Bettencourt, Chirac, Vergès, Dumas… Le Loft Story du 3e âge<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Loft Story et ses avatars avaient déjà permis d’explorer l'étonnante crétinerie d’une partie de la jeunesse.
Loft Story et ses avatars avaient déjà permis d’explorer l'étonnante crétinerie d’une partie de la jeunesse.
©

Zone franche

D’accord, la vieillesse est un naufrage, mais que font donc les sauveteurs de la SNSM quand on a besoin d'eux ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Loft Story et ses avatars avaient déjà permis d’explorer l'étonnante crétinerie d’une partie de la jeunesse. Isolez un groupe d’adulescents judicieusement sélectionnés pour leur manque crasse de culture, l’étroitesse de leurs centres d’intérêt et le volume de leurs prothèses mammaires, filmez-les 24 heures sur 24, agrégez leurs perles pour diffusion en prime time, c’est prêt, servez.

Avec Liliane Bettencourt et Jacques Chirac, c’est un peu la même chose pour les vieux. Rien ne nous est plus épargné de leur décrépitude et, là où il serait raisonnable de les laisser parcourir les derniers kilomètres dans la discrétion, d’aucuns en ont manifestement décidé autrement.

Prenez la femme la plus riche de France (ou même du monde selon les classements) : je me fiche personnellement de savoir où en est la perte de « ses capacités cognitives» et leur « altération par une maladie cérébrale », mais suivre le plus passionnant feuilleton politico-financier de ces dernières années est devenu impossible sans lecture préalable de son dernier bulletin médical.

Tiens, même François Mitterrand ne communiquait pas autant sur l’évolution de son excellente santé

Pour autant, lorsqu’on achète une île à plusieurs dizaines de millions de brouzoufs par inadvertance et qu’on en verse encore quelques uns au capital d’une société dont on connaît à peine le nom, c’est peut-être qu’il est temps de raccrocher les gants. Ou au minimum de ne plus combattre en public.

Placement d'office

Las, dans le Loft des vieux, à l’inverse du Loft des jeunes, on n’entre pas volontairement : on est plutôt placé d’office. Mamie Zinzin, entre ses conseillers désintéressés et ses médecins à peine concernés, elle n’a sans doute plus le choix de sortir du jeu pour indigence terminale. D’un autre côté, la femme la plus riche de France (ou du monde) qui voudrait passer pour indigente, qui marcherait ?

Chirac, son Loft de vieux a lui, c’est la campagne présidentielle de 2012. Enrôlé de force par sa fille et son gendre ― dont on murmure qu’ils auraient relu sa biographie de tellement près qu’il y apprend lui-même des trucs ―, le voici faisant la promo de François Hollande au grand dam de Villepin, qu’il est tout de même censé soutenir dans son combat contre l'autre affreux.

Au grand dam de Hollande aussi, mais c’est une autre histoire.

Je le lis dans Le Monde, l’ancien président « n’a plus de sur-moi » et, s’il « trouve qu’une fille a de beaux seins, il le dit sans se gêner (...) et appelle tout le monde pépère ». « Il marche difficilement, entend très mal, ne soutient plus de conversations de plus de 45 minutes, poursuit le quotidien : au-delà, il paraît souvent décrocher, laissant son interlocuteur poursuivre seul ou répétant une anecdote déjà racontée ».

Hum, l’humour corrézien a bon dos, mais d’ici à ce que Chirac commence à offrir de l’argent et des tableaux de maîtres à un obscur photographe, il n’y a qu’un pas...

Le problème, c’est qu’avec les jeunes crétins du Loft, on pouvait se moquer sans retenue. Un jeune, ça a toute la vie devant lui pour essayer de de le devenir moins, crétin. Avec les vieux, on est mal à l'aise. D’abord parce qu’on sait bien qu’ils n’ont pas toujours été dans le même état ; ensuite parce qu’on se dit qu’on finira tôt ou tard par leur emboîter le pas.

D'ailleurs, en ce qui me concerne, le jour où je propose de prendre la défense de Kadhafi façon Vergès-Dumas, promettez-moi d'appeler la SNSM. Ce n'est pas parce que la vieillesse est un naufrage qu'on n'a pas droit à une bouée.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !