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Coronavirus : la drôle de guerre
©Mathieu CUGNOT / POOL / AFP

Lutte contre le Covid-19

Au fond, comme chef de guerre face au coronavirus, il manqua deux choses à Macron : que la pandémie fût une guerre et que Macron soit un chef.

Guillaume Bigot

Guillaume Bigot

Guillaume Bigot est membre des Orwéliens, essayiste, et est aussi le Directeur Général d'une grande école de commercel. Il est également chroniqueur sur C-News. Son huitième ouvrage,  La Populophobie, sort le 15 septembre 2020 aux éditions Plon.

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Monsieur le président, vous nous avez recommandé de pavoiser nos fenêtres et nos maisons pour célébrer la victoire du 8 mai 1945.

Vous sentez une colère immense monter dans le pays et vous cherchez à apaiser votre angoisse ou à flatter notre patriotisme.

Monsieur le président, soyez assuré, vous êtes la cible, non exclusive mais principale de la colère des Français mais soyez rassuré, c’est la colère froide d’un vieux peuple démocratique.

Nous,  les simples citoyens, les riens qui allons reprendre le chemin des gares pour aller travailler, nous ne saurions trop vous recommander de ne pas abuser de notre patience. Ne jouez plus avec nos nerfs de gaulois réfractaires : ne parlez plus jamais de nous comme de « votre » peuple !

Les Français ont justement coupé la tête de leur roi pour ne plus être le peuple de personne. Si vous voulez finir votre quinquennat, tâchez de ne pas l’oublier.

Relisez l’article 3 de la Constitution dont vous êtes le garant : la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Pendant un temps limité, vous n’êtes que le fondé d’un pouvoir que nous détenons collectivement.

Ce point étant précisé, revenons au patriotisme que vous cherchez à encourager.

Nous nous sommes aperçus que vous n’hésitiez jamais à convoquer les preuves de notre gloire passée pour impressionner vos hôtes. Nous savons aussi qu’à vos yeux, le patriotisme exprime une foi éteinte et relève d’un folklore surannée. Pour vous, la souveraineté doit être européenne. Vous nous l’avez encore rappelé récemment. Votre avenir, c’est l’Europe et plus la France. Le bon niveau de la décision, c’est Bruxelles et non Paris. L’échelle de la puissance doit être le vieux continent et pas l’Hexagone. Alors cessez, une fois de plus, de nous prendre pour des idiots avec votre « art de vivre à la française », ce pathétique gadget qu’un cabinet de com a dû vous vendre sur Power-Point.

Comme l’ont encore montré trois légionnaires qui sont tombés au Mali, nos soignants mais aussi les petits et des sans grade qui ont approvisionnés vos premiers de cordée, la France, c’est aussi le devoir d’exposer sa vie.

Monsieur le président, personne n’ira se faire trouer la peau pour votre zone euro, ni pour votre Commission de Bruxelles, ni pour vos fonds de pension.

Vous qui rêvez d’Europe, laquelle n’est qu’une singerie d’Amérique, sachez que le patriotisme français est d’autant plus exigeant qu’il est pudique.

Nous n’avons aucun besoin d’exhiber nos couleurs. Cet attachement viscéral et muet à une force collective qui nous meut et qui nous dépasse n’a nul besoin d’être démonstrative pour exister.

La France se reconnaît dans sa devise liberté, égalité et fraternité, non dans celle que vous essayez de lui substituer subrepticement : multiculturalisme, individualisme et profit.

Nous venons de célébrer l’anniversaire du 8 mai  et nous n’oublions pas qui était à Vichy et qui était à Londres ou dans le maquis. Qui faisaient des affaires avec les Allemands et qui faisaient sauter leur train. Qui cachaient les enfants juifs et qui les livraient. Nous respectons nos voisins d’outre-Rhin et nous les admirons d’avoir su changer en profondeur mais nous n’oublions rien. Notre destin ne sera jamais liée à celui d’un pays qui a commis l’irréparable. Jamais. Notre peuple a la mémoire longue monsieur le président.

Ce n’est pas la première fois qu’il a maille à partir avec des chefs indignes qui tentent de lui faire endosser leur incompétence.

Vous avez ignoré les alertes de notre ambassade à Pékin ainsi que celles de votre ministre de la santé que vous avez débarquée en pleine tourmente.

Vous avez détruit des masques. Vous avez créée artificiellement une pénurie en tentant de les réquisitionner. Votre administration s’est crue capable de les distribuer aux soignants et a révélé son caractère kafkaïen. Vous avez essayé de nous faire croire que le monde entier était en rupture de stock ou qu’ils ne servaient à rien avant de les rendre obligatoires.

Sans masque, sans test, prenant exemple sur une Chine totalitaire, vous avez ordonné un confinement strict de toute la population, sans distinguer entre la minorité pour qui cette maladie était potentiellement très grave et la majorité que vous avez assignés à résidence. Vous avez ordonné un confinement uniforme alors que le virus ne circulait pas sur tout le territoire. Confinement uniforme… ou presque si l’on se rappelle les consignes ahurissantes données par votre police aux préfets pour ne pas l’appliquer avec la même rigueur dans les quartiers populaires par peur de froisser les jeunes voyous ou, plus invraisemblable encore, par crainte de froisser les musulmans en plein Ramadan. Quel mépris pour nos compatriotes de foi musulmane ! Quelle incohérence, quelle lâcheté !

Vous avez empêché les Français de s’écarter d’un kilomètre de chez eux mais, par pure idéologie, vous vous êtes enorgueilli de ne pas avoir fermé les frontières avec l’Italie qui était pourtant frappée de plein fouet.

Pas un instant, vous n’avez parié sur le civisme des Français à qui il suffisait d’expliquer qu’il n’y avait pas suffisamment de masques.

Votre confinement total n’a pas empêché notre pays d’être dans le peloton de tête des nations les plus durement touchées par le coronavirus.

Il est trop tôt pour dresser un bilan exhaustif de cette pandémie aggravée par votre inconséquence mais cette infantilisation qui vous a servi de guide a déjà aggravé chez nous la monstrueuse crise économique qui va s’abattre.

Nous avons été l’un des pays les plus lents à confiner, nous serons l’un des derniers à relancer son activité. Nous subissons de plein fouet les effets de votre négligence avant la pandémie et nous devons encore subir ceux de votre peur des juges.

C’est vous monsieur le président qui avez comparé la pandémie à une guerre. Alors, filons la métaphore.

La ligne Maginot nous protégeait comme l’Union européenne et l’euro nous protègent. Nous avions la meilleure armée du monde, comme nous avons le système de santé le plus performant de la planète. En 1940, notre armée comptait 3 millions d’hommes bien équipés, bien entrainés et qui ont fait leur devoir. En 2020, nos médecins et nos infirmières exemplaires se sont également dévoués mais leurs chefs étaient tout aussi déplorables que ceux de la dernière guerre.

La défaite a été préparé par un an de drôle de guerre et d’inactivité où les chefs allaient… au théâtre pour montrer qu’ayant la meilleure armée du monde, nous n’avions peur de personne.  L’imprévoyance, l’attentisme mais aussi l’absolue mépris des chefs de 1940 pour l’intendance, notamment pour l’utilisation des moyens modernes de communication précipitera la débâcle.  En 1940, le généralissime Gamelin, dans son PC du château de Vincennes, refusait d’utiliser le téléphone. Votre application stop-Covid n’est pas prète de fonctionner et vous n’avez pas osé forcer les grands acteurs de l’internet à transmettre les données de leurs clients. Vous n’avez pas assez de tests et vous vous entêtez à tester les seuls malades symptomatiques alors que près d’une contamination sur deux est le fait de personnes asymptomatiques.

Avant-guerre, un colonel spécialiste des chars était convaincus que la guerre du futur serait d’offensive et de mouvement. À Paris, tout le monde ou presque lui a ri au nez. Quoi ? Gagner la guerre avec des chars ? C’est une infox. En attaquant ? Mais vous n’y pensez pas ! Laissez faire les sachants. Dans les ministères et à l’état-major, le futur général de Gaulle fut considéré comme un hurluberlu.

Ses théories seront mises en œuvre par les nazis avec la redoutable efficacité que l’on sait lors de la bataille de France.

Face à la pandémie, un professeur de médecine, spécialiste des virus, propose une thérapeutie. À Paris, les sachants lui rient au nez. Vos courtisans lui intiment l’ordre de se taire. Ignorée dans le pays où elle a été inventée, cette posologie est prescrite partout dans le monde.

Aujourd’hui comme hier, le conformisme qui pousse à respecter des procédures et qui voue un culte à des doctrines absurdes coûtent chers.

Aujourd’hui comme hier, un pouvoir étale son incompétence et les citoyens payent les conséquences de son inaptitude.

Aujourd’hui comme hier, des dirigeants iniques dénoncent l’incivisme et la légèreté des dirigés pour dissimuler les leurs. « Notre défaite est venue de nos relâchements » tonnait Philippe Pétain au lendemain de la débâcle. « Les Français ne sont pas assez disciplinés » répond votre Premier Ministre.

Ce n’est pas la première fois que les Français constatent, effarés, estomaqués qu’une classe dirigeante suffisante les prends de haut et cherchent à les accuser des maux aggravés par insuffisance.

Monsieur le président, en observant vos mensonges, vos approximations, vos palidonies pendant cette crise, nous sommes traversé par un frisson d’effroi : en cas de guerre, c’est hélas vous qui seriez à la tête de nos armées.

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