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Ce nouveau contrat sexuel qui permettrait aux femmes de moins s'emmerder au lit
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Bonnes feuilles

Sonia Feertchak se plonge dans l’histoire et la physiologie du désir, interrogeant les notions devenues suspectes de virilité et de féminité pour tenter, enfin, d’analyser pourquoi tant de femmes (et d’hommes) s’emmerdent au lit. Il est devenu urgent de rattraper le désir par la queue. Extrait de "Les femmes s'emmerdent au lit", de Sonia Feertchak, publié chez Albin Michel (2/2).

Sonia  Feertchak

Sonia Feertchak

Auteur et éditrice, Sonia Feertchak a publié L'Encyclo des filles, réactualisée chaque année depuis 2002, d'abord chez Plon puis chez Gründ. En tant qu'éditrice elle a créé la collection des encyclos. Elle est l'auteur de L'An 2000, autopsie d'un rêve (éd. Jean-Claude Lattès, 1999) et Popote (Plon, 2004). Elle a également publié un Manuel d'autodéfense féministe (Plon, 2007) et Ma fille, conseils aux mères d'ados (Plon, 2010).
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Mais justement, à cause de cette chosification dont historiquement nous avons eu tant à souffrir, on n’aurait pas le droit, pas même un tout petit peu, et alors même que dorénavant nous sommes libres, d’objetiser notre corps, de le livrer au désir masculin (et/ou féminin), de le porter en étendard de notre séduction. Comme Beauvoir. Décidément ambiguë, l’écrivain rappelle dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée : « Trop ignorante pour inventer la caresse, j’usai de détours. À travers l’image d’un homme-marchepied, j’opérais la métamorphose du corps en objet. Je la réalisais moi-même quand je m’écroulais aux genoux d’un souverain maître. Pour m’absoudre, il posait sur ma nuque sa main de justicier : implorant son pardon, j’obtenais la volupté. Mais lorsque je m’abandonnais à ces exquises déchéances, je n’oubliais jamais qu’il s’agissait d’un jeu. Pour de vrai, je ne me soumettais à personne : j’étais, et je demeurais toujours mon propre maître. »

« Il s’agissait d’un jeu » : c’est la raison profonde pour laquelle le BDSM est à la mode. Ce conglomérat de pratiques sulfureuses consiste en un jeu de rôle sexuel, jeu certes interdit aux enfants – « On dirait que tu serais le soumis, et moi je serais la dominatrice, sois mon maître… » – mais jeu quand même. Ce sont les seules choses qui importent : le jeu, les rôles. À suivre le credo de cette philosophie érotique, il n’y a même pas besoin de faire du SM pour de vrai ! Superflus, les costumes. Au placard, les accessoires. Pas besoin de signer de son sang. Seul le cadre de pensée prévaut dans la tendance actuelle. Les amants s’en tiennent à la symbolique du sadomasochisme, perçue comme une façon de réinjecter la force du désir dans la sexualité sans risque de domination réelle. Et c’est amplement suffisant.

Le nouveau contrat sexuel est implicite, informulé : comme ils se respectent, comme ils sont à l’écoute l’un de l’autre… ils peuvent y aller. Convier l’ardeur, la fougue et l’enthousiasme à leurs ébats. Ça arrange tout le monde. Le nouveau garçon et la féminette voient leurs dilemmes respectifs résolus : lui peut laisser libre cours à son désir, exprimé puis au besoin réprimé, sans risquer de manquer de respect à sa partenaire ; elle peut se laisser aller à son envie charnelle d’être possédée sans risque de perdre sa qualité essentielle de fille libérée. C’est le contrat, l’état d’esprit qui compte. À deux, trois accessoires près… comme dans Cinquante nuances de Grey.

Extrait de  "Les femmes s'emmerdent au lit", de Sonia Feertchak, publié chez Albin Michel (2015). Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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