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Blocages dans les universités : retour aux années 70 ou nouvelle ère ?
©AFP

Société, tu m'auras pas

La contestation face à la loi réformant l'accès à l'université gagne du terrain. Et des points communs se retrouvent avec des mouvements des années 70.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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Atlantico : Quels sont les marqueurs de  ces mouvements étudiants et de cette nouvelle génération ?

Eddy Fougier : On trouve des points communs dans les “causes” avec les mouvements des années 70 (remises en cause du capitalisme, de l'autorité , modes d'action etc) mais les affrontements entre groupes de type extrême gauche (anarchistes, trotskystes) et extrême droite (Occident, Gud…) ont quasiment disparu. La différence majeure tient au fait ce n’est plus une culture politique commune qui fédère ces groupes, parce que "tout simplement " ils savent qu’ils ne changeront rien et ont intégré la défaite. Le nihilisme caractérise cette génération plus que les autres. Tout est remis en question, et pas seulement la légitimité des autorités universitaires, qui par ailleurs semblent douter elles-mêmes de leur propre légitimité! Ce sont des activistes dépolitisés, des gens intelligents et diplômés qui remettent en cause tous les savoirs, et qui ne font aucune projection dans l’avenir. Ils n'ont pas vraiment d’idées à mettre en avant ou à défendre ni de but précis. Une seconde caractéristique découle directement de ce constat : désormais c'est l'action, son efficacité  et son résultat qui prime et qui devient leur élément structurant.  

Le recours à l'occupation d'universités et au blocage de lieux publics a toujours existé comme mode d'action, mais les mouvements actuels révèlent-ils des bouleversements dans la société actuelle?

On retrouve bien sûr des procédés communs avec les années 70, mais les intentions n'ont plus grand-chose à voir! Dans les ZAD, une partie des occupants peut croire dans l'idée d'un "laboratoire innovant" mais  on est quand même très loin du communautarisme “hippie” incarné par le Larzac. Les zadistes cherchent surtout un lieu repli sur soi, le but de leur autosuffisance étant surtout de pouvoir se couper de la société, à l'image des groupes survivalistes. La Zad de Bure n'est plus vraiment un lieu de contestation du nucléaire,

Dans un communiqué, les étudiants de Sciences Po dénoncent une "école qui sert de laboratoire aux politiques d'éducation néolibérales et racistes telles que celles orchestrées aujourd'hui par le gouvernement". Le blocage de Sciences Po est-il révélateur d'un changement au sein même de la "fabrique des élites"?

Oui, avec un phénomène nouveau de désintérêt de ces futures élites pour des parcours pourtant prestigieux en entreprise ou dans les cabinets ministériels. Une partie de ces étudiants n'adhèrent plus à ce modèle, car ils ne croient pas non plus dans un quelconque changement, y compris à des postes élevées. C'est un signal inquiétant pour le pouvoir et pour Emmanuel Macron, qui est l’incarnation de cette élite mondialisée, sociale-démocrate bon teint, etc. Le vrai danger de ces mouvements, c’est leur éloignement et leur indifférence aux projets de société qu'on leur impose.

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