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Campagne présidentielle, faux policiers et quartiers mis à sac : et pendant ce temps là, l’insécurité au quotidien poursuivait son petit bonhomme de chemin
©Reuters

Insécurité, où es-tu ?

Près de 3,7 millions de crimes et délits ont été enregistrés en France en 2016. Une statistique qui connaît une hausse inquiétante, mais qui peine pourtant à trouver sa place dans les débats des candidats à la présidentielle.

Laurent Obertone

Laurent Obertone

Laurent Obertone est journaliste diplômé de l’ESJ de Lille. Après avoir travaillé pour un hebdomadaire français, il s'est consacré à l'écriture de "La France orange mécanique" (2013, Editions Ring). Il est l'auteur de "La France Big Brother" (2015, Editions Ring). Son dernier livre s'intitule Guerilla (2016, Editions Ring). 

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Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico : Dans une récente étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, La violence en France affiche une hausse de 4%. Ce chiffre vous parait-il représentatif de la situation ? 

Laurent Obertone : Il est toujours délicat de commenter un chiffre global, mais certains indicateurs sont en effet inquiétants. Ce qui l'est par-dessus tout, c'est l'indifférence des médias et des pouvoirs publics. Par exemple, selon l'Observatoire, nous avons dépassé la barre des 430 viols commis chaque jour en France. Un tel chiffre ne provoque pourtant aucune réaction, ni des associations féministes, ni de nos grands médias, si prompts à s'indigner des viols commis en Inde… J'ai écrit "La France Orange Mécanique" voici quatre ans. La situation n'a cessé d'empirer, et l'indifférence de demeurer. 

Xavier Raufer : "La violence" est une abstraction creuse. En réalité la France - précisément, certaines zones urbaines et périurbaines de la métropole - est dans une spirale anarchisante. Notre pays glisse dans la violence au quotidien, d'abord et surtout alimentée par des bandes criminelles juvéniles à la périphérie des métropoles, et par l'extravagant pillage de certains clans nomades ; tous déchainés par l'impunité dont ils jouissent dans les faits. Voici l'héritage de Mme Taubira et de l'ectoplasme-ministre qui lui a succédé, homme invisible et semblant perdu. Bien entendu, nos bases documentaires disposent d'un luxe de faits et de données prouvant tout cela.

Ensuite : 4% de hausse ? Cela signifierait que "la violence" est également répartie en métropole, ce qui bien sûrest faux. La campagne profondeest encore un peu épargnée, alors que l'hyper-violence installée début 2015 ravage d'abord les couronnes périurbaines - voirele centre des villes. Or c'est là où l'appareil de sécurité de l'Etat défaille. Les centres-villes ont des policiers, la campagne profonde a encore des gendarmes ; entre les deux, la sécurité publiquevacille dans la couronne périurbaine : effectifs dégarnis, manque de coordinations efficaces, etc. - problème constant depuis un demi-siècle. Or cette "France abandonnée", qui à présent subit la vague criminelle, forme presque la moitié de la population métropolitaine, soit quelque 30 millions d'habitants.

Comment expliquer cette augmentation de la violence quotidienne ? 

Laurent Obertone : Les facteurs principaux de cette violence sont ignorés. L'effondrement du capital social, le laxisme judiciaire, le refus (politique et idéologique) de faire appliquer la loi, le refus de prendre en compte la criminalité des individus issus de l'immigration, antiracisme oblige… Le sentiment d'impunité fait des dégâts. Il faut aussi compter avec une densification des trafics, une concurrence de plus en plus rude entre des bandes rivales de plus en plus nombreuses…

Xavier Raufer : Je le répète depuis le début 2015 - et ce diagnostic n'a jamais été démenti. M. Cazeneuve&co., plus les médias à leurs bottes, se bornent ànier le réel et ajoutent chaque jour une nouvelle couche de maquillage sur le cadavre de la sécurité en France, qui se décompose visiblement. Ne prenons ici qu'un exemple : le 8 octobre passé, dans la cité hors-contrôle de la Grande Borne (Grigny - Viry-Châtillon) une meute criminelle a délibérément voulu griller vifs des policiers dans leur voiture (deux blessés graves). Cent jours après, nul n'a été arrêté-du moins jusqu'à ce matin. Dans la France de M. Cazeneuve, on peut tenter de tuer des policiers et, à ce jour, s'en tirer sans une égratignure. Telle est l'indéniable réalité.

Plus largement, voici ce qui s'est passé depuis Charlie Hebdo et l'Hyper-Casher : l'appareil français de sécurité a subi un choc si violent, qu'il est faussé, cassé de l'intérieur, comme certaines voitures après un accident : l'extérieur paraît indemne mais sous le capot, tout est déréglé, rien de fonctionne normalement.

Début 2015, profitant du choc, il fallait refonder tout cet appareil de sécurité, créer un service antiterroriste ramassé, agile, proactif ; et, comme tous les actuelsterroristes sont d'ex-voyous hybrides, doter la France du service de renseignement criminel qui lui manquetant - ainsi, Mme Kardashian, M. Pagny et les touristes du Golfe ne se feraient pas piller à tout bout de champ.

Or on a planté des arbres, invité des chanteurs, défilé - c'est cela, le maquillage - mais on n'a pas touché à la structure de l'appareil français de sécurité qui à ce jour, est pour l'essentiel inchangé depuis M. Sarkozy.Bien sûr, les bandits petits et grands sentent qu'ils ont la bride sur le cou ; que des ministres fébriles et maladroits ont tout misé sur l'antiterrorisme - alors ils se régalent. Ainsi s'explique la présente vague criminelle.

Ces violences se manifestent dans une ampleur de plus en plus importante. On pense à l'attaque de masse à Juvisy-sur-Orge ce week-end, qualifiée de "guerilla urbaine" par le maire de la ville ou encore aux policiers pris pour cible. Est-ce que les mesures des politiques notamment dans les récents débats des primaires reflètent la réalité de la violence en France ? 

Laurent Obertone : Les politiciens sont terrifiés par l'inquisition morale. Ils se gardent donc d'évoquer de tels thèmes, de peur d'être accusés de faire le jeu du Front national. L'accusateur est aussi bien "les réseaux sociaux" que le grand média, ou le politicien d'en face… C'est ce même mécanisme qui criminalise les inquiétudes des citoyens, qui les prive de liberté de penser, par conséquent de souveraineté. C'est précisément ce qui empêche la France de s'attaquer aux problèmes qui la rongent.

Xavier Raufer La classe politique est en majorité otage de "communicants" et publicitaires, tous bourgeois-bohèmes (bo-bo) et gauche-caviar. Nul de ces aveugles sociétaux n'a idée du monde réel - d'où leur plantage pour le Brexit et Trump. Pour cette arrogante caste, le crime au quotidien, qui ravage des aires périurbaines dont ils ignorent tout, n'est qu'une "déplorable" (dixit Mme Clinton) et futile série de "faits-divers" - àtaire, pour ne pas faire-le-jeu-de. Ces politiciens sans idées ni projets censurent ainsi ce que leurs gourous veulent qu'ils ignorent.Ace lamentableréflexe, j'ai donné le nom de syndrome de Byzance. Sous l'injonction des gourous d'alors, les "élites" byzantines se fascinent pour le sexe des anges. Or, au même moment, l'armée du Calife est aux murailles. De tels cas d'autisme politico-socialfinissent toujours mal - enfin, pour les autistes. Attendons donc - lucidement.

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