Ni Jaures, ni Blum... Kool Shen<!-- --> | Atlantico.fr
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Kool Shen rappeur du groupe NTM, une référence pour Martine Aubry
Kool Shen rappeur du groupe NTM, une référence pour Martine Aubry
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Nivellement par le bas

La IIIe et la IVe République ont vu défiler Jules Ferry, Georges Clemenceau, Raymond Poincaré ou Léon Blum... La Ve préfère Steevy Boulay, Jamel Debbouze ou Kool Shen. Exemples pour les jeunes, ils représentent la marque d'une vie politique en déliquescence.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Le niveau du débat politique est en baisse constante depuis des années. En effet, les politiques sont une espèce en voie de disparition (pour ne pas dire éteinte) puisque leur ont succédé les « pipolitiques ».

Ainsi, au nom du politiquement correct, du désir de plaire et de la branchitude tout est permis. Il faut ainsi essayer de plaire à tout le monde ou à défaut de ne pas déplaire au plus grand nombre. Ainsi il faut parler « djeun » aux jeunes, n’utiliser que des mots soupesés en toutes circonstances et ne pas hésiter à faire des fautes de français pour montrer qu’on est proche des gens et du terrain.

Drôle d’époque où les politiques doivent, pour se faire remarquer, descendre au niveau le plus bas possible comme n’importe quel quidam participant à une émission de télé réalité…

On est loin des grandes joutes oratoires de la IIIe République dans lesquelles s’affrontaient des tribuns aussi cultivés que convaincants, qui n’hésitaient pas à s’apostropher en maniant aussi bien le présent de l’indicatif que l’imparfait du subjonctif et qui resteront dans l’histoire, qu’il s’agisse de Jules Ferry, de Georges Clemenceau, de Raymond Poincaré ou de Léon Blum.

Les temps ont bien changé depuis cette époque, aux joutes oratoires ont succédé le volapuk technocratique enseigné sur les bancs de l’Ecole Nationale d’Administration et le but ultime de la politique étant le « consensus », la gauche et la droite ne font désormais plus qu’un comme un mitigeur transforme l’eau chaude ou froide en eau sempiternellement tiède.

A chacun ses références

Pourtant les duels oratoires ont continué sous feu la IVe République et même dans les 15 premières années de la Ve opposant tantôt les poujadistes à la SFIO ou les gaullistes aux communistes. Dans ces échanges vifs et parfois musclés, on s’envoyait Marx, De Gaulle ou Maurras au visage. Et on citait Blum, Jaurès ou Barrès dans les meetings face à un auditoire qui ne comprenait généralement pas tout.

Oui les temps ont bien changé. En 2007, Steevy Boulay fût propulsé à la tribune aux côtés du Président de la République nouvellement élu et Ségolène royal n’hésita pas à danser un rap avec Jamel Debbouze sur le plateau de Canal +. On pouvait alors imaginer qu’on avait touché le fond mais, quatre ans et 56% d’abstention plus tard, on continue manifestement à creuser avec Martine Aubry qui a osé citer Kool Shen, un des deux protagonistes du groupe de rap répondant au nom poétique de « Nique Ta Mère » dans une réunion du Mouvement des Jeunes Socialistes. Pour pousser le ridicule un peu plus loin on attend désormais une visite de sa part à Aulnay ou Rennes où elle pourra pousser la chansonnette devant les ouvriers de PSA en leur chantant « Laisse moi zoum zoum zang dans ma Citroën-en-en » puisque désormais NTM a désormais droit de cité dans le débat politique.

Ni Jaurès, ni Blum, Kool Shen. Les références des politiques ont vraiment bien changé…

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