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Congé bénévolat : et si les membres du gouvernement prenaient plutôt un congé stage en entreprise pour se frotter aux contraintes qu’ils créent...
©Reuters

Bénévolement vôtre ?

Le gouvernement réfléchit à l'instauration d'un "congé bénévolat" qui permettrait à un salarié de partir jusqu'à six mois pour des missions caritatives. Encore une fois, l'enfer semble pavé des bonnes intentions de la gauche.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Quel pays formidable que la France ! On fait comme si… Comme si nous étions une des premières puissances mondiales, comme si nous n’avions aucun problème financier, comme si toutes les innovations sociales étaient à notre portée, comme si nous étions en période de plein emploi, comme si l’Etat Saint-Juste détenait la vérité vraie sur nos entreprises, comme si les emplois qu’il crée allaient résorber le chômage des jeunes…

La dernière trouvaille en date de la porte-parole du Gouvernement, Ministre aux fonctions diverses et variées, est le projet d’imposer un « congé-bénévolat » (à l’ordre du jour de la conférence sociale des 7 et 8 juillet prochains). L’effet d‘annonce fut particulièrement réussi en ce joli mois de Mai où les ponts et les jours fériés se succèdent allégrement (nous sommes dans le top 10 des jours chômés). Quelle belle idée, quel terme séduisant : qui peut être contre ? Prendre un congé dans son entreprise pour aller s’occuper de gens qui souffrent ou qui en ont besoin ? Cela répond forcément à l’inspiration des citoyens et il faut faciliter l’engagement des salariés ! On ne peut bien sûr que saluer cette initiative d’une Gauche modèle et altruiste, consciente en plus que le joug de l’entreprise pourrait empêcher les bonnes âmes de faire le bien autour d’elles.

De qui se moque-t-on ? Quelle schizophrénie anime le Gouvernement ? On veut créer de l’emploi par million, on veut résorber le chômage des jeunes, on veut réduire celui des séniors et en même temps, on encadre soigneusement les stages alors qu’il n’y en a pas assez à proposer à tous nos étudiants ; on augmente subrepticement le coût du travail en augmentant l'indemnité du stagiaire, on interdit le travail le dimanche et en soirée… et cerise sur le gâteau, on crée un nouveau « congé ». On n’avait rien eu de nouveau depuis le congé paternité (heureusement que nos salariés ont la tête sur les épaules).

L’enfer est pavé de bonnes intentions, les bonnes intentions sont pour le Gouvernement et l’enfer pour les entrepreneurs.

Entendons-nous bien, il ne s’agit en aucun cas de réfuter ou de nier le fait qu’on aimerait que les stagiaires soient mieux payés, qu’on puisse aller apprendre à lire aux enfants dans les banlieues ou soigner des petits en Afrique. Toutefois, soyons conscients qu’il s‘agit simplement de signaux faibles mais réguliers (ou moins faibles !) insinuant avec insistance qu’il faut moins travailler, que l’entreprise est un lieu qui opprime, qu’on doit à tout prix tenir en laisse les patrons exploiteurs, qui retiennent l’emploi dans leur escarcelle et monopolisent la vie de leurs salariés. Insupportable !

Et bien oui, une entreprise aujourd’hui qui n’ose pas recruter ou qui n’en a pas les moyens verra d’un très mauvais œil la demande d’un collaborateur pour un congé-bénévolat quelles qu’en soient les modalités.

Nous avons besoin que les gens travaillent, qu’ils aient envie de bosser, qu’ils s’impliquent dans l’entreprise plutôt qu’ailleurs, qu’ils soient enthousiastes, qu’ils aient envie de gagner et de faire gagner leur entreprise ; on les récompensera d’autant mieux, que ce qu’on leur versera ne nous coutera pas le double.

Ce congé-bénévolat, malgré tout le bien que l’on peut en penser, fait figure de provocation : « Et puis quoi encore ? »,  se demande-t-on. Qui n’a pas autour de soi des parents âgés, malades ou à l’hôpital ? Des enfants qui ont besoin d‘un soutien scolaire ? Qui n’a pas pitié des défavorisés pour voler à leurs secours ? Mais quel chef d’entreprise (à moins d’être une multinationale) peut envisager sereinement de voir s’absenter en ce moment, en pleine crise, un de ses employés pour six mois en s’engageant de le reprendre après comme si de rien n’était. Au fait, et le congé sabbatique, il a pris sa retraite anticipée ?

Pour assumer tout cela, il faut avant tout de la croissance.

Pour retrouver cette croissance, il faut li-bé-rer, libérer les énergies, libérer le temps de travail, arrêter la suspicion, revaloriser l’effort, donner de l’oxygène, arrêter de justifier des grèves mal venues ou des congés inconsidérés.

Au lieu de se réjouir d’un pseudo tournant, d’un pseudo Gouvernement qui aurait enfin compris que seule l’entreprise crée des richesses, tous les matins on se demande ce qui va encore nous tomber dessus. A quand un congé pour entrepreneurs à bout de souffle ?

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