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Covid-19 et nutrition barrière : quelques solides pistes scientifiques
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Booster son immunité

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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Le virus se propage car dès qu’il trouve une opportunité agréable (bonne humidité et chaleur), il est chez lui et squatte les cellules de son hôte pour s’immiscer dans sa machine à répliquer (l’ADN) et faire ses petits. Des milliards de petits qui vont à leur tour se promener de ci de là.

La plupart du temps (90 %), il passe inaperçu de l’hôte ou ce dernier a des symptômes grippaux plus ou moins prononcés et fatiguant.

Mais chez environ 10% des patients infectés par le SRAS-CoV-2, les symptômes de la maladie du coronavirus-2019 (Covid-19) sont compliqués par une lésion pulmonaire grave appelée syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), qui est souvent mortelle lorsqu’on n’a pas le matériel adéquat pour faire respirer les patients. Il y une surproduction incontrôlée de cellules immunitaires et de cytokines, appelée « tempête de cytokines» qui entraîne une inflammation très forte.

Depuis le début de cette pandémie, les médecins et chercheurs cherchent des causes de cette « injustice de réaction, entre les sujets asymptômatiques et les autres. on a parlé de l’âge, du surpoids, du diabète, de prise d’anti-inflammatoires… les patients ne sont pas tous égaux devant la maladie et aujourd’hui, le triptyque « âge, sexe masculin, surpoids » n’est plus du tout satisfaisant.

Or, ce qui intéresse le plus les chercheurs tournent de cette tempête de cytokines et la sensibilité ou non à l’inflammation.

Or, les épidémiologistes et les responsables de santé publique savent bien qu’en France et dans les pays développés, les sujets n’ont pas des apports satisfaisants en Oméga 3 que l’on trouve dans les poissons dits gras, les huiles de poisson mais aussi dans certains huiles ou graines végétales comme le colza, le lin et le chènevis. 

Deux grands spécialistes des acides gras en France, le professeur Philippe Legrand et Pierre Weill, ont publié avec leurs équipes un très intéressant article en septembre dernier qui raconte ceci :  les acides gras polyinsaturés oméga-3 à longue chaîne (oméga-3 LC-AGPI) pourraient aider à améliorer la résolution de l'équilibre inflammatoire, parce qu'ils sont des précurseurs de médiateurs lipidiques pro-résolution (SPM) spécialisés. Ils pourraient alors limiter la durée de la période inflammatoire critique. 

Les LC-PUFA oméga-3 peuvent également interagir à différents stades de l'infection virale, notamment à l'entrée et à la réplication du virus. En l'absence de traitement démontré et en attendant la possibilité d'un vaccin, l'utilisation d'oméga-3 LC-AGPI mérite donc d'être envisagée, sur la base d'études cliniques antérieures suggérant que la supplémentation en oméga-3 pourrait améliorer les résultats cliniques des patients gravement malades au stade aigu. 

Ce qui revient, pour vous et moi, à consommer chaque jour une cuillerée à soupe d’huile de colza (dans la salade par exemple) et/ ou 1 cuillerée à café de graines de lin et ou de chénevis, et à consommer régulièrement, comme le recommande le PNNS (programme national nutrition santé) du poisson gras comme sardine à l’huile, maquereau, thon ou saumon, hareng… Choisir des aliments labellisés Bleu Blanc Coeur est aussi un bon réflexe, puisqu’ils ont bénéficié d’une alimentation avec des graines de lin pour les poule, le porc pour le jambon, etc.) Ce n’est donc pas compliqué du tout. Si cette simple précaution pouvait contribuer à avoir moins de cas graves, ce serait déjà un bon pas.

Je vous rappelle que les niveaux d'apport alimentaire en oméga-3 dans les pays occidentaux restent largement inférieurs aux recommandations actuelles, qui sont de 2 g par jour ! 


N’oublions pas non plus la vitamine D

Vous la connaissez pour son rôle indispensable dans la fixation du calcium dans les os et elle est prescrite aux sujets qui avancent en âge, aux très jeunes enfants et même aux femmes allaitant… 

Mais elle a plus d’un tour dans son sac-aux-talents : elle module le fonctionnement du système immunitaire par stimulation des macrophages et des cellules dendritiques. Elle joue un rôle dans la réponse inflammatoire cytokinique à l’origine du syndrome de détresse respiratoire aigu des formes sévères de Covid-19.

Or, on sait aussi que les Français ont des apports en vitamine D insatisfaisants. Certes, les rayons du soleil nous aident à la synthétiser à travers la peau, mais pas en automne et hiver… et les apports alimentaires restent insuffisants. 

Or, une récente étude montre une corrélation entre la mortalité par le Covid-19 et le faible taux de vitamine D.

Il y a donc plus de décès au nord qu’au Sud, même si en France, les produits laitiers au nord soient systématiquement enrichis en vitamine D. 

Curieusement, les pays du sud de l’Europe affichent un taux de carence en vitamine D malgré un ensoleillement plus élevé (sans doute se protègent-ils plus). Ceci expliquerait que les nourrissons qui reçoivent régulièrement de la vitamine D fassent des formes asymptomatiques de Covid-19 et moins de complications.

L’Académie nationale de Médecine a donc conseillé de dossier le taux de vitamine D des sujets âgés et le cas échéant, de les supplémenter, mais aussi d’apporter de la vitamine D aux sujets touchés par le virus.

Où trouver la vitamine D ?

Dans les poissons gras, le jaune d’oeuf, le beurre et les graisses animales. Le foie / les foies de toutes espèces y compris de morue. Ne vous supplémentez pas seul en vitamine D : elle est exclusivement prescrite car un excès peut être néfaste à la santé. Suivez les prescriptions de votre médecin.

Références :

(1) May omega-3 fatty acid dietary supplementation help reduce severe complications in Covid-19 patients?  Pierre Weill, Claire Plissonneau, Philippe Legrand, Vincent Rioux , Ronan Thibault  Biochimie  2020 Sep 10;S0300-9084(20)30209-1.

(2) Rapport de l’Académie nationale de médecine. Statut vitaminique, rôle extra osseux et besoins quotidiens en vitamine D. Bull Acad  Natle Med. 2012, 196, 1011.

(3) Laird E, Rhodes JM and Kenny RA. Vitamin D and inflammation : potential implications for severity of Covid-19. Irish med J, 2020, 113 : 81.

(4) McCartney DM, Byrne DG. Optimisation of vitamin D status impact mortality from SARS –CoV-2 infection Irish Med J .2020 113 : 58.

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