Budget 2015 : des ajustements budgétaires qui sacrifient l’avenir<!-- --> | Atlantico.fr
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La politique familiale déjà ponctionnée de 16 milliards depuis 1995, a encore été privée de 1,1 milliard par Ayrault et encore de 1,1 milliard par Valls.
La politique familiale déjà ponctionnée de 16 milliards depuis 1995, a encore été privée de 1,1 milliard par Ayrault et encore de 1,1 milliard par Valls.
©Reuters

Irresponsables

En rognant constamment les dépenses liées à la politique familiale et à l'entretien de l'armée, le gouvernement prouve son manque d'imagination et de vision. Ainsi, il brade les deux derniers atouts de la France.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Malgré  la récession et  son incapacité à résorber son déficit  budgétaire, la France conserve, en termes de puissance, deux avantages sur l'Allemagne.

D'abord une armée qui fonctionne encore. Certes, les  coupes budgétaires sont  drastiques, l'obsolescence du matériel s'aggrave,  les programmes s'allongent mais, on le sait, la situation est encore pire en Allemagne. S'aventurant sur tous les fronts, la France démontre sans doute des insuffisances criantes mais son appareil militaire demeure, bon an mal an,  en état de marche. Hors la Grande-Bretagne et encore, peu de pays en Europe peuvent  en dire autant. 

Ensuite, dans une démographie européenne en chute libre,  la fécondité française se maintient juste au-dessous du seuil de renouvellement : 2,01 pour un seuil de 2,10. Ce ne serait que 1,7 sans l'apport des immigrés mais les autres pays sont, à et égard, logés  à la même enseigne. Comparons avec  l'Allemagne : une fécondité de 1,43, soit un déficit d'un tiers à chaque génération.

On ne peut ainsi que se féliciter de voir que, malgré ses performances économiques plus faibles que son voisin d'outre-Rhin,  la France a depuis 2006 doublé l'Allemagne  quant au nombre de naissances annuel :  811 000 pour nous,  685 000 pour elle. Cela  n'était jamais arrivé depuis 1870.

Or ces atouts, le gouvernement socialiste, pressé par l'Union européenne (et précisément par l'Allemagne !) et incapable de faire preuve d'imagination pour couper les dépenses publiques, s'en prend par facilité  à eux.  

  • Les dépenses militaires d'abord  passées de 65 milliards en 2010 à 61 milliards en 2013 et qui continuent à  stagner en dépit de  nombreuses  opérations  extérieures.
  • Mais,  plus grave encore, le même  gouvernement s'en prend aussi à la politique familiale. Cette dernière, déjà ponctionnée de 16 milliards depuis 1995, a encore été privée de 1,1 milliard par Ayrault (qui s'ajoute à 1,5 milliard, effet de la baisse du plafond du quotient familial) et encore de 1,1 milliard par Valls.

Sans aller, comme le suggèrent certains députés, jusqu'à  moduler les allocations en fonction du revenu ( en fait elles le sont déjà à hauteur de la moitié  de leur montant) , il diminue la prestation pour mode de garde (qui, selon lui, profite surtout à ceux qui peuvent s'offrir une garde à domicile) et la prime à la naissance du troisième enfant . Surtout, il porte atteinte au congé parental d'éducation déjà réduit par Ayrault de 6 mois (de 36 à 30 mois) et qu'il est question  de ramener, parité oblige,  à 18 mois pour la mère et 18 mois pour le père - non simultanément bien entendu. Comme ce congé était pris à 97 %  par  les mères, il y a là la perspective d'une réduction de fait qui sera dure aux familles modestes, principales bénéficiaires de ce dispositif. Mais, dans cette affaire, en sus des considérations financières, perce aussi  une implacable idéologie qui  ne veut pas que les femmes se détournent trop longtemps du travail professionnel pour s'occuper de leurs enfants ! Le néo-féminisme leur veut tellement de bien qu'il a peur quelles se reposent  trop.

Quoi qu' on prétende, l'existence depuis 1945 d'une politique familiale relativement généreuse (même si elle l'est aujourd'hui de moins en moins) a permis à notre pays de conserver une vitalité démographique qui fait aujourd'hui sa force.

L'allocation parentale d'éducation avait eu un impact particulièrement significatif sur le taux de natalité français, permettant sa remontée au cours des années 90. C'est dire que sa réduction - et peut-être plus tard, sa  suppression - , pourrait être catastrophique pour un pays qui, même s'il est moins mal loti que les autres en Europe, se maintient tout juste au-dessous de la ligne de flottaison du renouvellement des générations.

Défense et démographie : dès que l'on n'est plus le nez dans le guidon de la cuisine budgétaire, il y a là deux éléments de puissance fondamentaux  et même deux signes forts que nous existons encore  sur la scène mondiale. La   politique à courte vue du gouvernement  Hollande-Valls les affaiblit dangereusement, risquant ainsi  de nous faire perdre un des  rares "avantages comparatifs" que nous avions encore.

Ce faisant, nous donnons aussi  le mauvais exemple au reste de l' Europe. Car les deux déficits, celui de dépenses militaires (dans un monde où elles augmentent de tous côtés sauf en Europe occidentale) et celui des naissances  (la population européenne, est vouée, si la tendance n'est pas inversée à la disparition !) sont un problème encore plus grave pour le contient européen pris dans son ensemble que pour nous. En maintenant contre vents et   marées  le "minimum vital",  la France montrait l'exemple d'une volonté de vivre qui  fait aujourd'hui  défaut à la plupart de nos partenaires.  Son devoir est de continuer sur cette voie.

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