Bruits, flicage, mauvaises odeurs et déconcentration : comment survivre en open space ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'acuité intellectuelle diminue de 25 % en open space.
L'acuité intellectuelle diminue de 25 % en open space.
©Reuters

Bonnes feuilles

Le culte de la performance vous a fait oublier d'écouter vos besoins et vous vous êtes laissés aspirer par la spirale du toujours plus et encore plus vite. Comment venir à bout de ce sentiment d'inachevé ? Extrait de "Et si je prenais mon temps : Gestion des priorités, mode d'emploi", de Catherine Berliet (1/2).

Catherine Berliet

Catherine Berliet

Catherine Berliet intervient depuis 15 ans en conseil, formation, coaching de cadres et dirigeants pour le compte de grandes entreprises françaises. Diplômée en communication, elle est également thérapeute, praticien en Rêve Eveillé libre. Elle est co-auteur de : Et si je choisissais d’être heureux  ! : Le bonheur mode d’emploi  paru en juillet 2014 aux Editions Eyrolles, Manager au quotidien et Les outils de développement personnel du manager aux Editions Eyrolles. Elle est auteur de Et si je prenais mon temps aux Editions Eyrolles et co-auteur de "Et si je choisissais d'être heureux" avec Capucine Berliet toujours aux éditions Eyrolles

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La mode est aux "open spaces". L’optimisation des coûts et des organisations a poussé les entreprises à mettre tous les collaborateurs dans un même poulailler. Aujourd’hui, plus de la moitié des cols blancs sont des habitants de la planète "open space". Un univers impitoyable, appelé poétiquement "plateau paysagé", matériellement parcellisé par de vagues cloisons, censées préserver l’intimité.

Au départ, les "space planners" avaient vendu le concept comme un lieu de convivialité favorisant échanges et travail en mode projet. L’idée était d’en finir avec les bureaux solitaires pour s’immerger dans un lieu commun, à effet de ruche, stimuler les esprits et favoriser la communication. Aujourd’hui, seules quelques baronnies gardent la main sur les derniers bastions de tranquillité : des bureaux privés, ouatés, capitonnés. Quant à tous les autres, ils sont parqués dans ces espaces à la promiscuité gênante, avec une moyenne de 7 m2 par tête.

Les années ont passé, et le rêve annoncé s’est transformé en cauchemar. Ces nouvelles configurations ne suscitent plus l’engouement du début. Bien au contraire, elles ont déclenché foison de protestations, car, à la vérité, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Des chercheurs se sont mis à disséquer notre vie en batterie, et ils se sont aperçus que l’acuité intellectuelle de ces habitants d’un nouveau genre diminuait de 25% dans cet univers de partage. Ces occupants ont commencé par se plaindre du manque de concentration causé par le bruit, le ronron environnemental et les interventions incessantes. Nul ne parvient à s’immuniser ni à se protéger des sollicitations continuelles de ses congénères. Dans ces configurations, travailler sans être interrompu(e), dérangé(e), parasité(e) relève du défi, et les notions de territoire et de proxémie prennent tout leur sens. Exposé à tous les regards, toutes les convoitises, tous les assauts, l’open space bouleverse les rapports humains au sein des services et suscite des exaspérations hors du commun, tout en obligeant les contributeurs de l’entreprise à se discipliner, à mettre des règles du jeu et à réenvisager leur style de vie.

C’est ainsi que le lieu censé représenter le summum de l’épanouissement est devenu le lieu de toutes les exaspérations. Celui où vous devez composer, supporter les éclats de voix et les pétages de plomb, sniffer les effluves de parfums improbables, endurer les interventionnistes qui vous dérangent inopinément pour assouvir leur fringale d’information. En prime : plus question de se gratter le nez tranquillement, plus question non plus de faire de l’oeil à la dernière recrue, mi-sirène mi-bimbo… Tout le monde surveille tout le monde. Votre voisin vous flique et louche sur votre écran, sans compter que, chaque fois que votre boss demande à vous voir en aparté, tout le monde pense que vous vous faites « remonter les bretelles ». Pas question non plus de somnoler sur un dossier : souriez, vous êtes filmé(e) ! Dallas, ton univers impitoyable… Le communautarisme, le kibboutz, le kolkhoze ou l’ashram, c’est un peu de tout à la fois ; pas de place pour la confidentialité, encore moins pour l’intimité…

Pour survivre, vous avez mis en place des parades : vous êtes passé(e) maître dans l’art de converser avec votre femme, votre mari ou vos potes comme s’il s’agissait d’un client important, et vos plans du samedi soir s’intitulent désormais "dossier". Le jardinage n’a plus de secret pour vous, vous vous évertuez à faire pousser des plantes vertes à grand renfort d’engrais pour occulter les têtes qui dépassent. Je ne saurais trop vous conseiller les bambous, ça pousse vite… Vous avez peut-être adopté un « pack » de survie en vente sur Internet : boules Quies, rétroviseur et pince à linge pour la modique somme de 13 euros.

Je vous propose de mettre en place des règles d’or et de les faire partager :

• rédigez une charte de bon fonctionnement et disciplinez-vous ;

• diminuez toute nuisance sonore et optez pour le mode vibreur ;

• utilisez un kit main libre qui vous fera parler moins fort au téléphone ;

• respectez la concentration de vos collègues ;

• stoppez les bruits de couloir, bannissez les réunions de services dans les parties communes.

Extrait de "Et si je prenais mon temps : Gestion des priorités, mode d'emploi" (Eyrolles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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