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La question des impôts continue de diviser en France...
La question des impôts continue de diviser en France...
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France/Allemagne

La Conférence nationale de l'Industrie devait rendre ce lundi ses conclusions autour du rapport sur la différence de compétitivité entre la France et l'Allemagne. Et s'il ne fallait pas tout simplement baisser l'impôt sur les sociétés...

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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La compétitivité de la France comparée à celle de l’Allemagne est un des sujets du moment. Le débat a été relancé cet hiver par un rapport de Rexecode dont on a voulu ignorer les conclusions dérangeantes pour se focaliser sur un problème de statistiques. Quelles que soient les querelles de chiffres, il est une évidence que nul ne peut nier : l’Allemagne dégage un excédent extérieur et la France un déficit.

Un problème irréductible à la simple hausse des salaires

En France, une certaine mode qui se veut keynésienne consiste à dénoncer non pas le déficit français mais l’excédent allemand. Les Allemands travailleraient trop et ne consommeraient pas assez. Les problèmes de l’économie européenne trouveraient leur solution dans une hausse des salaires en Allemagne, hausse d’autant plus légitime que les salaires y auraient été systématiquement comprimés depuis quinze ans. Si tel était bien la solution à tous nos maux, on ne voit pas pourquoi cette hausse n’aurait pas lieu : la population allemande serait contente et cesserait de faire perdre les élections locales à son gouvernement ; les pays européens de nouveau en situation d’équilibrer leurs comptes extérieurs et de retrouver une croissance dynamique seraient reconnaissants à l’Allemagne...

Si cela ne se produit pas, c’est que la situation est plus complexe. Pour rétablir sa compétitivité, un pays a trois solutions :
- dévaluer sa monnaie ;
- réduire les coûts ;
- augmenter sa productivité.

Impossible dévaluation

La dévaluation a ses nostalgiques d’autant qu’elle se rapproche des thèses des accusateurs de l’Allemagne : par une dévaluation française vis-à-vis de la devise allemande, l’Allemagne accroîtrait son pouvoir d’achat, ce pouvoir d’achat que la discipline salariale qui y règne contient indûment. Mais voilà : l’Euro nous empêche de dévaluer. Qu’on se le dise, pourtant : c’est une bonne chose ! La dévaluation signifie en effet une perte de pouvoir d’achat de la population et singulièrement de sa partie la plus pauvre. Elle signifie une hausse du prix des importations et nombre de produits de consommation courante sont désormais importés. On peut être surpris à ce propos que les dévaluateurs les plus frénétiques soient, sur l’échiquier politique, l’extrême droite et l’extrême gauche, qui ne cessent de se réclamer des intérêts du vrai peuple contre les dogmes des élites !

De la nécessité de baisser l'impôt des sociétés

La réduction des coûts est indispensable en France ; mais si on regarde bien, elle passe moins par la déflation salariale que par la réduction des coûts indirects que subissent les entreprises. La grande différence entre la France et l’Allemagne est le poids des dépenses publiques dans le PIB. Il est de 46 % en Allemagne et 56 % en France. Le coût le plus évident à réduire en France est celui du secteur public.

Mais la vraie solution c’est d’accroître la productivité. Pour se faire, il est de bon ton de clamer qu’il faut augmenter - encore ! - les dépenses publiques d’éducation pour rendre la population plus efficace. Tandis que dans le monde entier, des jeunes chômeurs sur-diplômés expriment leur légitime frustration en occupant les places des grandes villes, rien ne semble arrêter le fantasme éducatif... La bonne façon d’améliorer la productivité, c’est de donner les moyens financiers aux entreprises de faire de l’innovation, en baissant leurs impôts. Si l’Irlande s’accroche à un taux de 12,5% d’impôt sur les sociétés, c’est que ce taux est un élément essentiel de sa compétitivité et donc de sa croissance.

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