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Croissance: François Hollande jubile mais ses amis du courant social-libéral font “la gueule” face à ce qui pourrait être un mensonge d’Etat
©Reuters

Saint Graal

Les statistiques de croissance ont permis aux professionnels de la communication de dire combien la stratégie du président avait été la bonne… Ses amis du courant social-libéral et les milieux d’affaires s’inquiètent : pour eux l’Elysée a encore trouvé des raisons de ne rien faire. Un mensonge d’Etat disent-ils pour justifier l’immobilisme qui plait tant aux cadres du PS.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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François Hollande a dû passer une semaine magnifique. Il est parti sous le soleil des Antilles pour embrasser ses électeurs ou ceux qui pourraient le devenir... Il s’est fait prendre en photo avec Fidel Castro , histoire de montrer aux bobos nostalgiques de mai 68, qu' il avait lui aussi un devoir de mémoire, on dit même qu'il aurait offert à Julie Gayet  un teeshirt a l’effigie de Che Guevara (de toute façon, à La Havane il n y a que des souvenirs du Che qu'on peut acheter). Bel exemple de reconversion, que de passer du statut de symbole de la révolution à celui de roi du marchandising capitaliste.

Julie Gayet a dû être contente, elle, que la presse people a, cette semaine, installé comme la première dame, ce qui a énervé la précédente favorite. Mais n’a pas empêché Ségolène Royal de s’approprier des fonctions de vice-présidente, y compris les discours écrits pour son ex-mari qu’elle peut désormais remplacer au pied levé.  

François Hollande a dû passer une semaine magnifique, puisque les trois femmes de sa vie (quel homme !) ont désormais trouvé une légitimité dans leur situations qui étaient jusqu’alors un peu équivoques et clandestines. Au moins maintenant, les choses sont claires, personne n’a besoin de se cacher.

La semaine a surtout été magnifique grâce à l’INSEE qui lui a livré la preuve statistique qu'il avait eu raison de ne rien faire et qu’il a suffit d’attendre que les vents de la croissance se mettent à souffler dans le bon sens. Le chiffre du 1e trimestre affiche une reprise de 0,6% de croissance : trois fois mieux que l’an dernier, mieux que la moyenne de la zone euro, mieux que l’Allemagne, mieux que la Grande Bretagne. Mieux, mieux, mieux… et il fallait être complètement sourd pour ne pas entendre pendant ce grand week-end, les communicants de l’Elysée et du Parti socialiste, dire et répéter que cette amélioration à laquelle personne ne croyait plus, était le fruit de la politique voulue et appliquée par François Hollande. Il fallait "écouter" le sourire angélique de Juliette Meadel porte-parole du PS, privée de week end pour aller prêcher sur les plateau TV que cette reprise de croissance était liée à des facteurs "que nous socialistes avions défendus et voulus".

C’était d’ailleurs impressionnant comme prêche : "l’euro a baissé, François Hollande le réclamait, nous l’avons obtenu… la baisse des taux d’intérêt  François Hollande la réclamait, nous l’avons obtenu, la BCE, nous réclamions qu’elle fasse le travail, nous l’avons obtenu ... le pétrole a baissé … oui.. Alors là, la France n’est pas directement responsable, non mais … la France aurait pu …nous réclamions une relance par la demande, la croissance est venue par la consommation et la hausse du pouvoir d’achat …"

La récupération arrogante des chiffres a été extraordinaire et  finalement pathétique … C’est d’ailleurs assez curieux qu’une femme ou un homme passé par Sciences-po et l’ENA peut dire autant de contre-vérités dès qu’il tombe dans la politique. 

Parce que l’opinion sait très bien que la hausse de pouvoir d’achat n’est pas liée à une hausse des revenus, mais à une baisse des prix, elle sait très bien aussi que si la consommation s’accroit c’est parce qu’après trois ans de stagnation, il faut bien remplacer la voiture ou le lave-linge... Enfin le consommateur sait aussi que ce qu'il achete vient massivement de Chine ou d’Inde …

Le parti socialiste et la cellule com de l’Elysée ont donc triomphé sur des chiffres qui masquent un commerce extérieur en berne, peu d’investissements, et des destructions d’emplois en masse.   

Alors pourquoi ce tapage ?  Pour expliquer d’abord aux socialistes qui sont inquiets que le pays est géré, et que la politique conduite produit quelques effets. Et si l’emploi ne s’améliore pas aujourd’hui, ce sera forcément pour demain. "Moralité, chers amis militants, chers amis inquiets et frondeurs, ne vous inquiétez pas. Tout est sous contrôle". Le congrès du Ps se passera bien. Les frondeurs sont calmes, les écolos sont achetés

La semaine a été magnifique. François Hollande a ému les gauchistes en embrassant Fidel Castro et il a calmé les frondeurs en leur montrant que la stratégie qu'il menait était la bonne… quant aux écolos, ils sont sans voix (parce que sans voies de recours ou de sortie)  

Le problème c’est que, dès lundi matin, rentré tout bronzé des Antilles,  il va être assailli par tous ceux qui ne croient pas ces chiffres.  Il va devoir affronter tous ceux qui dans ce pays n’entendent pas cette langue de bois, et il y en a au PS, il y en a, au gouvernement.. Qui savent bien que cet alignement de planètes (l’euro, le pétrole et les taux) ne va pas tenir longtemps. Sans compter ceux qui savent aussi que la manne des liquidités de la BCE crée l’illusion de la richesse mais ne profitent pas aux entreprises mais d’abord aux marchés financiers.

Tous ces gens-là sont vent debout, parce qu'ils savent que sans réformes de structure, la France ne se redressera pas. Tous ces gens-là ne décolèrent pas parce qu'ils savent qu’en politique, il ne faut pas déplaire à sa base électorale sinon la base vous "vire du pouvoir".. tous ces gens-là ont compris en un quart de seconde que ces chiffres allaient calmer les frondeurs du PS, l’aile gauche et par conséquent que le président pour protéger cette unité et ce calme dont il a besoin na va strictement rien faire. Il a ailleurs d’ors et déjà tout arrêté.

Par conséquent, tous ces gens-là ont commencé à inonder le Président de la république sur le thème des réformes nécessaires.

Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Elysée, ami très proche de François Hollande reçoit  des tonnes de mails émanant de ses amis hauts fonctionnaires ou de ses relations dans les milieux d’affaires pour implorer le président de profiter de cette amélioration conjoncturelle pour assainir les structures et les procédures administratives. Jean-Pierre Jouyet est en prise directe avec le réseau d’influence des Gracques, il est branché sur les milieux financiers qui auscultent les situations d’entreprise.

Pascal Lamy, l’ancien directeur de l’OMC  rapporte des informations alarmantes sur la marginalisation de la France dans le monde.Laurent Fabius est en désaccord absolu avec Pascal Lamy sur tout, mais ses réseaux diplomatiques lui font remonter les mêmes informations.  

Jacques Attali qui n’en pouvant plus de tirer la sonnette d’alarme lors de ses visites du soir à l’Elysée,  vient de publier une série d’articles pour expliquer que la France se vidaient de plus en plus vite de ses éléments les plus talentueux, les plus dynamiques...les diplômés, les entrepreneurs, les comités de directions, tout le monde déménage.  Des syndicalistes, ceux de la CFDT notamment en arrivent  à écrire au président pour lui dire qu’il est urgent de reformer le droit du travail, les conditions d’embauche.

L’économiste qui aujourd hui murmure ses conseils a l’oreille de François hollande lui a déjà communique des notes sur la nécessite de reprendre les chantiers de réforme. Alors, Jean Pisani-Ferry n’est pas un gauchiste révolutionnaire, il n’a pas non plus la fibre ultra libérale, c’est un pragmatique prudent, comme son père Edgar Pisani, qui fut ministre du General De Gaulle.  Mais il sait très bien que les hommes politiques ne travaillent pas à plus long terme que celui de leur mandat. Il ne se fait donc aucune illusion à partir du moment où la conjoncture internationale peut nous pousser dans le bon sens et que la banque centrale va nous injecter la dope monétaire dont on peut avoir besoin pour passer les cols les plus difficiles.

Cette semaine, les avertissements sont venus de Berlin et de Bruxelles sur le thème « arrêtez de vous mentir a vous-même ».. et quand la commission de Bruxelles félicite publiquement le ministre de l’économie de la amélioration de ses résultats, personne n’est dupe, pas même Michel Sapin, qui rentre à Paris et fait le job sans beaucoup y croire.

Le gouvernement est d’ailleurs coupe en deux. Les amis de François Hollande eux-mêmes se partagent en deux camps. D’un cote il y a ceux  qui répondent à une logique purement politique laquelle consiste à tout faire pour rassembler la famille autour de son chef. Pour eux, tout ce que fait et dit le chef, c’est bien. Pour eux, nous n’avons pas en France de problèmes majeurs. Encore un effort etdeux notes optimistes de l’Insee et ils vont nous faire le coup de la cagnotte, celle qui a coulé Jospin. 

Et puis, il y a ceux qui tout en étant très loyaux, continuent de défendre l’idée que la gauche ne gagnera que si elle obtient des résultats économiques, et elle n’obtiendra des résultats que si le gouvernement fait ce qu’il faut.

Pour Manuel  Valls, ou Emmanuel Macron, il n’est toujours pas  trop tard pour envoyer des signaux capables de restaurer la confiance, parce que la confiance, c’est l’investissent et l’emploi ...Restaurer la confiance auprès des patrons de PME, auprès des investisseurs étrangers ou des français expatriés…

Bref pour échapper au déclin, redevenir un pays normal, comme l’Allemagne ou la grande Bretagne qui acceptent de s’adapter aux grandes mutations auxquelles nous sommes confrontés...

La mondialisation  (incontournable) , le progrès technologique (indispensable ) et l’économie de marche (inévitable ) .. Pour ce faire, il faut produire de la richesse, de la valeur et pour cela il faut générer de la compétitivité. C’est à dire qu'’il faut être bon, très bon et si possible meilleurs que les autres.

Il y a quelques semaines, des étudiants ont interrogés des hommes politiques, députes et sénateurs de toutes opinions, pour leur demander , comment on pouvait créer de la valeur , de l’activité et de la richesse.

Pas un sur dix n’a été capable de donner la bonne réponse. Les uns parlaient du rôle proactif de l’Etat, des banques, du crédit des capitalistes … tous les grands économistes de l’histoire savaient la réponse de Stuart Mill à Ricardo en passant par Marx, Keynes et Schumpeter. Il n y a pas débat sur la recette. Pas d’idéologie. Si idéologie il y a , elle est ailleurs . Dans la redistribution de cette richesse, pas dans la production.

Pour créer de la valeur, donc de la croissance, de la richesse, du progrès. Il faut du travail (beaucoup) et du talent (très beaucoup).

Alors, a-t-on en France du travail et du gout pour le travail ? As-t-on du talent ???

Winston Churchill dont on fête cette année le 50 e anniversaire de sa mort et le 70e anniversaire de la victoire sur Hitler , disait que pour gagner une guerre ou une bataille , il fallait beaucoup de travail , beaucoup de talent et il ajoutait aussi , beaucoup de courage ..Surtout en démocratie. Du courage pour oser annoncer des mauvaises nouvelles et dire où on va.

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