Bordel à l'Elysée : le gouvernement est-il schizophrène ou peut-il se permettre de dire tout et son contraire parce qu'il ne fait rien ou presque ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un haut fonctionnaire cité par "Le Canard enchaîne" évoque un "bordel gouvernemental qui bat tous les records".
Un haut fonctionnaire cité par "Le Canard enchaîne" évoque un "bordel gouvernemental qui bat tous les records".
©Reuters

Cafouillages

Alors que le débat sur l'éventuelle hausse de la fiscalité sur le diesel accusé de provoquer 40 000 morts par an en France se poursuit au sein même de la majorité, "Le Canard enchaîné" cite un haut fonctionnaire affirmant que le "bordel gouvernemental bat tous les records".

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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Atlantico : Le débat sur l'éventuelle hausse de la fiscalité sur le diesel accusé de provoquer 40 000 morts par an en France se poursuit au sein même de la majorité. Arnaud Montebourg ne veut pas pénaliser les constructeurs tandis que les écologistes ne sont pas sur la même longueur d'onde. De même, le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations de fermeté tandis que  la garde des Sceaux, Christiane Taubira, cherche à rompre avec le consensus sécuritaire des années Sarkozy. Enfin, sur le plan économique, il est également difficile de distinguer la ligne directrice du gouvernement. Durant la campagne présidentielle, François Hollande défendait l’idée d’une relance européenne. Aujourd’hui, il semble davantage vouloir emprunter le chemin de la rigueur. Le gouvernement français est-il totalement schizophrène ?

Thomas Guénolé : Le gouvernement est  victime de son époque. Les médias de masse sont entrés dans une culture de la quantité, de l'instantanéité et du flux tendu. Puisqu'il faut sans cesse nourrir les tuyaux, le gouvernement est sous la pression constante de cette demande. De fait, des ministres, secrétaires d'état, membres de cabinets parlementaires qui devraient se taire, parlent.

L’exécutif semble peiner à définir un cap. Dans ce contexte, n’est-il pas condamné à l’immobilisme ?

L'exécutif a bien un cap : une politique d'austérité, avec le début de l'augmentation des recettes par la taxation l'année dernière, et le début de la baisse des prestations publiques cette année. Simplement, il ne l'assume pas comme telle, au mépris de l'évidence.

La notion de discipline gouvernementale a-t-elle totalement volé en éclat dans ce gouvernement ?

Elle a volé en éclats plus tôt, dans la première moitié des années 2000, lorsque Nicolas Sarkozy a brisé tous les codes et coutumes de discipline ministérielle en les enfreignant l'un après l'autre comme ministre de Jacques Chirac.

Depuis, chaque ministre essaye de se comporter comme un président miniature dans son domaine de compétence, en annonçant des décisions sans qu'il y ait eu décision de la hiérarchie, en communiquant sans faire valider par Matignon, bref, en faisant tout pour se pousser du col. Les intéressés oublient ce faisant que "ministre" signifie étymologiquement "serviteur". Cependant, in fine, cela se termine par un recadrage venu de Matignon qui reste donc bien maître de l'agenda du gouvernement et de sa communication.

Parallèlement, il ne faut pas oublier que parfois, un ministre qui s'exprime est envoyé délibérément par sa hiérarchie pour tester si une idée de réforme passe ou pas dans l'opinion, l'intérêt étant de pouvoir ensuite, si un lobby se braque, tout de suite se replier en indiquant que le ministre s'exprimait sans avoir fait valider sa position par Matignon. Cette grosse ficelle est banale depuis plus de trente ans.

Peut-on, malgré tout, distinguer une ligne directrice claire dans l’action du gouvernement ?

Oui, la politique d'austérité. Cependant la droite au pouvoir ferait la même chose. La seule vraie différence entre eux, sur ce plan, c'est la répartition de l'effort fiscal.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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