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Audace molle : sans calendrier pour ses réformes sur la compétitivité, le gouvernement se rend-il compte qu'il s'expose à tous les lobbies ?
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Editorial

Les restaurateurs et le secteur du BTP sont déjà vent debout contre la hausse annoncée de la TVA. Des obstacles qui n'augurent rien de bon sur ce que le gouvernement devra affronter le jour où il voudra amorcer les vraies réformes.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Il y a une sorte de paradoxe entre la gravité de la crise dénoncée par le gouvernement et la lenteur avec laquelle il met en place les mesures pour y remédier. Le Premier ministre a dévoilé quelques cartes, en laissant dans l’ombre l’essentiel : les réformes de structures que le monde entier attend, celle de l’Etat et des collectivités locales ainsi que le financement de la protection sociale.

Pour l’instant, deux points forts sont prévus pour amorcer un changement de cap : le crédit d’impôt accordé aux entreprises et le recours à la TVA pour le financer. Etonné par son audace qui représente pour une partie de son électorat une volte face par rapport aux propos de campagne, pour ne pas parler de reniement, le gouvernement a pris soin de repousser d’un an en 2014 les premiers effets du dispositif annoncé, en laissant entendre qu’il était prêt à consentir des aménagements.

Une manière de permettre à ses amis de s’habituer à la nouvelle voie, qualifiée par le ministre de l’Economie Pierre Moscovici de "révolution copernicienne". Le patronat, tout comme les instances européennes, ont salué une hardiesse à laquelle ils ne s’attendaient pas, afin d’encourager le gouvernement sur le chemin qu’ont déjà emprunté la plupart des partenaires de la France, tout en estimant que notre pays restait très en retrait de ce qu’il fallait accomplir pour éviter de tomber dans les zones à risque des pays du sud. Il reste que cet aggiornamento n’a pas manqué d’attiser la grogne d’une partie de la gauche parlementaire. Tandis que les délais accordés vont être exploités par les lobbies pour tenter de revenir sur les projets du gouvernement : c’est le cas des secteurs de la restauration et du BTP qui sont vent debout contre les relèvements annoncés des taux de TVA.

Quant à la mesure phare du projet, le crédit d’impôt, il laisse bon nombre de patrons perplexes, en se demandant dans quelle mesure ils peuvent faire confiance à un Etat qui modifie si souvent les règles du jeu. Car il ne coûtera rien au Trésor public avant 2014, mais il pourra figurer dans les comptes des sociétés dès l’an prochain, comme une créance sur l’Etat, alors qu’il eut été plus simple d’alléger directement les charges des entreprises. Mais, pour mettre en jeu le plus tard possible les deniers publics, on va s’orienter vers une véritable usine à gaz, pimentée par les nombreux amendements que préparent déjà les députés socialistes.

Les obstacles que le gouvernement va devoir affronter augurent mal de ce qui l’attend le jour où il voudra amorcer les vraies réformes. Pourtant, il ne lui reste pas plus de six mois pour aborder l’heure de vérité. Car, son schéma de stabilisation de la dette repose sur une hypothèse de croissance de 0,8% l’an prochain à laquelle personne ne croit. La Commission de Bruxelles admet par indulgence une progression de 0,4%, alors que la plupart des économistes s’attendent à une stagnation complète, ce qui impliquerait de trouver des financements nouveaux, pour éviter une nouvelle explosion de la dette.                                                                                                                  

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