Condamnations de Cambadélis ou Désir : le PS bénéficie-t-il d'un régime d'exception au sein de la "République exemplaire" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ex-ministre Laurent Wauquiez a évoqué samedi les anciennes condamnations des deux prétendants au poste de premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis et Harlem Désir, rappelant que François Hollande s'était engagé à ne pas avoir dans son entour
L'ex-ministre Laurent Wauquiez a évoqué samedi les anciennes condamnations des deux prétendants au poste de premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis et Harlem Désir, rappelant que François Hollande s'était engagé à ne pas avoir dans son entour
©Reuters

Mystère mystère

Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis ont chacun un passé judiciaire remontant à des affaires anciennes. Le premier a écopé en 1998 de 18 mois de prison avec sursis pour "recel d'abus de confiance". Le second a été condamné à deux reprises dans des affaires d'emplois fictifs (5 mois de sursis en 2000 et 6 mois de sursis en 2006).

Benjamin Dormann

Benjamin Dormann

Benjamin Dormann a été journaliste dans la presse financière et trésorier d'un parti politique. Depuis 18 ans, il est associé d'un cabinet de consultants indépendants, spécialisé en gestion de risques et en crédit aux entreprises. Il est executive chairman d'une structure active dans 38 pays à travers le monde. Il est l'auteur d’une enquête très documentée : Ils ont acheté la presse, nouvelle édition enrichie sortie le 13 janvier 2015, éditions Jean Picollec.

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La veille de la décision par Martine du nom du nouveau Premier secrétaire du PS, au terme d’un processus d’une transparence qui est une nouvelle honte pour les militants et sympathisants du PS, la presse semble se réveiller sur le lourd passé judiciaire des deux candidats finalistes (pourquoi eux deux finalistes, et pas les autres ? "le fait de la princesse") Du Monde à Ouest-France, on voit enfin apparaitre ces nécessaires piqûres de rappel, quelques heures avant que l’intéressée veuille bien qui du Bourbon ou de l’Orléanais socialiste héritera de sa couronne.

Et oui, Harlem Désir, Premier secrétaire par intérim pendant les primaires de la présidentielle, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour avoir perçu de l’argent indument par la biais d’un emploi fictif, sans parler de l’amnistie fiscale dont le fit bénéficier François Mitterrand en le dispensant de régler des dizaines de milliers de francs de PV de stationnement, dressés par de naïfs fonctionnaires de police ayant omis une règle de base du pouvoir socialiste "touche pas à mes potes".  

De son côté, Jean-Christophe Cambadélis fut pour sa part condamné une première fois à cinq mois de prison avec sursis pour recel d’abus de biens sociaux, puis une seconde fois, dans une autre affaire, à six mois de prison avec sursis pour recel d’abus de confiance. Des délits commis "tout à fait secondaires et tout à fait privésdes faits assez minimes" selon l’intéressé lui-même. Voilà qui en dit long sur le curseur de sa morale individuelle et la tranquillité que lui laisse l’absence de peines d’inéligibilité prononcées à cette occasion en France.

Mais quel journal a soulevé ce problème d’honnêteté quand Harlem Désir a remplacé Martine Aubry une première fois par intérim à la tête du PS ? Quel journal, à part Médiapart, a publié le document sur les multiples tricheries du vote ayant entaché l’élection de Martine Aubry à la tête du PS en 2008, qui devrait discréditer complètement le processus de désignation en cours ? Qui a enquêté sur ce que Camba, principal "lieutenant" de Dominique Strauss-Kahn, savait da la vraie personnalité de son candidat, dont il disait "lucidement" huit jours avant l’arrestation de ce dernier à New-York : "DSK a un rapport laïc avec l'argent", avant de commenter quelques jours plus tard : "Nous ne pouvons pas croire à sa culpabilité. Il sera bientôt au milieu de nous". Comme il se doit, tous ces sujets ont été soigneusement passés sous silence ces dernières années. Il est vrai que la grande majorité des journalistes avait avant tout en tête de ne pas faire d’ombre au candidat du PS qui les débarrasserait enfin de Sarkozy à la prochaine présidentielle.

En attendant, rappelons pour mémoire que, lors du congrès de Reims eu 2008 durant lequel Martine Aubry accéda au poste de Premier secrétaire, Harlem Désir avait soutenu au premier tour la motion Delanoë-Hollande, tandis que Cambadélis avait sagement rejoint la motion Aubry, et non pas celle d’Hollande dont il avait pourtant affirmé auparavant : "DSK c’est François Hollande en mieux… Il est sur la même ligne que DSK, il porte le même projet". La preuve que les projets passent bien après les inimitiés et les rapports de force au sein du parti, à la grande désolation de bien des militants.

Face à ce panier de crabes en pleine ébullition, il ne reste à ces militants désabusés et non consultés qu’à attendre sagement de voir apparaitre la fumée rose. Ils voteront plus tard pour soi-disant valider ce choix, lors d’une traditionnelle parodie de parodie démocratique dont le parti a le secret. Mais tout aura été décidé aujourd’hui par une femme seule, décision fruit d’un subtil mélange de stratégie personnelle et de comptes à régler, dans lequel les lourds passés judiciaires des candidats n’auront aucune importance. Bienvenu au pays de la FRA-TER-NI-TE, comme dirait Ségolène.

On connaitra donc dans quelques heures le nom de l’heureux gagnant, le nom du nouveau taulier du PS, pour ne pas dire du nouveau taulard, avec sursis, comme d’habitude.

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