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Débat primaire PS : 
j'ai rien vu, mais je sais tout…
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Pas vu à la télé

Les six candidats à la primaire socialiste se sont de nouveau affrontés mercredi soir dans un débat télévisé. Benoît Rayski n'a pas regardé. Mais il peut quand même en parler...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La rédaction d'Atlantico m'avait demandé de regarder et de commenter - quasiment en direct ! - le débat entre François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet. D'habitude je ne refuse jamais rien à ce site, toujours très accueillant pour mes écrits et mes humeurs. Mais là, pour une fois, j'ai dit non. Et j'ai promis de m'en expliquer. C'est ce que je vais maintenant faire.

Depuis toujours je vote à gauche. En effet, j'ai été baptisé dans cette religion. Il est vrai que je la pratique avec moins de ferveur qu'antan et, surtout, je la pratique à ma façon qui, je crois, n'est pas tout à fait reconnue par les directions du PS, du PC, du Parti de Gauche, du NPA, de LO et j'en oublie. Mais pour autant, je ne suis pas un apostat. Non pas que je craigne pour ma vie : nous sommes en France, pas en Iran où un pasteur a été condamné à mort pour avoir quitté la foi musulmane. Plus simplement je reste au sein de mon église d'origine par habitude, par fidélité à l'éducation reçue et sans illusions particulières. Dans cette église beaucoup de cloches sont fêlées et sonnent faux. Ses carillonneurs ne sont pas les meilleurs car ils confondent très souvent le tocsin, le glas et l'angelus. Et puisque nous en sommes aux cloches peut m'importe que ce soit Quasimodo, laid et difforme qui les fassent sonner comme celles de Notre-Dame. Je voterai quand même pour lui …

Donc il m'a paru totalement dépourvu d'intérêt de me planter devant ma télé pour savoir quelle cravate portait François Hollande, quelle était la couleur de la jupe de Ségolène Royal, ou si Martine Aubry avait sacrifié à la nécessité d'un brushing. D'autant que j'avais quand même regardé le premier débat (sans qu'Atlantico ne m'ait rien demandé). Et, il faut que je le confesse, il m'a inspiré une préférence marquée pour Valls et Montebourg. Le premier dit des choses justes et vraies, ce qui amène d'aucuns à le priver de son label de gauche et à voir en lui un affreux UMPiste caché. Le second dit n'importe quoi (il est avocat de profession et donc n'est absolument pas obligé de croire ce qu'il dit) mais avec une fougue et un élan qui le rend attendrissant. Je n'ai bien-sûr rien contre François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal. Je n'ai rien non plus pour Jean-Michel Baylet, ayant toujours préféré la gauche caviar à la gauche cassoulet.

J'ai donc occupé ma soirée autrement. Je suis allé sur un site américain où l'on diffusait des extraits d'une intervention d'Obama devant les élus noirs du Congrès : «  Sortez de vos pantoufles !» leur a-t-il dit. «  Cessez de pleurnicher et de geindre, mettez vos chaussures et commencez à marcher ! », a-t-il ajouté. Une façon assez brutale de dire à la communauté noire-américaine qu'elle devait abandonner sa mentalité d'assistée.

J'ai noté par ailleurs que le MRAP, dont le magistère moral s'arrête heureusement aux frontières de l'hexagone, n'avait pas déposé plainte contre le président des États-Unis pour incitation à la haine raciale. J'ai passé un excellent moment en écoutant Obama. J'en ai passé un autre en découvrant sur mon ordinateur une réplique de Valls à Montebourg qui lui cherchait des noises sur une histoire de TVA sociale, estampillée par lui comme étant « de droite » : « Tu n'as pas le monopole de la gauche ! ». Et encore un grand moment de bonheur en apprenant que, comme moi, Nicolas Sarkozy n'avait pas regardé le débat. A ce moment-là précis, il remettait la légion d'honneur à Yvette Horner et Gilbert Montagné !

Je me suis dit alors que tout allait bien. Valls avait dit ce que je pense depuis longtemps. Personne n'a le monopole de la gauche, et donc je ne risque pas d'être excommunié. Enfin et surtout, je surclasse, j'écrase, je domine largement Sarkozy. Car entre Obama et Yvette Horner, y'a pas photo …

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