Baisse du chômage et hausse de l’inflation : les salaires vont-ils augmenter en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Peut-on s'attendre à une hausse des salaires au regard de la situation économique et du marché du travail ? 
Peut-on s'attendre à une hausse des salaires au regard de la situation économique et du marché du travail ?
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Perspectives économiques

Le nombre de chômeurs (en catégorie A, sans activité) a enregistré en France (hors Mayotte) une nouvelle forte baisse de 5% au premier trimestre 2022 par rapport au trimestre précédent, soit 169.100 inscrits en moins. Dans ce contexte et avec la poussée de l’inflation, l'état du marché du travail en France et l'action de la BCE peuvent-ils avoir un impact sur les hausses de salaires ?

Nadia Gharbi

Nadia Gharbi

Nadia Gharbi, économiste Europe chez Pictet Wealth Management depuis 2012. Avant de rejoindre Pictet, elle a été assistante en économie politique à l’université de Genève. Elle a obtenu une maitrise universitaire en sciences économiques, mention économie financière et monétaire, de l’université de Genève en 2011.

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Atlantico : Selon les derniers chiffres de l’Insee, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A a diminué de 5% au premier trimestre. Au total, ce sont un peu moins de 3,2 millions de personnes qui sont sans emploi. Dans ce contexte, couplé à l’inflation, peut-on s'attendre à une hausse des salaires ? 

Nadia Gharbi : Si nous regardons les statistiques actuelles, le marché du travail européen ne connait pas de tensions salariales fortes à la différence des Etats-Unis. Toutefois, nous pouvons nous attendre à une hausse des salaires en 2022.

L’une des raisons principales est la tension sur le marché du travail. Le chômage est au plus bas en zone euro et dans certains pays, une pénurie de main-d’œuvre se fait sentir. C’est le cas par exemple, dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration en France ou de la construction et l’industrie dans d’autres pays. Les difficultés de recrutement pourrait pousser les salaires à la hausse. Autre facteur important, la hausse des prix pourrait conduire à des revendications salariales plus fortes en 2022.

Pour la zone euro, la croissance annuelle des salaires négociés se situe actuellement à 1,4% (d’après les dernières données) et pourrait osciller autour de 2%-3% d’ici la fin de l’année.

En termes de pur raisonnement économique, pourquoi pourrait-on s’attendre à cette hausse des salaires ? 

Oui, la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs ains que la hausse des prix pourrait conduire à des revendications salariales plus fortes.

Dans les exemples étrangers et notamment américains sur la dernière décennie, la situation favorable sur le plan de l’emploi s’est-elle traduite par une hausse des salaires ? 

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Aux États-Unis, le choc de la pandémie a provoqué une chute de la participation. L’offre de travail est plus faible qu’avant la pandémie du entre autres à de nombreux départs en retraite anticipés et à la baisse des flux migratoires. Ceci explique que les employés en poste ont un fort pouvoir de négociation. Si nous désagrégeons la statistique des salaires aux États-Unis, nous pouvons observer que la hausse des salaires est particulièrement forte dans le secteur des services, en particulier dans l’hôtellerie ou la restauration.

En zone euro, grâces aux aides étatiques, les entreprises ont gardé leurs employés et la participation n’a que très peu baissé. C’est l’une des raisons qui explique pourquoi la hausse des salaires a été moins soutenue en zone euro.

Un scénario où le chômage baisse et les salaires n’augmentent pas est-il possible ? Qu’est ce qui pourrait l’expliquer ? 

C’est bien évidemment possible. Cela pourrait s’expliquer par le degré d’incertitude au niveau des perspectives économiques.

Le conflit russo-ukrainien et son impact sur le prix des matières premières rongent les profits des entreprises. A cela s’ajoute le fort ralentissement de l’économie chinoise et les problèmes sur les chaines d’approvisionnement. Ce contexte complexe et incertain pourrait conduire les entreprises a une certaine prudence.

En France, le fait que le marché du travail ne soit pas parfaitement tendu peut-il nuire à cette tendance à la hausse des salaires ? 

Oui, toutefois, le fort hause des prix de l’énergie et la perte de pouvoir d’achat des ménages est propice à réclamer une compensation. Dans plusieurs pays, le salaire minimum a été ou sera réévalué. C’est le cas par exemple de l’Allemagne, ou une forte hausse du salaire de base (de 9.6 euros à 12 euros l’heure) est programmée d’ici fin 2022.

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Dans le contexte actuel, la France est-elle dans la même situation que ses voisins directs ? A-t-elle les mêmes perspectives ? 

Nous nous attendons à ce que la France résiste mieux au contexte actuel que d’autres économies européennes comme par exemple l’Allemagne. Ceci s’explique par une dépendance moins forte au gaz russe ainsi qu’une part de l’industrie dans l’économie moins élevée.

L’action de la BCE peut avoir un impact sur une hausse des salaires ? 

La politique monétaire de la BCE n’a que peu d’influence direct sur les salaires, en revanche les salaires sont une variable que la BCE monitor de près étant donné son importance sur la dynamique d’inflation de moyen terme. A ce stade, la BCE a suffisamment confiance sur l’état du marché du travail et sur les améliorations des derniers mois pour commencer son cycle de hausse de taux en juillet ou en septembre.

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