Comptabilité de l'UMP : le mystère de la chambre jaune<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Comptabilité de l'UMP : le mystère de la chambre jaune
©Reuters

Quand le compte n'y est pas...

L'avocat de la société de communication Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, a reconnu l'existence de surfacturations, voire de fausses factures réalisées par l'entreprise "à la demande de l'UMP" pendant la campagne présidentielle de 2012 du candidat Nicolas Sarkozy.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

Voir la bio »

Tout le monde s’interroge sur les 20 millions qu’aurait surfacturés la société Bygmalion à l’UMP dans ce qui devient "l’affaire Copé". Les imbroglios de facturation pour le financement des partis politiques ont fini par dégoûter les électeurs de tous bords au point que, maintenant, lorsqu’il n’y a pas eu "enrichissement personnel", on trouve déjà cela très bien ! Ceux qui nous donnent des leçons à longueur de journée n'observent absolument pas les mêmes règles pour eux-mêmes.

Dans le cas présent, il y a un mystère que personne n’évoque et qui interpelle tous les chefs d’entreprise "normaux".

Il semblerait en effet acquis qu’il y ait eu des évènements plus ou moins fantomatiques qui auraient généré des facturations en tous genres d'un prestataire extérieur. Une surfacturation qui, si elle est avérée, aurait échappé à pratiquement tout le monde ; et c’est là que la stupéfaction des chefs d’entreprises atteint son paroxysme… Dans toute structure de droit privé, la décision d’engager un budget obéit à des processus bien définis et nécessite expertise des devis et signatures autorisées, tout le monde sait cela et c’est le cas aussi bien dans une boite de 5 personnes que dans une multinationale. Sans compter, et les fournisseurs sont là pour en témoigner, que les prix se négocient à la baisse de façon drastique et depuis longtemps ! On reste donc littéralement stupéfait du rapport à l’argent de ceux qui prétendent gérer entre autres les finances de la France, chez eux on ne compte pas ou très mal d’évidence, on ne regarde pas à la dépense, et c’est le moins que l’on puisse dire l’argent n’a pas de valeur puisque personne ne l’a "gagné". C’est ce constat qui est presque aussi scandaleux que les pseudos détournements dont nous commençons hélas à avoir l’habitude. Personne n’est responsable donc coupable, on trouvera à la limite des victimes expiatoires qui pour la sauvegarde républicaine de leur parti seront désignées d’office comme bouc-émissaire. Les autres ? Pas vus, pas pris !

Tout chef d’entreprise sait qu’il est quasi impossible de "sortir de l’argent" de son entreprise sans un motif fondé et personne ne semble s’intéresser à cette autre problématiqe que constitue la comptabilité de Bygmalion supposé complice.

Si cette société a effectivement surfacturé l’organisation d’évènements avec les encouragements d’un parti politique, qu’a-t-elle fait l’argent ? Est-il resté dans l’entreprise ? Mais alors, quel intérêt pour un parti politique d’accepter des surfacturations ? Le vrai sujet consiste à déterminer à qui profite le crime. Et pour le savoir, rien de plus facile en cherchant comment sortent ces sommes. Car le vrai coupable est avant tout celui qui va en bénéficier… Ce n’est pas seulement la société Bygmalion qui engrange une enviable trésorerie. Ce n’est pas le patron qui mènerait un train de vie fastueux grâce à de généreux donateurs. Et si l’argent sort pour être reversé, comment est-ce possible ? Est-ce par seul désintéressement républicain qu’il surfacture à ses risques et périls ou bien profite-t-il d'un client pigeon ? Si c'est le cas, pas de problème, on a le droit d'avoir de clients benêts !

Lorsqu’on est un chef d’entreprise pragmatique, on retourne le problème dans tous les sens avec curiosité ; décidément nous ne vivons pas dans le même univers professionnel. La comptabilité est incontournable, les contrôles sont fréquents, les risques énormes et chaque patron sait qu’il est quasi impossible "de sortir" de l’argent de son entreprise ; l’abus de bien social commence au stylo feutre de marque ! Où sont donc passés des montants surfacturés de cette ampleur ? Les sommes sont-elles déjà sorties de l’entreprise ? Comment ?

La véritable interrogation et la réponse se trouvent dans la comptabilité de Bygmalion. Le mécanisme possiblement utilisé semble surréaliste dans une période où la surveillance des entreprises ne permet pas le moindre écart. Les entrepreneurs sont pieds et poings liés, contrôlés sans cesse avec une méfiance dont ils se plaignent. La comptabilité est une science exacte et les sociétés de cette importance ont un ou deux commissaires aux comptes chargés de certifier leurs comptes et de révéler au procureur de la République les faits délictueux qu’ils relèvent au cours de leurs missions.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !