"Vu du pont" : Arthur Miller ne fut pas que l’éphémère mari de Marilyn Monroe...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Vu du Pont". D’Arthur Miller. Mise en scène: Ivo van Hove. Avec Nicolas Avinée, Charles Berling, Pierre Berriau, Frédéric Borie, Pauline Cheviller, Alain Fromager, Laurent Papot, Caroline Proust.
"Vu du Pont". D’Arthur Miller. Mise en scène: Ivo van Hove. Avec Nicolas Avinée, Charles Berling, Pierre Berriau, Frédéric Borie, Pauline Cheviller, Alain Fromager, Laurent Papot, Caroline Proust.
©Reuters

Atlanti-culture

La remarquable version de "Vu du pont" présentée aux Ateliers Berthier montre bien qu'Arthur Miller fut surtout l'un des plus grands dramaturges américains du 20° siècle.

Catherine Raffour pour Culture-Tops

Catherine Raffour pour Culture-Tops

Catherine Raffour est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

L'auteur

Arthur Asher Miller, dramaturge, écrivain, et essayiste américain, est né à New York dans une famille d’immigrés juifs d’origine polonaise (1915-2005). Il se tourne très jeune vers l’écriture : journaliste, auteur de pièces radiophoniques et de scénarios de film. Il a écrit plus de 20 pièces de théâtre dont les plus connues sont « Mort d'un commis voyageur » (1949), « Les Sorcières de Salem » (1953), ou « Vu du pont » (1955) qui sera traduite par Marcel Aymé; et une dizaine de romans et de scénarios dont celui des « Misfits » (les « Désaxés » de John Huston, avec Clark Gable et Marylin Monroe). Homme de gauche, il sera inquiété par le Maccarthysme. Miller est aussi connu pour son court mariage avec Marilyn Monroe.

Thème

Un couple d’émigrés italiens à New York, Eddie et Béatrice, sans enfants, élève leur nièce Catherine, orpheline. Elle a grandi et commence à s’émanciper. Eddie ne supporte pas l’idée de voir cette jeune fille qu’il aime et qui donne sens à sa vie évoluer dans le monde dur dans lequel ils tentent de survivre : un quartier misérable, le monde des dockers… Il en laisse périr son couple. Deux cousins d’Italie, sans papier, débarquent. Le couple accepte de les héberger. L’un, Marco, est père de famille et cherche à nourrir sa famille restée en Italie. L’autre, Rodolpho, son jeune frère, rêve d’Amérique. Il aime la danse, la musique, il est blond et efféminé …. tout ce qu’il est, heurte profondément Eddie, le « père ». Le pire est envisageable…

Points forts

1 – Les interprètes : tous remarquables. Charles Berling et Pauline Cheviller sont exceptionnels. Charles Berling (Eddie) incarne la simplicité et le courage du docker. Son corps se voûte et s’immobilise sous le poids de la passion qu’il voue à Catherine et qu’il ne peut formuler. Son abattement, son enfermement progressif sur lui-même est poignant. Pauline Cheviller (Catherine), au fil de la pièce, déploie une fraîcheur et un enthousiasme qui laissent croire à un monde meilleur. Elle respire la vie et l’espérance. Caroline Proust (Béatrice) est l’épouse italienne; elle exprime, en retrait, la simplicité, le sens du devoir et porte à sa façon, discrète, la situation de chacun des personnages et le drame qui se noue. Nicolas Avinée (Rodolpho) et Laurent Papot (Marco), les deux clandestins italiens, sont avec justesse les deux faces du destin, ils incarnent en miroir la soumission et le rêve. Alain Fromager (Alfieri, l’avocat) est le narrateur. Il est « le pont » entre la loi américaine et les codes de l’honneur italien, entre le spectacle et le spectateur, entre ce qui vient de se passer et ce qui s’annonce. Juste observateur, il l’est avec une distance qui donne toute sa crédibilité à la scène.

2 - La mise en scène : épurée et millimétrée, sans décor autre qu’un scène transformée en ring, sans artifice autre que le Requiem de Fauré, elle exprime pleinement, par la transformation des acteurs, l’inéluctable descente aux enfers, jusqu’à une scène finale hallucinante.

Points faibles

Il ne vous reste que peu de temps pour y courir...

En deux mots..

Les bas fonds des docks de Brooklyn n’ont pas disparu. Ils se sont déplacés. Ils se sont rapprochés. Pour s’intégrer il faut plier, accepter, s’effacer... avoir peur. Comment alors accepter l’insouciance, la joie, l’amour ? La vie ?

Une phrase

"Un million de dollars que l’on t’a volé se retrouve plus vite qu’un seul mot que tu laisses échapper".

Recommandation

En prioritéEn priorité

Informations

"Vu du Pont". D’Arthur Miller. Mise en scène: Ivo van Hove. Avec Nicolas Avinée, Charles Berling, Pierre Berriau, Frédéric Borie, Pauline Cheviller, Alain Fromager, Laurent Papot, Caroline Proust.

Théâtre de l'Odéon. Ateliers Berthier, 1 rue André Suarès 14 boulevard Berthier – 17e. ATTENTION : dernière représentation, le 21 novembre. Réservation : 01 44 85 40 40 (www.theatre-odeon.eu).

POUR DECOUVRIR CULTURE-TOPS, CLIQUEZ ICI : des dizaines et des dizaines de critiques sur chaque secteur de l'actualité culturelle

Le sujet vous intéresse ?

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !