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Baisse des ventes de cigarette de 9% : la cigarette électronique a-t-elle permis une baisse du tabagisme ?
©REUTERS/Mario Anzuoni

E-commerce

Plus de 10,513 milliards de cigarettes ont été livrées aux buralistes de l'Hexagone entre le 1er janvier et le 31 mars. C'est un milliard de moins qu'entre le 1er janvier et le 31 mars 2013. Dans le même, le marché de la cigarette électronique est en pleine croissance : 1,5 million d'utilisateurs réguliers, près de 2500 points de vente spécialisés pour un marché de 275 millions d'euros fin 2013.

Gérard Dubois

Gérard Dubois

Gérard Dubois est membre de l’Académie nationale de médecine, où il occupe la fonction de président de la Commission Addictions. Il est le co-auteur du rapport des "Cinq sages" au ministre des Affaires sociales sur la Santé Publique à l'origine de la loi Evin.

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Atlantico : 9% de ventes de cigarettes en moins au premier trimestre. C'est un milliard de moins qu'il y a un an à la même période. Quel est le rôle de la cigarette électronique dans cette baisse ? Quels sont les  autres facteurs déterminants ?

Gérard Dubois : La baisse observée depuis fin 2012 est probablement due à deux faits concomitants. Le premier est que l’industrie du tabac a été prise à son propre piège. Une augmentation faible et isolée des prix (<5%) n’est pas suivie d’une baisse des ventes et se révèle donc très profitable pour elle, les buralistes et accessoirement l’Etat. Seulement la répétition trop rapide de ces augmentations a probablement fini par être dissuasive. L’industrie paierait ainsi une trop grande gourmandise de profits. L’autre élément participant lui aussi à la baisse constatée est l’augmentation rapide de l’utilisation des cigarettes électroniques qui semblent fournir la nicotine sous une forme appréciée des fumeurs sans l’inconvénient de la présence des goudrons cancérogènes et du monoxyde de carbone lié aux effets cardiovasculaires. Il est difficile de mesurer le poids respectif de ces deux causes identifiées de la baisse des ventes de tabac depuis fin 2012.

La cigarette électronique a fait reculer le tabagisme en France, selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), publiée par Les Échos. Est-elle en train de remplacer la vraie cigarette ?

La cigarette électronique ne remplace encore que marginalement les cigarettes tabac. Cependant la croissance rapide de ce marché inquiète les cigarettiers qui n’hésitent pas à utiliser à son encontre les mêmes bobards que ceux qu’elle a utilisé contre les substituts nicotiniques, grossissant énormément dans des médias complices, repris sans vérification, les dangers potentiels (explosions, intoxications nicotiniques). Une règlementation de la cigarette électronique est d’ailleurs en préparation en France. Même électronique, la meilleure cigarette est celle que l’on ne fume pas mais la cigarette tabac tue la moitié de ses utilisateurs au long cours ce que la cigarette électronique ne fera jamais.

La cigarette électronique est-elle une alternative pérenne au tabac ? Assiste-t-on à un changement profond de consommation ?

Chez les fumeurs, la cigarette électronique est largement préférable à la cigarette tabac. Elle est appréciée d’un nombre grandissant de fumeurs et il est difficile d’estimer jusqu’où ce marché pourra évoluer. Cependant les financiers trouvent ce marché prometteur. Pour réellement réduire les risques, il faut éviter de l’associer avec le tabac car une réduction de consommation du tabac n’est pas associée à une réduction du risque du au tabac parce que le fumeur exploite mieux sa cigarette. il faut aussi éviter que la cigarette électronique devienne un porte d’entrée dans le tabagisme et donc interdire la vente aux mineurs et toute publicité. Enfin, son usage dans les lieux publics ou de travail y réhabiliterait le tabagisme et rendrait impossible l’application de l’interdiction de fumer dans ces mêmes lieux. L’usage public de la cigarette électronique n’est donc pas acceptable.

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