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Baby-sitting : comment établir et garder une relation de confiance avec sa nounou
©Flickr

Bonnes feuilles

Dans Splendeurs et misères du baby-sitting, Brigitte Hemmerlin et Caroline Pastorelli parviennent à dépassionner la recherche d’une nounou grâce à un récit mêlant enquêtes et témoignages, conseils avisés et solutions salutaires. Extrait de "Splendeurs et misères du baby-sitting", publié chez Calmann-Levy, 2014 (2/2).

 Brigitte  Hemmerlin

Brigitte Hemmerlin

Brigitte Hemmerlin a été avocate au barreau de Paris de 1978 à 1981. Elle est aujourd’hui journaliste et écrivain.

 

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 Caroline  Pastorelli

Caroline Pastorelli

Caroline Pastorelli est journaliste et mère de famille.

 

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Vous avez repris votre travail depuis un bon mois maintenant. Tous les matins, vous déposez votre bébé chez l’assistante maternelle, première option, ou bien, seconde option, Jennifer, Maryam ou Fanny sonne à votre porte. Dans un cas comme dans l’autre, votre enfant est gardé, et son aîné dûment récupéré à la sortie de l’école. Et vous devriez être la plus heureuse des mamans – mais tel n’est pas le cas. Car même si vous avez engagé votre nounou, après une période d’essai concluante, quelques détails vous chiffonnent.

Ce n’est pas la fin du monde. Mais tout de même. L’autre jour, quand vous avez récupéré votre bébé chez l’assistante maternelle (si assistante maternelle il y a), sa couche était très sale. Vous vous êtes demandé quand, pour la dernière fois, il avait été changé. Puis elle a égaré son doudou, un petit ours rose, au cours d’une promenade. Heureusement, vous aviez prévu le coup. Vous aviez acheté trois exemplaires du même modèle. Mais tout de même. Il vous semble que votre enfant a moins d’appétit, le soir. Parce qu’elle glisse de la blédine dans son lait, alors que vous le lui avez interdit ? Quant à Jennifer, Maryam ou Fanny (si nounou à domicile il y a), elle n’essuie jamais le carrelage de la salle de bains. Résultat : il reste glissant et mouillé, et vous avez peur qu’elle tombe, alors qu’elle tient votre bébé dans ses bras 1. Voulant bien faire, elle a ruiné votre argenterie en la nettoyant avec une éponge bien grattante 2. Elle oublie systématiquement de faire lire votre grand, quand elle le ramène du CP. Et l’autre jour, vous l’avez trouvée devant la télévision avec lui, alors que vous lui aviez formellement interdit de l’allumer.

Raisonnez-vous. Ces détails – car ce sont des détails, rien de plus, même si vous vous en faites une montagne – ne sont rien à côté de huit à dix heures de garde vigilante. Comme l’immense majorité des nounous, la vôtre, qu’elle soit assistante maternelle ou à domicile, exerce sans doute parfaitement son métier. Seulement voilà. Malgré tous ses efforts, et Dieu sait qu’elle en fait, elle ne sera jamais – nous vous l’avons déjà expliqué – votre double parfait. Alors, au fil de ces supposés manquements aux consignes, votre relation connaîtra forcément des hauts et des bas, des périodes de parfaite entente et des moments de crise.

Comment, dans ces conditions, gérer le quotidien, et garder avec Jennifer, Maryam ou Fanny, une relation de confiance ? Si vous n’y prenez garde, les choses vont s’envenimer. Elle s’offusque de certaines de vos remarques, à vos yeux légitimes, rumine sa rancoeur. De votre côté, vous soupirez à chacun des écarts aux règles que vous avez imposées. De jour en jour, si vous n’y mettez pas le holà, les choses risquent de devenir de plus en plus difficiles. Pour éviter que tout cela ne dégénère, et que vous vous retrouviez au point de départ, chapitre 1, à la recherche de la perle rare, voici quelques conseils.

– N’oubliez jamais que, si elle doit respecter vos consignes, votre nounou a parfois de bonnes raisons (au moins à son sens) de les transgresser.

Exemple 1 : Si une assistante maternelle garde trois enfants, et qu’elle donne un bonbon à deux d’entre eux à l’heure du goûter, le vôtre se sentira lésé si elle l’en prive. Pas de sucre, avez-vous dit, mais à voir ses yeux suppliants, elle risque de craquer, et vous ne pourrez pas lui en vouloir.

Exemple 2 : Jennifer, Maryam ou Fanny a apporté des gâteaux dégoulinants de miel à l’occasion du ramadan. Elle les fait gentiment goûter à votre aîné, juste avant l’heure du dîner, alors qu’elle a interdiction de lui donner à manger entre les repas. Cela part d’une bonne intention, pas de la volonté de saper votre autorité…

Exemple 3 : Votre bébé doit manger des épinards à midi. Vous les lui avez préparés avec amour, êtes allée les acheter dans un magasin bio, les avez fait cuire et longuement moulinés. Le problème c’est que les épinards en question lui donnent des haut-le-coeur. Et que Jennifer, Maryam ou Fanny, justement, n’a pas le coeur de le forcer. Un biberon de lait les remplacera, mais vous, en l’apprenant, vous serez à la fois déçue et énervée…

– Calmez-vous. Réfléchissez. Plutôt que d’entrer en conflit ouvert avec votre nounou, ne vaut-il pas mieux essayer de composer ? Après tout, votre bébé a toute la vie devant lui pour apprendre à aimer les légumes verts. Le grand n’aura pas forcément de carences alimentaires parce qu’il a chipoté à un dîner. Les bonbons ne sont pas forcément des aliments sataniques. Le reste à l’avenant…

– Être diplomate et savoir lâcher du lest, c’est intelligent. Néanmoins, certaines choses ne sont définitivement pas négociables.

Exemple 1 : Vous détestez les « totottes », votre nounou en colle une dans le bec de votre bébé.

Exemple 2 : Elle ne veut pas mettre votre bébé sur le pot, parce qu’à son sens c’est trop tôt, alors qu’avec vous il y va sans problème.

Exemple 3 : Elle estime que faire les devoirs, cela n’est pas si important, alors qu’il fait si beau dehors. On touche là à un vrai problème d’éducation et, en la matière, c’est vous qui devez garder la main.

– Maintenez avec elle, en toutes circonstances, la distance qui sépare employeur et employé. Ne la tutoyez pas. Ne vous laissez pas tutoyer.

– Votre nounou n’est pas votre amie. Vous pouvez, bien sûr, lui offrir de temps à autre un cadeau, ou accepter les siens – une babiole, rapportée de l’étranger par exemple, des gâteaux faits maison. Ne l’introduisez pas pour autant dans votre cercle de famille. Elle n’a rien à faire à l’anniversaire de vos enfants, qu’elle peut fêter de son côté, si elle le souhaite.

– Certes, Jennifer, Maryam ou Fanny a de l’expérience, et vous êtes une toute jeune maman. Acceptez ses conseils. Mais ne les prenez pas pour argent comptant. Si vous tenez par exemple à un mode d’alimentation – du lait, exclusivement, jusqu’à 18 mois par exemple, parce que votre pédiatre vous l’a recommandé –, ne lui permettez pas de mettre ce régime en cause et oubliez ses « à son âge, ce petit devrait manger des légumes et de la viande, il va nous tomber malade ».

– Ayez confiance. Mais restez vigilante. Votre enfant peut, comme tous les autres, faire une chute et s’écorcher le genou. Si son corps est parsemé de bleus, peut-être que ce n’est pas seulement parce qu’il est turbulent (voir 3e partie, chapitre 1). Mais attention. Vigilance ne veut pas dire paranoïa, nous y reviendrons.

– Ne soyez pas jalouse de votre nounou. Vos enfants sont attachés à elle, et c’est bien normal. Comme le dit joliment le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan : « Les liens sécurisants que l’enfant va développer avec l’assistante maternelle et sa famille lui permettront d’avoir des racines qui lui donneront envie de déployer ses ailes 1. » Pour autant, qu’elle soit assistante maternelle ou à domicile, elle ne vous remplacera jamais. Vous êtes leur maman…

Vous hochez la tête, un rien dubitative. Bien sûr, tous ces conseils sont judicieux. Évidemment, vous allez les appliquer, et à la lettre. Mais à promener vos enfants au square, à papoter avec d’autres mamans, à lire, aussi, les forums qui pullulent sur Internet, vous avez cru comprendre qu’en la matière, les choses ne sont pas si simples, et que gérer une relation avec une nounou ne relève pas toujours d’un long fleuve tranquille. Vous avez raison. La nounou idéale est, comme l’explique Françoise Näser, « tendre comme un Bisounours, gaie comme un pinson, polyglotte, rapide comme l’éclair, créative comme Picasso, d’une résistance à toute épreuve, ingénieuse comme un Schtroumpf, cuisinière dans l’âme ». Elle a une « patience d’ange, une mémoire d’éléphant, une voix douce et forte, un corps garanti à toute épreuve, des yeux tout autour de la tête, un filtre nasal, un dictionnaire intégré, des oreilles bioniques avec contrôle d’intensité ». Sans oublier « huit bras comme une pieuvre, un coeur gros comme ça, des doigts de fée, des jambes d’athlète, et un système immunitaire révolutionnaire » 1. Mais au cours de notre enquête, nous avons malheureusement constaté que toutes les nounous ne sont pas taillées exactement sur ce modèle. Et qu’une garde génère immanquablement un certain nombre de vrais problèmes…

Extrait de "Splendeurs et misères du baby-sitting", de Brigitte Hemmerlin et Caroline Pastorelli, publié chez Calmann-Levy, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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