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Calendrier de l'Avent : "à la peur de l'hiver on répond par de petits rituels magiques"
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Pas de bras, pas de chocolat

Le calendrier de l'Avent, une coutume à laquelle les français ne dérogent pas en cette période de fête. Le chocolat serait-il un remède à la crise ?

Voici - déjà?- revenir la période de fin d'année, avec son flot de festivités, d'obligations, et rites en tout genre. De la simple clôture de bilan pour les comptables au rituel spirituel le plus important de l'année dans la tradition catholique, la période marque pour tous le signe de la fin d'un cycle. Et déjà l'on entend se lever quelques voix pour dire que cela n'en est pas vraiment, du rite. Et que le flonflon, le marketing, le risque de l'artificiel nous guettent. Paganisme, récupération, détournement. Les fêtes de fin d'année sont parfois durement jugées. Parmi les habitudes qui les accompagnent, le calendrier de l'Avent fait bonne figure.

Le calendrier de l'Avent est désormais un produit chocolatier à part entière, il déborde largement son origine religieuse. Il constitue un signe important pour comprendre notre société, car même païen, il reste efficace, et conserve une force d'attraction et de renouvellement. A bien y regarder, on notera qu'il apparaît assez tardivement dans la tradition chrétienne. Si l'Avent est une période bien identifiée dès les origines, l'idée et la pratique du calendrier pâtissier ne date que depuis la fin du XIXeme siècle. Nous dirions même qu'il apparaît précisément lorsque l'influence du catholicisme connait son érosion européenne.

La foi s'érode, et le calendrier s'impose, prenant une fonction sociale croissante que l'on connaît aujourd'hui. On retrouve ici un phénomène crucial pour notre société contemporaine. Car si toute notre temporalité sociale était soutenue par une confiance aveugle dans le futur que le christianisme a largement contribué à garantir, il semble que cette confiance s'affaiblit. Le temps chrétien a façonné notre temps économique - préparer l'avenir -, notre temps politique - planifier une société par l'effort -, notre temps scientifique - on n'arrête pas le Progrès. Mais ce programme ne convainc plus. Pire, il a trahi. Alors il faut faire patienter.

Crise des vocations, déplacement des religiosités et de la foi. Crise du politique et désenchantement sociaux sont là. Quand les lendemains déchantent, que le grand soir se fait tard, et que les promesses d'espérances tardent à s'exaucer, alors il y a le chocolat. Pour faire patienter les fidèles, et les inscrire dans une manifestation de l'Avent -étymologiquement, ce qui va advenir- on a recours à des ruses, des petites tactiques, pour aider à attendre, rassurer, rasséréner dans les périodes de doute.

D'une certaine manière, on retrouve ici une technique qui est antérieure à la chrétienté. L'on retrouve parfois ces dynamiques païennes. Pensons à Halloween, qui aussi est un écho à Toussaint, la fête des morts et le dépassement de l'angoisse de la fin. Le calendrier de l'Avent est de cet ordre, puisque l'année s'approche inexorablement du froid, de la nuit tombante et autres archétypes crépusculaires, les hommes ont recours à des béquilles, qui aident à passer le cap de cette fin symbolique - pensons à la fête des Lumières de Lyon. Ces petits rituels appartiennent probablement à une mémoire bien antérieure, car de tout temps, à la peur de l'hiver on répond par des petits rituels magiques.

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