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La Chine à l'origine 
de la crise des dettes occidentales ?
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Choc des devises

La crise conjointe des finances publiques des pays occidentaux est dûe, selon Antoine Brunet, à la stratégie de déstabilisation de la Chine à travers sa politique de change non coopérative depuis 1989 comme à travers son appartenance à l’OMC obtenue en 2001. La solution à la crise actuelle des finances publiques occidentales imposerait une levée de boucliers mondiale contre la politique du yuan manipulé et sous-évalué.

Antoine Brunet

Antoine Brunet

Antoine Brunet est économiste et président d’AB Marchés.

Il est l'auteur de La visée hégémonique de la Chine (avec Jean-Paul Guichard, L’Harmattan, 2011).

 

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Cet article s’inscrit en faux contre des affirmations trop lénifiantes : la Grèce n’est pas le seul pays occidental dont les finances publiques se sont fortement détériorées, c’est aussi le cas de la plupart des pays occidentaux. Il y a en réalité crise conjointe des finances publiques des pays occidentaux. Et cette crise conjointe renvoie principalement à un facteur commun : la stratégie de déstabilisation des pays occidentaux que mène la Chine à travers la politique de change anti-coopérative qu’elle maintient depuis 1989 et à travers l’appartenance à l’OMC qu’elle a obtenue en 2001. La solution à la crise actuelle des finances publiques occidentales rend plus que jamais indispensable une levée de boucliers mondiale contre la politique du yuan manipulé et sous-évalué.

Mi-2009, les optimistes professionnels répétaient que la crise des pays occidentaux qui avait éclaté mi-2007 était achevée. En réalité, si mi-2009, les pays occidentaux sont bien sortis de la récession, ils ne sont alors pas pour autant sortis de la crise. Dès octobre 2009, la crise rebondissait à travers une crise de la dette publique. Celle-ci s’est manifestée en Grèce d’abord puis en Irlande et au Portugal, et menace maintenant l’Italie et l’Espagne et par ailleurs aussi les Etats-Unis… Les pays occidentaux entament donc en réalité leur cinquième année consécutive de crise…

Santé insolente de la Chine, impuissance de l'Occident


Et cela contraste cruellement avec la santé insolente de la Chine : 33 années consécutives sans la moindre récession, une croissance du PIB à 10% l’an depuis 20 ans, un taux de chômage qui ne cesse de reculer, des réserves de change qui atteignent 4.500 Mds $....

A la base de ce contraste, il y a l’énorme sous-évaluation du yuan. Grâce à un contrôle des changes draconien qui n’est accessible qu’aux Etats totalitaires, le yuan est maintenu par la Chine à 0,15$ et à 0,11€ quand, selon le FMI et l’ONU, il devrait valoir 0,25$ et 0,21€ ! Or, depuis que la Chine est entrée à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en 2001, les pays occidentaux, en demeurant membres de l’OMC, se voient privés de toute capacité de rétorsion douanière contre la Chine et sa politique de change.

Une récession inéluctable... dès 2001 !

Il en a résulté deux mouvements symétriques : la désindustrialisation des pays occidentaux et une industrialisation de la Chine à très grande vitesse. Au détriment des pays occidentaux, les entreprises basées en Chine s’emparent de parts croissantes du marché mondial dans tous les secteurs. Quant aux investissements productifs des multinationales occidentales, ils viennent se concentrer fortement sur le territoire chinois parce que la main d’œuvre y est de très loin la moins chère au monde. Ce qui, ultérieurement, renforcera encore les parts du marché mondial qui seront captées par les entreprises basées en Chine…

Dans ce contexte, le processus de croissance des pays occidentaux s’est enrayé significativement depuis 2001. Pour avoir renoncé à « casser » la politique de change de la Chine, les dirigeants occidentaux, à partir de fin 2001, ont vu leur commerce extérieur global devenir fortement déficitaire et le montant de l’investissement des entreprises ralentir fortement sur leur territoire.

Au total, les économies occidentales avaient donc vocation à tomber en récession prolongée dès 2002/2003. Mais, à deux reprises, les mêmes dirigeants occidentaux qui prêchaient à tort une patience renouvelée à l’égard de la Chine et du yuan, ont prétendu avoir découvert une parade qui permettait selon eux d’assurer une croissance honorable et durable des économies occidentales en dépit des dégâts colossaux que leur infligeait la politique du yuan. Tout d'abord la dynamisation de leurs économies par l'immobilier et l'envolée de ses prix, ensuite par une dynamisation par la relance. Sans que le résultat change : la politique de change chinoise entretient la crise occidentale.

(Demain : comment les parades organisées par les Occidentaux face à la politique chinoise se sont révélées inefficaces.)

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