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Commandos marine : l'excellence et le sang-froid des nageurs de combat
©Thomas COEX / AFP

Bonnes feuilles

Manuelle Calmat publie "Commandos Marine: Au coeur des tempêtes" aux éditions du Rocher. Ils agissent dans l'ombre, sur les terrains les plus hostiles, se glissent dans la nuit et frappent là où personne ne les attend. Extrait 2/2.

Manuelle Calmat

Manuelle Calmat

Manuelle Calmat est journaliste à Europe 1. Elle a également signé de nombreuses fictions radiophoniques pour France Inter. Elle a publié en 2009 GIGN, les experts du danger, chez Robert Laffont.

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Un Panther vient de se poser sur le pont du Ventôse au-delà des douze milles nautiques, au large de l’île de Curaçao. Un groupe de six hommes sort lourdement chargé de l’hélicoptère. Des caisses de munitions, des sacs, du matériel… Robin sort le premier, suivi de Tom, le Bidou – c’est comme ça qu’on appelle le plus jeune de la bande –, Ari, le nageur-palmeur d’Hubert, et son binôme Kim, Nicolas et Eddy, deux tireurs de haute précision de Penfentenyo. Elliot, l’infirmier de Trépel, Carlos et Luka, les CTLO (Contre-terrorisme libération d’otage. Gro  upe spécialisé dans chaque unité Commando, sauf aux Commandos Kieffer et Ponchardier) de Jaubert, Ronan, chef de raid ECUME (L’Embarcation commando à usage multiple embarquable est une embarcation semi-rigide utilisée par la Marine nationale française fabriquée par Zodiac Milpro), et Geoffroy le pilote de Ponchardier, ainsi qu’un trio de Kieffer composé de Boris, le droniste, ancien de Monfort, Merlin, le spécialiste en explosifs, Max et son chien Lucky, ont été déposés à bord de la frégate par des rotations précédentes.

— Bienvenue à bord, Capitaine. 

— Merci, Commandant. 

— Ah, mais je reconnais quelques têtes de nageurs ! constate Brice Ollier, le commandant de la Frégate. 

— Oui ! On prend les mêmes et on recommence. Notre reconnaissance de plage il y a deux ans n’aura pas servi à rien, acquiesce Ari, tout heureux de se retrouver à nouveau sous ces latitudes.

Avec Kim, ils ont déjà passé du temps au large de la Colombie et ses plages du Nord. Ils appartiennent au groupe de reconnaissance qui repère et répertorie toutes les zones côtières en vue de futures opérations sensibles. Ari se voit déjà nager au milieu du banc de dauphins venus les saluer à leur arrivée. Il revit, se reconnecte avec ce qu’il y a de plus précieux pour lui, la flore et la faune sous-marines. Et même si la phase « reconnaissance » est tout aussi délicate qu’une infiltration, il aime ces longues heures d’attente et d’observation pendant lesquelles il ne se passe rien. Avec Kim, ils sont devenus inséparables, et ça tombe bien, car une plongée, « ça se fait collé-serré », comme il le rappelle systématiquement aux candidats au cours nageur. 

 « À l’instant T, il faut zéro doute… » La plongée est tellement technique et contraignante qu’elle ne peut fonctionner que sur des automatismes. Il faut faire abstraction du froid, du trop chaud, de la nuit, du stress, et parfois de l’ennui. Maintenir un cap au compas magnétique, sans dépasser les sept mètres. Pas de repère à part les récifs. Sabotage, renseignement, interpellation et évacuation sont la finalité de leur mission. Ils se connaissent parfaitement avec leur binôme, ne font qu’un et respirent à l’unisson. Sous l’eau, il n’y a aucune place pour l’approximation. L’erreur peut être fatale. Ils traquent la routine. Ari vient de fêter ses 35 ans et une bonne décennie au Commando Hubert à quelques brasses de Saint-Mandrier, dans la région de Toulon. Il a trouvé là-bas tout ce dont il rêvait. À Tahiti où il a grandi, il n’avait jamais entendu parler des nageurs de combats. « C’est quoi, ces bêtes-là ? » lui a demandé son père. Petit, lorsqu’on lui demandait ce qu’il voulait faire plus tard, il répondait : « Je veux nager et arrêter des méchants. » Son père lui disait que ce métier n’existait pas, qu’il pouvait être sauveteur, pêcheur, aventurier et même apnéiste, mais que faire la guerre en masque et en tuba, ça ne collait pas. Alors, chaque soir, il s’inventait un rôle dans des missions périlleuses. Il devenait le « Justicier palmé ». Jusqu’à ce qu’on lui parle des « Nageurs de Combat » et du Commando Hubert. Il s’est engagé sans hésiter. Mais avant cela, direction la Bretagne et le GROUCO comme les commandos aiment encore désigner leur base à Lorient. Un autre monde, celui du froid et du gros grain. Il a passé quatre ans à Trépel comme opérateur, avant de rejoindre l’unité d’élite de ses rêves à côté de la rade varoise. Il a renoncé au sable blanc, aux cocotiers et à l’eau à 26 °C. Dès les premiers tests, on a décelé chez lui une aisance sous-marine hors norme et une adaptation à la plongée sous contrainte et en situation de stress. Pour les nageurs, il s’agit de ne pas respirer tout à fait comme les autres et de supporter l’oxygène pur.

Depuis, Ari fait « la guerre sans tuba » et le monde du silence lui appartient.

À peine arrivé, Robin prend le pouls de l’équipage. « Quand tu embarques sur un bâtiment, la première chose à faire, c’est la tournée des popotes », confie-t-il à son poulain dont c’est la première mission. Celui-ci n’évalue pas concrètement ce que les Commandos représentent au sein de la Marine. Et la position à part qu’ils occupent, et au cœur d’un dispositif plus large. Par expérience, le lieutenant de vaisseau sait que ce moment va sceller l’appartenance de Tom au groupe. Lui permettre de s’affirmer, sans s’imposer. Ils vont naviguer pendant six semaines aux côtés des autres marins et apporter à l’édifice de la lutte contre les stups, une contribution marquante et indispensable. Robin sait qu’une bonne préparation à la mission garantit son succès. En bon officier de marine, il sait que l’entente avec les chefs de quart, les boscos, les pilotes d’hélico et les autres membres de l’équipage, ne peut que renforcer les chances de réussite. Du mécano au timonier, ils vont être nécessairement un peu jaugés, mais surtout sollicités par tous.

Extrait du livre de Manuelle Calmat, "Commandos Marine : Au coeur des tempêtes", aux éditions du Rocher.

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