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Si toutes les banques du monde...
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La taxe qui valait 30 milliards

Le Crédit Coopératif vient de mettre en place une contribution volontaire sur les transactions de change, entièrement supportée par la banque et destinée à l'aide au développement. Son directeur général délégué Pierre Valentin décrit pour Atlantico cette initiative qui pourrait faire des émules au sein de la communauté bancaire française. Et mondiale ? Rien à voir pourtant avec la taxe Tobin...

Pierre Valentin

Pierre Valentin

Pierre Valentin est directeur général délégué du Crédit Coopératif, banque coopérative au service des acteurs d'une économie responsable, respectueuse des personnes et de leur environnement. 

 

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Atlantico : Quels sont les grands principes de la contribution volontaire sur les transactions de change (CVTC) mise en place par le Crédit Coopératif ?

Pierre Valentin : De nombreux rapports d’experts ont montré qu’il était possible d’utiliser le volume de plus en plus important des transactions de change pour permettre d’effectuer un prélèvement au profit de l’aide au développement, dans l’esprit des Objectifs du Millénaire de l'ONU. Nous avons donc voulu à notre manière utiliser ce savoir faire et cette expertise pour effectuer un prélèvement de 0,01 % sur l’ensemble des transactions de change que nous réalisons sur le marché que ce soit pour le compte de nos clients ou pour nos propres opérations. Cette contribution est appliquée depuis le 1er mars et le montant récolté dans l’année sera reversé à une association active dans le domaine de la solidarité internationale. Elle sera entièrement supportée par le Crédit Coopératif : c’est un choix délibéré de notre banque. Quant au choix des associations, il dépendra des sommes levées, lesquelles dépendront de notre volume d‘activité de change. Notre critère sera un critère de cohérence par rapport aux objectifs de solidarité internationale visés par ce type de prélèvement.

Avez-vous des objectifs chiffrés ?

Je ne sais pas si c’est exactement le mot. Nous avons des prévisions, qui sur la base d’une année pleine des volumes de change envisagés au Crédit Coopératif, avoisine les 100 000 euros.

Notre banque avait déjà testé un concept assez proche sur les cartes bancaires, en créant une carte - la carte Agir - vendue au même prix que la carte bancaire traditionnelle du Crédit Coopératif et qui inclut un don supporté par la banque lors de la souscription et sur chaque retrait de billets, un don destiné à une association choisie par le client parmi un panel qui lui est proposé.

Vous-êtes vous inspiré des taxes Chirac et Tobin ?

Notre dispositif s’appelle Change Solidaire : il s’inscrit essentiellement dans un contexte de recherche de nouveaux financements pour le développement, avec aussi une donnée technique car ce genre de processus est difficile à mettre en place. La taxe Tobin, elle, est d’une inspiration plus ancienne et c’est une taxe alors que nous sommes dans une logique de mouvement de la société civile, de contribution volontaire ; et puis James Tobin avait fait en 1970 un certain nombre de préconisations à une époque où le volume des changes était presque 30 fois moins important qu’aujourd’hui.

Cette initiative peut-elle améliorer l’image des banques ternie par la crise financière ?

Je ne peux parler que pour le Crédit Coopératif. Ce qui est important pour nous, c’est que notre banque, parce que c’est dans sa tradition et dans la tradition coopérative, manifeste son souci d'être utile et d’être en phase avec les préoccupations de ses sociétaires. On ne fait pas cela pour simplement attirer les clients mais parce que nos clients actuels souhaitent une banque engagée. C’est dans la logique de notre gamme solidaire.

Souhaitez-vous que votre initiative serve d’exemple aux grandes banques françaises ?

Ce n’est pas le terme que j’utiliserai. Par contre, ce que nous souhaitons, c’est prendre une initiative ouverte. Sur notre site Internet, nous avons beaucoup détaillé notre méthodologie mais si d’autres banques, pas forcément de très grandes banques car il leur est plus difficile de contrôler ce genre de dispositif, nous imitent, c’est une bonne chose.

Si toutes les banques du monde...

... On sait que si toutes les banques dans le monde appliquaient ce type de prélèvement, le montant pourrait atteindre 30 milliards d’euros.

Nous ne cherchons pas à faire quelque chose qui serait tout d’un coup adopté par l’ensemble des banques : il y a un aspect d'expérimentation utile, même si nous sommes la seule banque à faire ce genre de contribution, nous aurons acquis une certaine expertise sur la faisabilité d’un tel prélèvement pour la lutte contre la pauvreté dans le monde.

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