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Ces personnalités de droite qui se cachent de moins en moins de préparer l’après-défaite Fillon
©PASCAL GUYOT / AFP

Plomb B

François Fillon sera bien le candidat de la droite, malgré de vaines tentatives pour le remplacer.

Carine Bécard

Carine Bécard

Carine Bécard est journaliste politique à France Inter.

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Le 17 mars est la date limite de dépôt des signatures, et donc la fin de la possibilité d'imposer un remplaçant pour Les Républicains. Dans le Canard Enchaîné, on affirme qui Nicolas Sarkozy aurait déclaré à ses proches que pour la droite, c'était "mort de chez mort" et que cela allait être "le chaos". La droite pourra-t-elle se remettre d'une défaite au premier tour de l'élection présidentielle ? Doit-on craindre une explosion du parti similaire à ce qui arrive en ce moment chez les socialistes ?

Carine Bécard : François Fillon avait l'ambition d'être candidat et il le sera. Est-ce que ça peut faire exploser le parti ? La campagne va seulement commencer. Cette campagne quand on est observateur de la vie politique elle n'a pas commencé surtout quand on compare avec les dernières élections. Ca ressemble en rien à une campagne. Du fait qu'il y ait les démêlés judiciaires et aussi "beaucoup trop de candidats". En général il y a toujours deux candidats qui se font face et qui par médias interposés se parlent et se répondent. Cette fois ci, ils sont cinq. Même si il y en a un qui lance une idée chacun essaye de faire campagne dans son coin et il n'y a pas d'échanges. C'est bien beau de dire que la campagne de Hamon ne prend pas, j'ai du mal à voir celles des autres prendre.

Je vois Emmanuel Macron qui sait parfaitement mettre en scène ses ralliements qui valent ce qu'ils valent. Je ne suis pas sûr que ceux de Macron soient plus exceptionnels que benoit Hamon. Je pense que la campagne va commencer lundi lors du premier débat TV. On va poser des questions au candidat sur le fond. Ils vont devoir s'exprimer sur les idées des uns et des autres. Nous, derrière, commentateurs on va pouvoir tirer la bobine.

On a une campagne de cinq semaines qui va commencer. On va commencer à écouter chacun des candidats. On ne sait pas si la campagne de François Fillon est complètement ratée. Dans l'hypothèse où il ne se qualifie pas au deuxième tour, évidemment que c'est une remise en cause totale du paysage politique qu'on connaît depuis les débuts de la cinquième République. Il y a toujours eu la qualification du candidat de la droite, même en 2002. Ce serait effectivement un coup de tonnerre avec des conséquences. Quelles sont-elles ? Très probablement la radicalisation de l'électorat de droite comme le qualifiait Juppé. Marine Le Pen rêve de ce scénario car c'est enfin l'explosion de la droite qu'elle attend et qui fait partie de sa stratégie. C'est une recomposition totale de la droite.

S'il se qualifie au second tour, ça reste compliqué pour lui. Ça veut dire que l'électorat aura le choix entre un candidat de droite républicain qui a un discours extrêmement dur, assez proche d'une partie du discours de Marine Le Pen et de l'autre évidemment Marine Le Pen.

Il y a une partie de l'électorat de gauche et de droite qui n'ira pas voter. Je pense que l'électorat juppéiste qui aura le plus grand mal à voter pour François Fillon, même si ça reste une droite très disciplinée. Le réflexe républicain va pouvoir fonctionner mais il est sérieusement émoussé avec ce qui a pu se passer aux régionales. Christian Estrosi qui a été élu par une partie de l'électorat de gauche qui se sent floué et pas représenté par Christian Estrosi. Ces gens-là n'ont plus envie de voter pour la droite face à Marine Le Pen. Même si François Fillon est élu il le sera mal et ce sera dur d'exercer le pouvoir.

Quelles sont les différentes options qui se présentent aujourd'hui chez les Républicains ? Peut-on craindre un coup d'état sarkozyste à la fin de la campagne ?

Il y aurait une énorme bataille pour récupérer ce qui restera du parti. Il faut imaginer qu'il y a tout un pan de l'électorat qui se sera jeté dans les bras de Marine Le Pen. Il est probable que cet électorat n'a

plus envie de revenir chez les républicains. Ensuite il faut imaginer une guerre entre les quadras et les quinquas qui sera probablement ultra violente. Evidemment les fillonistes battus seront obligés de s'incliner. Bernard Accoyer n'aura pas l'autorité pour organiser la suite. Très vite on aura toujours les mêmes. Avec en tête de liste on peut imaginer un Laurent Wauquiez qui incarne une droite très radicalisée et une droite plus modérée incarnée par Baroin qui sera là aussi. Tous les quadras et quinquas seront là pour essayer de faire en sorte que la droite ressemble à leur droite.

Mais on arrive à la fin de l'UMP. La fin de ce grand parti qu'avait voulu Chirac en rassemblant le RPR assez dur dans le discours à l'époque et les frontistes. J'ai envie de dire que ça n'a jamais marché. La droite humaniste a toujours gêné la droite qui s'est très vite radicalisée autour de Sarkozy téléguidé par Patrick Buisson. Il est amusant de voir que Nicolas Sarkozy a voulu rebaptiser l'UMP et s'est limité à un changement de nom alors qu'il était urgent de refonder et de redéfinir les règles de vie commune.

Déjà pendant la crise du pénélope Gate on a vu réapparaitre le vieil RPR et l'UDF. Maintenant on a des juppéistes très mal à l'aise au vu de la campagne de François Fillon. On voit mal comment cette droite modérée juppéiste va pouvoir résister dans cet ensemble. Il est urgent de redéfinir les règles de la maison. Tout cela fonctionne sur la tête depuis des années. Quand il y a eu le ralliement des centristes avec l'UDI c'était déjà une ineptie par rapport à ce qui avait été fait en 2002 avec l'UMP. Le centre droit n'avait pas le droit de sortir de l'UMP.

La difficulté aujourd'hui pour la droite n'est-elle pas de faire émerger une nouvelle génération d'élus, alors que les "éléphants" de Républicains sont encore à préparer leur place dans le futur organigramme  du parti ?

Si on en arrive là c'est sans doute parce qu'aujourd'hui on a des politiques pas forcément charismatiques et qui sont plus concentrés sur la conquête que l'exercice du pouvoir. A une époque, on avait des politiques qui se battaient pour le pouvoir mais qui avaient des convictions qu'ils avaient envie de défendre. Aujourd'hui ou est le débat d'idée ? Pendant la primaire de la droite, il y avait une façon de verbaliser les choses qui était différente. On a en permanence des guerres d'influence. Ou sont les jeunes ? Ils sont gênants, on en veut pas, on fait tout pour faire en sorte de les oublier. Il est extrêmement difficile pour un trentenaire de briller. Aujourd'hui il faut se placer dans un courant et espérer être placé à un moment.

On leur laisse un rôle d'organisateur et de récupérateur d'argent public. Aujourd'hui une recomposition est en train de se faire à travers un Macron qui mise sur le fait que les partis ne fonctionnent plus donc on essaye d'inventer de nouvelles choses. On verra si cela prend ou pas.

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