hélas (un scandale semble en train de se préparer en Italie, à propos de la médiocrité des réactifs utilisés pour les tests RT-PCR SARS-CoV-2).

Si l’on avait les moyens techniques, logistiques et financiers nous permettant d’appliquer ce couple de tests à la majeure partie de la population – et de le répéter régulièrement -, cela nous donnerait un outil exceptionnel de surveillance épidémiologique et d’adaptation individuelle des mesures préventives, en évitant toutes les mesures collectives qui, si elles sont dans certains cas efficaces, ne sont pas efficientes et beaucoup trop pénalisantes.

Concernant l’extension du protocole Atlanta-Rome aux autres transports collectifs qu’est le train, cela ne paraît pas du tout réalisable dans la conjoncture actuelle. Il ne faut pas perdre de vue que ce protocole de très haute sécurité entre les États-Unis et l’Italie est du luxe ; il est possible parce qu’il s’agit de vols long-courriers dans des contextes bien particuliers. Il ne faut pas se réjouir trop vite : l’adaptation d’un tel dispositif ne se fera pas facilement. Mais ce serait tellement bien.

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