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Crise du logement : les Français radotent, les Anglais défrichent…
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Zone franche

260 000 logements neufs construits sur 16 600 hectares de friches d’État d’ici à 2015. Les Britanniques ont du pétrole et des idées, pourquoi n’avons nous ni l’un ni les autres ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Français et Britanniques résolvent généralement de façon radicalement divergente les problèmes identiques qui se posent à eux. Enfin, je dis « résolvent », mais je devrais sans doute préférer un « tentent de résoudre » moins définitif : des deux côtés du Channel, on résout finalement assez peu…

N’empêche, les voisins du dessus tendent à être plus créatifs que nous, préférant le pragmatisme à l’idéologie. Prenez la crise du logement, par exemple, qui affecte les rosbifs bien davantage que les bouffeurs de grenouilles et les préoccupe à due proportion : en France, si le mètre carré vient à manquer, on pense immédiatement que c’est en le rendant moins cher par la contrainte et la réglementation qu’on le fera se multiplier ; en Grande-Bretagne, si le square foot se fait rare, on cherche plutôt des moyens d’en produire davantage.

La dernière trouvaille de David Cameron, annoncée hier à Manchester dans le cadre de la « Tory Party Conference » annuelle (en anglais, une « summer university », c’est une fac qui offre des cours de maths pendant l’été, pas un raout militant sur un port de plaisance), est un bon exemple de cette différence d'approche.

« Si les logements manquent, mais aussi les emplois et l’activité économique, propose le Premier ministre conservateur, pourquoi ne pas céder une partie des milliers d’hectares de friches et de terrain divers appartenant à l’État mais laissés à l’abandon à des promoteurs immobiliers, lesquels ne les paieront qu’après la construction et la vente des nouveaux logements qu''ils seront chargés de construire ? »

« Build now, pay later »

En voilà une idée qu’elle est bonne ! Là-bas comme ici, le foncier public sans affectation, qu’il appartienne aux Domaines, aux collectivités locales ou aux grandes administrations est pléthorique ― y compris dans des zones très densément urbanisées. Des milliers de logements sont d'ailleurs en train de sortir de terre dans quelques uns des quartiers les plus déshérités de Londres, Jeux olympiques obligent. Les friches du XVIIe arrondissement de Paris, en revanche, et sur lesquelles la même manifestation devait être organisée, demeurent, justement, des friches…

Est-il vraiment indispensable d’organiser un marathon et un 110 mètres haies avant de valoriser nos propres terrains vagues ?

Mais l’initiative cameronienne va bien au-delà de l'affaire des JO : les promoteurs vont en effet être invités à bâtir 266 000 logements neufs sur les terrains publics d’une dizaine de zones urbaines en forte tension (16 600 hectares), générant du même coup 200 000 emplois dans le cadre d’un dispositif baptisé « build now, pay later »(« construisez maintenant, payez plus tard »).

Ces entreprises ne financeront donc, dans un premier temps que le coût des matériaux et de la main d’œuvre, l’État attendant les premiers emménagements pour encaisser son dû au prix du marché

Stimuler l’activité économique en temps de crise, agir sur l’urbanisme des grandes métropoles, faire disparaître les friches inutiles, faciliter l’accès au logement, remplir les coffres de l’État et tout ça sans que ça ne coûte un fifrelin au contribuable, franchement, ça fait rêver.

Hum, ces conservateurs, c'est dingue ce qu'ils ont le sens de l’innovation.

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