Comptes de l'UMP : dégoût, incompréhension, colère, le récit d'un bureau politique sous haute tension<!-- --> | Atlantico.fr
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Le bureau politique de l'UMP s'est déroulé sous haute tension.
Le bureau politique de l'UMP s'est déroulé sous haute tension.
©Reuters

Ambiance...

L'audit de l'UMP qui a été dévoilé lors d'un bureau politique mardi 8 juillet révèle de nombreux avantages accordés à ses cadres et une dette de 79,1 millions d'euros à la fin de décembre 2013.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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La retenue n'est plus de mise à l'UMP, où l'on découvre chaque jour de nouvelles turpitudes de la gestion passée. Hier,  mardi 8 juillet, devait être la journée de la publication des audits, celui du groupe parlementaire de l'Assemblée ( confié au président de la commission des finances Gilles Carrez entouré de deux collègues, Jean-François Lamour et Emmanuel Blanc), et celui du parti, confié à un cabinet spécialisé. Vous avez dit audits ? Le terme n'est pas approprié, puisque dans l'un et l'autre cas, on n'a livré que des analyses de la situation, avec des chiffres qui donnent tout de même le tournis à ceux qui "soulèvent le tapis ". Ainsi le parti de la rue de Vaugirard fait-il face à un déficit variant entre 79,1 et 74,8 millions d'euros selon que l'on inclut ou non un "prêt bridge", tandis que le groupe parlementaire, lui, n'est pas déficitaire, mais ses comptes ( que personne n'avait réclamés jusqu'à ce qu'éclate l'affaire Bygmalion ) posent question, notamment à propos des marchés passés avec Bygmalion. Leur mise à jour a provoqué la stupéfaction et la colère de la plupart des élus, qui ont découvert que la société de Bastien Millot percevait chaque mois 17 000 euros pour préparer un bilan de mi-mandat de 150 députés, qui n'étaient au courant de rien et n'avaient formulé aucune demande en ce sens. Mardi 8 juillet au matin, c'est un Christian Jacob embarrassé qui a dû s'en expliquer face au groupe dont le député maire de Nice Christian Estrosi est apparu le plus remonté. 

Mais c'est avant tout le bureau politique de l'UMP de la soirée que tout le monde attendait : l'aridité des chiffres et les préconisations nuancées des "auditeurs" se prononçant pour "un pilotage resserré des dépenses du parti" a été illustré par les nouvelles révélations du Canard Enchaîné sur les factures de téléphone et frais de transports de Rachida Dati pris en charge par l'UMP, sans que l'on sache pourquoi.

Les débats étaient menés par Alain Juppé. Le maire de Bordeaux, lui-même ancien président du parti, a déclaré à l'assistance qu'il avait été tenté de jeter l'éponge et de quitter le triumvirat tant il avait été choqué ces dernières semaines par "la haine que se vouent les uns et les autres clans dans le parti". Finalement, il y a renoncé pour tenter "de remettre le parti en selle" alors que certains responsables parlent de "situation mortifère". Les participants ( dont beaucoup sont partis avant la fin de la réunion parce qu'ils en "avaient marre" d'entendre tout ça ) ont appris qu'une dizaine de salariés avaient déjà été licenciées. Geoffroy Didier, dont le montant du salaire ( confortable ), a été jeté en pâture, n'en fait pas partie : il est officiellement le collaborateur de Brice Hortefeux. Jean-François Copé, qui assistait à la réunion, est intervenu et "était dans le déni total", aux dires des participants. Jean-François Copé, qui subit les foudres de Nicolas Sarkozy, à qui l'on prête l'affirmation suivante "Copé m'a volé", phrase qu'il faut interpréter de la manière suivante : certes les comptes de campagne de 2012 ont dépassé le plafond, mais de loin pas dans les proportions révélées par les dérives des sommes versées par le parti à Bygmalion. Aujourd'hui, certains parlent carrément de "pillage" de l'UMP. Les députés Étienne Blanc et Pierre Morel-A-L'Huissier qui les premiers ont déposé plainte contre X avec constitution de partie civile ( "au nom des militants qui veulent savoir ce qui s'est passé" ), ont déjà été rejoints par d'autres collègues qui se sont associés à leur démarche .

Tous ne sont pas sur cette ligne : ils considèrent qu'avec la quantité de pièces saisies, tout est déjà entre les mains de la Justice, et, affirment-ils, sûrs d'eux, "il n'y aura pas de simples mises en examen".

Alors, comment envisagent-ils l'avenir, alors que Xavier Bertrand parle de "construire un nouveau parti" et que Christian Estrosi affirmait dimanche que "l'UMP est morte" ? Pas si simple, car dans une entreprise, celui qui fait faillite est interdit de gestion pendant un temps. Quid d'un parti politique ? Les juristes planchent sur la question, ce qui n'empêche pas les uns et les autres de penser au futur. Partir, rester ? Un dilemme pour ceux qui notent que, même si "la moitié des députés ont envie de vomir, l'UMP reste une marque porteuse pour les élections".  Avec ou sans Nicolas Sarkozy ? Difficile pour l'heure de compter ceux "qui sont prêts à faire avec" et ceux qui préféreraient faire scission pour "faire un truc nouveau avec une nouvelle génération". Ils ont ( en principe ) tout l'été pour mûrir leur réflexion.

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