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Comment l'enrichissement des pays émergents pourrait bien mener la France à la faillite
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Boule de crise'tal

En s'enrichissant, les pays pauvres consomment plus et épargnent moins. Moyennant quoi, les taux d'intérêt sur le crédit augmentent. Dans "Pourquoi la France va faire faillite", Simone Wapler propose un "kit de survie" pour que chacun comprenne les mécanismes de la crise financière actuelle, puisse éviter d'être euthanasié par les taux bas et l'inflation, et parvienne à protéger son patrimoine, petit ou grand (Extrait 2/2).

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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Chaque jour, l’État français dépense 280 millions d’euros qu’il n’a pas. Chaque jour, l’État français doit emprunter 800 millions d’euros. Une partie de l’emprunt couvre le trou de 280 millions d’euros, le reste finance la dette publique, le trou déjà creusé durant trente-sept ans.

Après trente-sept années de « progressivement », le moment du « subitement » est imminent. Une génération – trente années – de taux d’intérêt très bas touche à sa fin. Emprunter va coûter de plus en plus cher. Ce n’est plus 800 M€2 qu’il va falloir trouver mais beaucoup plus.

« Ce n’est pas possible, pensez-vous, cela ne peut pas durer, c’est absurde ! »

Vous avez raison. Cela ne peut pas durer. Non pas parce que c’est absurde : beaucoup de situations absurdes s’éternisent pour la simple raison qu’on les juge raisonnables. Mais cela ne va pas durer longtemps tout simplement parce que nous allons faire faillite, ou plus exactement défaut puisque c’est le terme technique que l’on emploie dans le cas d’un pays. Un jour, nous ne trouverons pas les 800 M€, on refusera de nous les prêter. « On », c’est-à-dire vous-même et votre livret de Caisse d’Épargne ou votre assurance-vie ou bien les investisseurs étrangers. Ce jour-là, nous ferons faillite.

Dans un sens, c’est une excellente nouvelle, car si on nous prêtait toujours plus, nous terminerions réduits en esclavage pour rembourser la dette publique… N’est-ce pas la définition de l’esclavage que de travailler sans salaire en gagnant juste de quoi survivre ?

Comment et pourquoi nous en sommes arrivés là, c’est le propos de ce livre ; mais surtout ce que vous pouvez faire, vous, pour vous préparer à la faillite nationale.

Car il vous faudra traverser cette délicate période le mieux possible pour ensuite pouvoir profiter à plein du retour à une véritable prospérité.

Pourquoi les taux d’intérêt vont augmenter

Dans le monde autour de nous, il y avait jusqu’à présent plus d’épargne qui cherchait à se placer que de besoins d’emprunt. L’abondance fait baisser les prix : c’est vrai aussi pour le crédit qui ne coûtait pas cher. Mais une page d’Histoire se tourne sous nos yeux.

Pour refinancer la dette arrivant à maturité, les États souverains de la zone euro et les banques doivent trouver en 2012 sur les marchés 1 900 Mds€[1], soit près de 9 Mds€ par jour. Nous sommes en concurrence avec beaucoup de monde dont la solvabilité est bien moins douteuse. « Depuis que la crise a commencé à devenir sérieuse en 2008, les investisseurs institutionnels se sont régulièrement posés la question de savoir quelles étaient les valeurs refuges – les obligations françaises arrivant en dernier d’une longue file. »[2]  Ce type de commentaires est mon pain quotidien. Les medias français se gardent bien de vous les relayer.

Les Échos du mercredi 21 mars 2012 : « La fin du salarié low cost se profile déjà en Asie. » Vous pourriez penser que c’est une excellente nouvelle, un rééquilibrage qui nous rendra plus concurrentiels ou compétitifs, mais en réalité c’est l’inverse.

Cela indique que l’excès d’épargne qui prévalait va se tarir, ce qui va accélérer notre faillite nationale. Cela peut vous sembler surprenant, mais l’explication est assez simple. La Chine va plus consommer et il y aura moins d’argent disponible pour nous prêter.

L’ancien équilibre mondial s’organisait de la façon suivante : des pauvres produisaient à bas coût ce que des riches achetaient à crédit. Au lieu de dépenser leur argent durement gagné, de réclamer des vacances, des RTT, une couverture sociale, une assurance maladie, les pauvres se sont acharnés à épargner. De cette façon, ils pouvaient faire crédit aux riches. Comme les pauvres épargnaient plus vite que les riches ne s’endettaient, les taux d’intérêt baissaient, le crédit ne coûtait pas cher et les riches avaient l’impression de rester riches.

C’était une situation absurde, puisque les pauvres faisaient crédit aux riches. Cependant, peu de gens trouvaient grand-chose à redire à cet équilibre mondial. Aux pays dits émergents les cheminées d’usine et le sale boulot d’extraction et de transformation des matières premières. Aux pays dits développés les nobles besognes de conception et les raffinements de l’industrie des services avec, au sommet de la pyramide hiérarchique, l’industrie financière. Jusqu’au jour où…


[1] MoneyMorning Australia, 25 février 2012, Europe’s Road to Nowhere, Satyajit Das.

[2] David Turner, Institutional Investor, 16 janvier 2012.

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Extrait de Pourquoi la France va faire faillite: et ce que vous devez faire pour en sortirIxelles Editions (23 mai 2012)

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