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Chirac, ce "consommateur" boulimique de femmes, sauf une, qu'il n'a pas voulu posséder : Simone Veil
©Reuters

Bonnes feuilles

Percer le mystère de Jacques Chirac, c'est suivre une destination incertaine. Il serait un être paradoxal, autoritaire et tolérant, généreux et indifférent aux autres, un enfant gâté de la République à qui tout semble avoir réussi. Énarque et grand bourgeois, il est, en vérité, profondément humain, rustique, simple. Cet être tourmenté aurait passé son existence à protéger ses jardins secrets. Extrait de "Président, la nuit vient de tomber" d'Arnaud Ardoin, aux Editions du cherche-midi (2/2).

Arnaud Ardoin

Arnaud Ardoin

Journaliste reporter de télévision sur la Chaîne Parlementaire Assemblée Nationale (LCP-AN), Arnaud Ardoin anime et coordonne l’émission quotidienne « Ça vous regarde » traitant de tous les sujets de société. Après être passé par France 2, France 3, M6, il a aussi réalisé plusieurs documentaires et magazines TV.

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Un rai de lumière vient irradier une photographie posée sur la cheminée du bureau du président. Une petite photo en noir et blanc sertie d’un cadre argenté, gris pâle. Côte à côte, Jacques Chirac et Simone Veil, la seule femme à avoir rejoint son panthéon, dans son bureaumusée. Il lui a toujours voué une indéfectible admiration, ce qui d’ailleurs transparaît sur ce cliché. Pendant la campagne de 1995, elle a rejoint le camp des balladuriens et n’a pas toujours eu des mots aimables à son endroit. Qu’importe… Il lui a pardonné. Pourquoi cette photo et pas une autre, piochée parmi les milliers d’images qui ont été faites de lui? Jacques Chirac doit être Premier ministre, il a les cheveux gominés et dévoile son profil carnassier. Simone Veil doit être ministre de la Santé. Ils sont tous les deux très beaux, en pleine force de l’âge. Le cadrage confère une disproportion aux personnages. Jacques Chirac semble se redresser vers elle, la dominant physiquement, alors que Simone Veil, le chignon impeccable, au contraire, donne l’impression de se replier sur elle-même, comme écrasée par l’instant.

Cette photo a été prise dans les salons de Matignon, on y reconnaît les portes-fenêtres entrebâillées qui ouvrent sur une pelouse taillée au cordeau. Nous sommes en 1975, l’année où la ministre de la Santé, avec le soutien appuyé de son Premier ministre, réussit à faire passer la première loi sur l’IVG. Dans la nuit du 28 au 29 novembre 1974, vers trois heures du matin, le Premier ministre est venu dans l’hémicycle dépeuplé pour faire basculer une partie de sa majorité en faveur de la loi sur l’avortement. Une révolution. Sur cette photo, Jacques Chirac se penche vers elle et semble lui dire avec une pointe de fierté : «Nous avons gagné, ma Poussinette.»

«Poussinette », c’est le surnom qu’il lui avait donné, à celle qui allait changer la destinée de millions de femmes. Simone Veil, une femme qu’il admire pour son caractère, sa douceur et son courage. Une femme revenue de l’enfer. Elle fut l’une des rares rescapés du camp d’Auschwitz-Birkenau. Sur le cliché, on dirait que Jacques Chirac veille sur elle comme un grand frère, parce que Simone Veil ne fait pas partie de celles qu’il a voulu posséder. Elle est comme une icône nimbée d’une pureté ressourçante.

Les «autres», toutes les autres, ne sont qu’une longue liste de corps, de mains, de jupes retroussées, de moments volés à l’agenda, d’étreintes consommées à la va-vite comme on dévore un sandwich avant une réunion. On le baptise «cinq minutes douche comprise », parfois trois, parfois dix, l’expression est presque entrée dans le langage courant. «Lorsqu’il avait un rendez-vous avec une femme, c’était à la minute près. Nous le déposions, il nous donnait un horaire en sortant de la voiture et il revenait à l’horaire exact, il ne fallait surtout pas être en retard1.» Des femmes qu’il chevauche, sans plus de préliminaires, parce que le temps presse, parce que la quantité a pris l’ascendant sur la qualité. « Je me souviens d’un voyage à La Réunion, au début de son septennat. Une femme l’aborde et lui demande une dédicace sur l’un de ses livres qu’elle tient à la main. Le président s’approche et lui dit, avec un culot incroyable : “Montez dans ma chambre si vous voulez ?” Et la femme de suivre Jacques Chirac, tout sourire.» Les anecdotes se succèdent, les témoignages plus ou moins vrais le voient courir, à l’heure du laitier, dans un couloir sombre d’un immeuble du quartier Montparnasse pour rejoindre une femme qui le guette derrière la porte. Un autre jour, on l’aperçoit rue de la Convention dans les bras d’une autre, à qui il rend visite chaque semaine. Il utilise aussi régulièrement une garçonnière dans l’immeuble du 241, boulevard Saint-Germain (dont le premier étage abrite le siège départemental du RPR) pour satisfaire ses plaisirs avec une collaboratrice du RPR ou une jeune ambitieuse qui cherche la chaleur fugace du pouvoir.

Extrait de "Président, la nuit vient de tomber" d'Arnaud Ardoin, aux Editions du cherche-midi (date de parution : 5 octobre 2017)

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