EDITORIAL
Présidentielle : mais qui est donc le candidat préféré de la Bourse ?
L'expérience montre que les marchés sont à la baisse lorsqu'ils prévoient une victoire de la gauche. Pourtant, malgré les sondages qui donnent François Hollande vainqueur, le cours des actions ne cesse d'augmenter.
Parmi les sondages qui s’efforcent de prévoir le résultat d’une élection, la Bourse exerce traditionnellement une influence non négligeable, car l’une des missions qui lui est dévolue est l’anticipation. Les expériences passées montrent qu’elle a tendance à monter lorsqu’elle croit à une victoire d’un candidat de droite, alors qu’elle se replie dans la perspective du succès d’un prétendant de la gauche.
Dans cette logique, la place de Paris devrait perdre des points dans la mesure où les sondages annoncent imperturbablement que François Hollande l’emporterait au deuxième tour de l’élection présidentielle. Or, c’est tout le contraire qui se produit : depuis six mois, le cours des actions n’a cessé de grimper. Un comportement d’autant plus surprenant que le favori des sondages n’a cessé de mener combat contre le capitalisme financier et d’une manière générale contre les riches et tous ceux qui entendent gagner de l’argent.
Est-ce à dire que la Bourse déroge à ses critères habituels en s’inscrivant en faux contre les pronostiqueurs qui n’ont jamais varié en faveur de la gauche et qu’elle croit encore contre toute attente au succès de Nicolas Sarkozy ? Tout se passe pour l’instant, comme si les marchés restaient indifférents au déroulement de la campagne électorale. Plusieurs raisons expliquent cette sorte de détachement : d’abord, ce ne sont plus les particuliers qui font le marché : nos compatriotes se sont éloignés de la Bourse depuis plusieurs années et préfèrent limiter leurs achats à l’immobilier, l’assurance-vie et les livrets d’épargne qu’ils remplissent à une allure record. Les investisseurs institutionnels ont repris leurs emplettes depuis plusieurs mois grâce aux liquidités déversées par la banque centrale européenne qui a ouvert les vannes de la création monétaire.
De plus, la Bourse de Paris ne fonctionne plus en vase clos : la mondialisation l’a imbriquée dans le maelström international de la finance, dont le tempo est fourni par les États-Unis. La France évolue ainsi à l’unisson des autres grandes nations et n’imprime pas sa singularité. Ce sont les étrangers qui dominent aujourd’hui les marchés et font les cours. La personnalité de Nicolas Sarkozy leur est familière, en raison de son omniprésence sur la scène internationale depuis le début de la crise, alors que François Hollande reste largement méconnu, sans que son programme ait pour l’instant beaucoup retenu l’attention des chancelleries, qui n’ignorent pas que la force des marchés risque de l’emporter sur les promesses de la campagne.
La pseudo-indifférence dont témoigne présentement la Bourse ne doit pas faire illusion et le retour en grâce des valeurs mobilières conduire à un optimisme béat : au moindre faux pas du prochain locataire de l'Élysée, elle pourrait se retourner du jour au lendemain, car la situation financière internationale demeure fragile. La France devra montrer qu’elle s’oriente résolument dans un programme de redressement à l’image de ce qu’accomplissent la plupart de ses partenaires, sous peine de connaitre un réveil douloureux.
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