Vive l'information indépendante ! Quand la CGT assume le noyautage de France Télé<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
La CGT de France Télé a pourtant une conception bien à elle de la meilleure méthode pour manipuler une rédaction.
La CGT de France Télé a pourtant une conception bien à elle de la meilleure méthode pour manipuler une rédaction.
©Reuters

Video Gag

Jamais en retard pour hurler aux ingérences supposées du pouvoir politique dans la télévision publique, la CGT de France Télé a pourtant une conception bien à elle de la meilleure méthode pour manipuler une rédaction. La preuve par l'image.

Karl Wilner

Karl Wilner

Karl Wilner est journaliste.

Voir la bio »

Le tsunami médiatique suscité par la primaire socialiste justifiait à lui seul que l’on entende la réponse de la majorité. Mais – plus c’est gros, plus ça passe – certains n’ont pas hésité à pousser des cris d’orfraie et mettre en cause l’intervention de Nicolas Sarkozy jeudi soir sur France 2 et TF1.

Ainsi, Jean-François Téaldi, le secrétaire général du SNJ-CGT France Télévisions, a critiqué le fait qu’une société privée, Maximal productions, coproduise l’interview présidentielle. « Ce qui nous choque, c’est que Maximal Productions, c’est Jérôme Bellay, qui travaille au JDD, qui appartient à 100 % à Lagardère, qui était invité au Fouquet’s le soir de l’élection de Nicolas Sarkozy », a dénoncé avant même l’intervention du Président, Jean-François Téaldi.

Bellay, Fouquets, Lagardère… ? Où le leader syndical veut-il en venir ? Pour les naïfs ou les myopes qui ne verraient dans cette indignation que l’expression de la défense rigoureuse des principes de neutralité du service publique et des règles de la profession journalistique, nous recommandons le visionnage de cette vidéo retrouvée dans les cartons de la place du Colonel Fabien, siège inexpugnable du Parti Communiste Français.

Il faut dire que Jean-François Téaldi n’y est pas totalement un inconnu. A France Télévisions le leader syndical demeure assez discret sur ses états de service au sein du PCF qui fut naguère le parti communiste le plus stalinien d’Europe. Membre du Conseil National du  PCF, le leader syndical y est chargé des questions touchant à l’info et aux médias.

C’est à ce titre qu’il a animé en janvier 2010 un séminaire de formation du parti communiste destiné à former les cadres et les militants à la « prise de parole en public ». (A France Télévisions, la CGT est très sourcilleuse et veille à interdire aux journalistes toute participation à des séminaires de « training » devant la caméra destinés aux politiques et aux décideurs. Mais lorsque c’est pour la bonne cause, le secrétaire général du syndicat, qui est lui-même journaliste et bénéficie du grade de rédacteur en chef, n’hésite pas à mouiller le pull-over).

Qui sont les participants à ce séminaire ? Des salariés, des élus et des responsables associatifs d’associations satellites. Mais, afin qu’aucune ambiguïté ne subsiste, tous viennent apprendre les techniques afin de faire passer le message du « Parti ».

Combien sont-ils ? On l’ignore. La caméra fixe demeure sur le spécialiste des médias et de l’info au PCF. On entend des voix, des soupirs.  (Cette vidéo, par ses qualités techniques et ses couleurs grisâtre, rappellera peut-être aux amateurs de collectors celle du procès de Ceausescu)

Passé les premières recommandations d’usage (trier ses idées, bien préparer son allocution…) Jean-François Tealdi évoque un thème qui lui est cher : L’utilisation des mouvements syndicaux pour atteindre les objectifs fixés par le Comité Central.

« Le Parti avait pris la mauvaise habitude depuis plusieurs années de ne plus intervenir dans les AG syndicales. Heureusement qu’on y revient et qu’on est en train de reconstituer Le Parti dans les entreprises. Je fais partie de la commission « entreprises » du Conseil National. Ça fait partie des bonnes nouvelles», explique Téaldi

(Regarder à 4 minutes 44 sec.)

Le responsable du Conseil National du PCF détient à son actif l’organisation de plusieurs grandes grèves mémorables à France 3. Les journalistes de France télévisions qui pensaient défendre les intérêts de la profession et de ceux des  téléspectateurs, dans le respect de la neutralité du service public,  prendront certainement connaissance de cette vidéo avec profit.

"Quels sont les objectifs à atteindre quand on prend la parole dans une Assemblée Générale ? Quels sont les objectifs à atteindre ?", interroge le leader syndical. Après avoir passé différents thèmes en revue, il se lance et pose « La » grande question :

« Est-ce pour faire adhérer au Parti ? A mon avis -  si c’est bien amené -  c’est une question récurrente que l’on doit se poser...  »

(Regarder à 9 minutes 46)

…Téaldi est un rêveur, doublé d’un idéaliste.

La suite est à l’avenant. Parmi les conseils donnés aux stagiaires, préparer son intervention à partir  « d’une bonne documentation ». Le leader syndical recommande avant tout deux médias : « L’Huma » et « le site du Parti »…

Mais aussi  « les médias d’en face » afin de mieux connaître l’adversaire : « TF1 où l’en en prend plein la gueule tous les soirs » et « Libé, le journal des bobos ». Les journalistes des deux titres cités apprécieront cet assaut de confraternité…

Téaldi a aussi de l’humour et du recul. Invité rue de Solferino à l’assemblée générale de la section culture du Parti Socialiste, en mai dernier, le responsable de la commission médias au conseil national du PCF et Grand reporter à France 3 (même s’il n’a guère réalisé de reportages depuis des lustres) a livré sa vision acérée de la presse et du paysage audiovisuel français.

Selon le compte rendu de cette réunion, le leader syndical n’aurait pas hésité à dénoncer « une situation à la soviétique » (sic !) en raison de la domination de sept grands groupes de presse « alimentés par des capitaux bancaires et des marchands d’armes ».

On l’aura bien compris, la production d’une émission par une société privée dont c’est le métier, c’est mal… Noyauter une chaîne et son information au profit d’un parti politique, ça c’est bien !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !