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Quand un inoffensif félin peut provoquer des troubles du comportement.
Quand un inoffensif félin peut provoquer des troubles du comportement.
©Flickr / Stéfan

MiaouHHHH

Les études d’un biologiste tchèque, Jaroslav Flegr, montreraient qu’un parasite de la toxoplasmose, qui peut se trouver dans les excréments de chat, pourrait avoir des effets beaucoup plus grave sur l’homme que ceux jusqu’ici soupçonnés. Perte de confiance en soi, comportement incontrôlable, si ce n’est schizophrénie, voire dédoublement de personnalité. Et il commence à être pris au sérieux.

Un biologiste tchèque âgé de 63 ans accuse un minuscule parasite présent dans les déjections de son chat d'avoir provoqué des troubles de son comportement, l’amenant,signale The Atlantic (mention involontairement supprimée par erreur lors de la relecture avant publication, nos excuses), notamment à avoir des pulsions autodestructrices, et à observer des changements dans sa personnalité depuis le début des années 1990 

Jaroslav Flegr, professeur à l'université Charles de Prague, n'est pas un illuminé,  c'est quelqu'un de sérieux, surtout quand il évoque toxoplasma gondii, un protozoaire qui est le microbe en question.  Ne riez pas : si l'histoire peut paraître étrange, elle est bien connue et le parasite en question est surveillé chez les femmes enceintes, puisqu'en langage courant on parle de toxoplasmose, une maladie qui peut abîmer le cerveau de leur futur enfant. Dans des cas rares à priori, les enfants victimes de toxoplasmose qui naissent, excepté ce syndrome, en bonne santé, ne sont généralement victimes que de symptômes grippaux, puis parviennent à traiter le protozoaire qui reste endormi dans les cellules de leur cerveau. C’est là du moins l’analyse médicale communément répandue. Mais ce n’est pas celle de Flegr. Il soupçonne justement qu’un parasite, appartenant à la famille du protozoaire, soit responsable des troubles bien plus graves.

Selon lui, ce parasite pourrait distordre les connexions entre les neurones et modifier du coup la façon dont nous réagissons face à des situations d’effroi, note confiance envers les autres, notre façon de nous percevoir, et même la justesse de notre perception de certaines odeurs. Les analyses de Flegr montrent également qu’il estime que le toxoplasma gondii favorise les accidents de voiture. Et même à la schizophrénie. Si on additionne tous les symptômes que peut provoquer cet organisme, "la toxoplasmose pourrait même tuer autant de gens que la malaria, c’est-à-dire au moins un million de personnes par an", dit le biologiste. 

Evidemment, les théories de Flegr ne rencontrent pas beaucoup d’écho dans la communauté  scientifique. Déjà, dit-il, parce qu’il ne parle pas l’anglais, et ne se rend que peu souvent dans les conférences internationales pour y  présenter ses travaux ; Surtout, parce que selon lui, "il y a une résistance psychologique forte à l’idée que le comportement humain puisse être influencé par un parasite à la noix".

Mais après des années d’ignorance, ses travaux commencent doucement à susciter l’intérêt de certains scientifiques. Certains spécialistes comme E. Fuller Torrey, directeur de l'institut Stanley Medical Research, dans le Maryland, expert en schizophrénie  commencent à le prendre au sérieux. "J'admire Jaroslav pour cette recherche, dit-il. Ce n'est évidemment pas politiquement correct, dans le sens que peu de laboratoires de font ce type de recherche. Il l'a fait de son propre chef, avec très peu de soutien. Et je trouve cela tout à fait crédible".

Pour Robert Saporsky, célèbre professeur à Stanford, les études de Flegr “sont très bien menées et il n’y a pas de raison d’en douter”. D’autant que selon lui, d’autres parasites pourraient provoquer des effets inattendus : "mon avis est qu’il y a en beaucoup d’autres exemples de parasites portés par des mammifères, desquels nous n’avons jamais entendus parler". Ainsi par exemple de la rage, qui peut circuler du cerveau à la salive d’un animal comme le chien et infecter l’humain en cas de morsure.

Des recherches ont par ailleurs montré que des souris infectées par le toxoplasma gondii étaient beaucoup plus remuantes que celles non-infectées, en faisant d’autant plus des proies pour les chats qui sont attirés par ce qui bouge. Ces souris faisaient par ailleurs moins attention à leur prédateur… Sciences et Avenirfaisait part en 2006 d’une expérience de Flegr dans laquelle des rats infectés adoptaient un comportement plus audacieux, voire suicidaire, face à leur principal ennemi, le chat. Selon le magazine, "pour le parasite, dont le cycle de reproduction passe par le félin, c’est tout bénéfice".

"Hôte accidentel"

Mais peu de recherches ont porté sur son effet sur les hommes, car l’être humain était considéré comme ayant un organisme qui n’est qu’un "hôte accidentel" de la toxoplasmose. Certes, à priori, nous ne faisons pas partie du cycle de vie du parasite, qui est censé être transmis jusqu’au chat, mais s’arrête dans l'organisme du félin. Or Flegr s’est dit que les mammifères entre la souris et l’homme avaient en commun la vaste majorité de leurs gênes. Et nous pourrions donc, selon le biologiste, être vulnérables aux manipulations de ce parasite.

Du coup, Flegr a mené des expériences sur des hommes et des femmes qui portaient le virus, développé ou non. Il leur a fait faire des tests de personnalité. Les résultats sont assez inquiétants : comparé aux hommes non infectés, ceux qui portaient le parasité étaient plus introvertis, plus suspicieux, prêtaient moins attention aux autres. Les femmes présentaient les symptômes inverses :plus confiantes, plus apprêtées, prenant davantage garde à leur image, que celles qui n’étaient pas infectées.   

 Flegr et son équipe sont en tout cas parvenus à montrer, avec un certain écho, que la toxoplasmose pouvait influencer le sexe du bébé à naître. Ainsi,  "chez les 454 femmes qui possédaient des anticorps dirigés contre le parasite de la toxoplasmose, le ratio entre les sexes était de 150 naissances de garçons pour 100 naissances de filles, alors qu’en moyenne il est de 104 garçons pour 100 filles. Plus le taux d’anticorps était élevé, plus le ratio était déséquilibré en faveur des garçons (jusqu’à un rapport de 260 garçons pour 100 filles)", écrit encore Science et Avenir en 2006.

Concernant la schizophrénie, qui reste le syndrome potentiel le plus inquiétant, une étude de Flegr publiée dans Schizophrenia Bulletin par Oxford University Press en 2007, parle par ailleurs d'une éventuelle influence de ce parasite sur la dopamine et la testostérone. Attention nénamoins pour ceux qui veulent approfondir les théories de Flegr : c’est peut-être là un risque de ne plus  jamais regarder son chat comme avant…. 

Mise à jour dimanche 12 février  : rajout de la source de l'article (The Atlantic) qui avait sauté au début du texte.

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