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Baisse de l’euro, du pétrole et des taux : comment savoir si vous ferez partie de ceux qui pourront en bénéficier
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Aubaine

Alors que le cours du pétrole a enregistré une chute de plus de 40% en six mois et que les taux d'intérêt restent historiquement faibles, l'euro flirte avec ses plus bas niveaux, autour d'1,18 dollar.

Olivier Passet

Olivier Passet

Olivier Passet est économiste et directeur des synthèses économiques chez Xerfi où il s'occupe du suivi des politiques économiques et des mutations de l’appareil de production.

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Atlantico.fr : Quels sont les secteurs les plus impactés par ces trois phénomènes ? 

Olivier Passé : C’est un choc positif pour l’ensemble des secteurs. On aime expliquer que la baisse des changes profite uniquement aux secteurs importateurs-exportateurs et moins ceux qui sont sur le territoire. Mais en fait la combinaison des trois et notamment les deux premiers impactent l’ensemble des secteurs et même ceux qui ne devaient pas être impactés. Nos anticipations pour 2015 et 2016 dans nos prévisions montrent un choc sur la consommation intérieure, mais aussi en Europe. Ce qui veut dire que des secteurs non abrités comme les services, mais aussi les filières comme le bâtiment peuvent en bénéficier. Il est très particulier car à la fois baisse des changes mais aussi matières premières. C’est une conjonction un peu miraculeuse. 

Il faut se référer à 1997 pour retrouver une conjoncture équivalente. Et une des conséquences importantes de ce choc est qu’il est positif sur les marges des entreprises grâce à la baisse concomittante du change et du prix des matières premières qui permettent de gagner en compétitivité aussi bien à l’extérieur qu’en intérieur. 

Comment peut-on cependant classer les secteurs du plus impacté au moins impacté ?

Les gros gagnants habituels sont les secteurs exportateurs et utilisateurs de ressources nationales et européennes. En tête, l’aéronautique bénéficiera très fortement, la chimie, la cosmétique, l’industrie pharmaceutique comme le luxe, c’est-à-dire l’industrie de haut de gamme (matières première et taux de change).

Autres gros bénéficiaires de la baisse du change, le tourisme, l’hôtellerie et la restauration avec un afflux de touristes notamment chinois et américains. 

Dans le secteur de la finance et des assurances, la décrue des prix et les faibles taux d’intérêts redonnent paradoxalement  une bouffée d’oxygène grâce au développement d'opportunités financières via les obligations d’entreprises, et avec des coûts de refinancement à 0 au niveau de la banque centrale. De surcroit, avec des actifs de monnaie étrangère qui vont s’apprécier. 

L’agroalimentaire, les vins et spiritueux, un des gros postes d’exportations français, profiteront également de cette conjoncture pour sortir d'une passe difficile.

Un point noir cependant, le secteur du bâtiment. Il s'agit d'un des secteurs les moins sensibles aux éléments de prix. La baisse des matières première est favorable mais sera neutralisée par la baisse du taux de change. Le problème, c'est que plusieurs secteurs intermédiaires sont en conséquence impactées vers le bas. 

Les secteurs qui relèvent des énergies renouvelables se trouvent également pénalisés avec une perte d’attractivité dans l’Est, et les Alpes, ainsi qu’une rentabilité relativisée. Ainsi que toutes les entreprises dans l’innovation du transport par exemple. 

La reprise américaine de 2011-2013 a été accompagnée par un triple baisse du prix de l'énergie, des taux d’intérêt et du dollar. En ont résulté des créations d'emplois dans le management et la finance, le transport et les métiers peu qualifiés dans la production.

Quelles seront les régions les plus favorablement exposées à ces baisses ? 

Le Sud-Ouest et plus particulièrement la région Midi-Pyrénées sera particulièrement porté par cette dynamique grâce à l’aéronautique. L'Île-de-France et la région centre bénéficieront du dynamisme du luxe et des cosmétiques. la région PACA également, où cette industrie est en développement. Mais toute amélioration de la situation économique de la région parisienne a un impact globalement positif sur l’ensemble du territoire.

Quels profils professionnels sortiront gagnants de cette triple baisse ? 

Comme le choc est diffus et qu’essentiellement cela redonnera une dynamique à la reprise, on peut penser que cette conjoncture profitera avant tout aux personnels peu qualifiés, ceux sortis du marché du travail, les intérimaires, les logisticiens qui sont les plus sensibles aux retournements de conjoncture. Il pourra redonner une bouffée d'oxygène aux emplois dans le commerce. 

On peut également attendre, sinon un ralentissement, une stabilisation des destructions d'emplois dans l’industrie (60 000 par an).

Une embellie économique profite également aux emplois qualifiés, particulièrement les professions liées au business et au management. En revanche, les professions à qualification intermédiaire sont en général impactées de façon moindre. 

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