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Bertrand Cantat : ces premiers signes qui auraient dû pousser Marie Trintignant à le quitter tout de suite
©Reuters

Bonnes feuilles

10 ans après la mort de l'actrice Marie Trintignant sous les coups du chanteur Bertrand Cantat, Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard enquêtent sur la relation fusionnelle du couple. Extrait de "Marie Trintignant - Bertrand Cantat : l'amour à mort" (1/2).

Stéphane  Bouchet et Frédéric Vézard

Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard

Stéphane Bouchet, reporter au Parisien en 2003, fut le premier journaliste français présent à Vilnius au lendemain des faits ; il dirige aujourd'hui une agence de presse audiovisuelle. Frédéric Vézard, également reporter au Parisien à cette époque, a couvert l'affaire, assistant notamment au procès de Bertrand Cantat en Lituanie. Devenu rédacteur en chef à l’Équipe, il est l'auteur de "La France des tueurs en série" (Flammarion, 2002).

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Début septembre, Marie invite Bertrand à passer un week-end dans sa maison du Gard. Il franchit le pas mais décide d’en parler à son épouse avant d’accepter. « Il m’a dit être invité chez Marie, à Uzès, se souvient Kristina. Je me suis posé des questions. Elle le cherchait et il en était touché. Cette relation s’est installée lentement. Il s’en voulait énormément de me faire cela et de faire cela à notre enfant à naître. Il m’a accompagnée jusqu’à la naissance à venir. Je l’ai poussé à me quitter. »

Dès l’origine, aux yeux de Bertrand Cantat, son histoire d’amour avec Marie Trintignant est donc placée sous le signe de la culpabilité. Quand Alice naît, fin septembre 2002 à Bordeaux, son père est présent dans la salle d’accouchement. Les jours qui suivent sont pénibles. Bertrand est perdu. Il paraît déprimé, malheureux, suspendu aux petits messages de Marie. Kristina lui demande de partir. Au début du mois d’octobre, il prépare ses affaires et prend le train pour Paris. Marie l’attend. Bertrand s’installe à l’hôtel. C’est là qu’ils passent leur première nuit ensemble. Comme n’importe quel couple illégitime. Elle prend les choses en main et demande à Samuel Benchetrit de quitter la maison de la rue de la Mare. Cette grande bâtisse, située au fond d’une impasse et entourée d’un jardin, appartient à Marie. Samuel encaisse le coup, mais réclame un peu de temps pour s’organiser. « Je tenais à préserver nos relations, confiera-t-il plus tard. Je ne voulais pas me mêler de leurs histoires. Je n’appelais Marie qu’en cas de nécessité. Je le savais très jaloux. Elle m’en parlait. Mais son amour était très fort. »

D’octobre à décembre, Marie et Bertrand s’aiment comme des adolescents. Ils passent le maximum de temps ensemble, se bombardent de messages tendres lorsqu’ils sont séparés par leurs obligations professionnelles, se fixent des rendez-vous secrets. Marie s’occupe de ses enfants. Bertrand ne manque pas d’appeler régulièrement son fils Milo. La tournée de Noir Désir n’est pas terminée. Son père est absent mais le petit garçon ne comprend pas que quelque chose a changé.

Fin décembre, lors du dernier concert du groupe à Évry, dans l’Essonne, Cantat présente Marie aux autres membres de Noir Désir. « Il m’a dit qu’il était avec elle depuis le mois de juillet, raconte le guitariste, Serge Teyssot-Gay. Elle est venue nous voir à Évry et a passé la soirée avec nous. Il était amoureux comme jamais. C’était comme si Bertrand avait trouvé la femme de sa vie. Il l’embrassait tout le temps. » Marie fait des efforts pour que cette nouvelle reconstruction de sa vie se passe au mieux. Celle que son entourage appelle parfois « la reine des familles recomposées » se rapproche de Kristina. L’épouse de Bertrand veut faire sa connaissance avant d’accepter de lui confier ses enfants.En novembre 2002, Marie rejoint donc Bertrand à Bordeaux. Elle rencontre sa « rivale ». « Marie est venue, se souvient Kristina. Nous avons discuté de sa relation avec Bertrand, pour résoudre les problèmes… Elle n’a jamais exprimé de prétentions pendant nos conversations. Ses paroles étaient gentilles et tendres. »

En janvier 2003, les deux amants franchissent une étape importante : Bertrand s’installe dans la maison de la rue de la Mare. C’est à partir de cette date que les premières difficultés apparaissent. Il y a d’abord l’attitude de Samuel Benchetrit, vite jugée ambiguë par le chanteur. Le réalisateur affirme avoir tout fait pour faciliter la transition, mais ce n’est pas l’avis des proches de Bertrand Cantat. « J’ai appris par ma soeur Anne, qui travaille dans le milieu du cinéma, que Samuel Benchetrit vivait très mal leur séparation. Il pétait les plombs et était très malheureux », rapporte Xavier Cantat.« Ma fille m’a dit que Bertrand et Marie vivaient un enfer, qu’ils étaient harcelés par Samuel Benchetrit », ajoute Danièle Cantat.

Quelle que soit la réalité de ces affirmations – il ne s’agit que de propos rapportés dans le cercle familial par la soeur de Bertrand –, elles donnent des indications précieuses sur l’état d’esprit de Bertrand Cantat et de ses proches en ce début d’année 2003. D’autant que, dans la maison de Belleville, le nouvel arrivant a des rapports délicats avec Roman Kolinka, le fils aîné de sa compagne âgé de dix-sept ans.

« Au début, je n’avais pas de bonnes relations avec lui, reconnaît ce dernier. En effet, je préférais mon précédent beau-père, Samuel Benchetrit. J’avais du mal à accepter Bertrand. Ensuite, cela allait mieux mais je n’avais pas beaucoup de discussions avec lui. Il ne m’intéressait pas. C’est quelqu’un qui parlait essentiellement de lui. Il dormait peu et avait des problèmes d’insomnie. Il suivait tout le temps ma mère… » L’adolescent apporte aussi un éclairage différent sur l’attitude du réalisateur à l’égard du couple : « Samuel me demandait de faire des efforts vis-à-vis de Bertrand, de bien vouloir l’accepter, notamment pour ma mère. Quand elle quitte quelqu’un, c’est qu’elle ne l’aime plus. Bertrand était jaloux de tout ce qui pouvait concerner ma mère. »

(...)

Les amies de Marie Trintignant perçoivent, elles aussi, un malaise. La plus proche d’entre elles, l’actrice Zoé Chauveau, ne cache pas son animosité envers le chanteur. « Quand nous l’avions rencontré, avec Marie, il tenait un discours en contradiction avec son statut professionnel. Il rejetait la société capitaliste avec haine, mais se trouvait sous contrat avec une multinationale et profitait des avantages qui en découlaient. Nous avons perçu avec un certain malaise sa violence rentrée, son caractère possessif. »

La chanteuse et comédienne Lio, qui partage une récente complicité avec Marie, va encore plus loin : « Marie était une femme sous influence. Bertrand flippait sur son passé. Il était très jaloux. Elle me l’avait dit textuellement. Elle envoyait des textos toute la journée pour le rassurer. »

Extrait de "Marie Trintignant - Bertrand Cantat : l'amour à mort", Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard, (Editions l'Archipel), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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