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Arrêtons les batailles idéologiques,
les entrepreneurs veulent
de la stabilité
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Silence, on bosse !

Après les promesses stériles de la campagne, voici venu le temps des empoignades entre la nouvelle majorité et l'opposition. Or, la bataille qui doit être menée doit être celle des réformes nécessaires à la France face à un monde en crise.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Les Français et les chefs d’entreprise en particulier ont vraiment mal vécu cette campagne présidentielle empreinte de démagogie et d’un mensonge économique équitablement partagé.

Mensonge ancré dans les postures politiciennes, sur la durée de travail, sur le pseudo modèle français, sur l’Etat régulateur et stratège, sur la dette, sur nos capacités de terre d’asile et d’accueil, les dépenses publiques, les administrations, etc. Un mensonge qui a façonné les mentalités. La Gauche ayant influé sur la Droite… et inversement dans la surenchère.

Tous complices de ce mensonge, même le public ! Les médias s’en donnaient à cœur joie provoquant les positions extrêmes des uns et des autres, guettant les dérapages.

Un consensus national se fait aujourd’hui autour du fait que « c’est normal, en campagne électorale de mentir ».

Insupportable modèle de démocratie qui fait que pour être élu, il faut promettre, flatter, faire du clientélisme et cet état de fait a atteint son paroxysme même si « ça a toujours été comme ça ». Notre modèle économique s’en ressent car nous sommes les champions tous azimuts de cette inquiétante dérive démocratique, populiste et médiatique. Une campagne qui en est arrivée au point que l’actuel Président de la République a été élu en partie parce que certains de ses électeurs étaient d’avance rassurés : « … mais vous verrez, ils ne feront pas ce qu’ils disent !». Ceux qui étaient moins lucides s’apprêtaient quand même à une déception.

Ces premiers mois sont donc psychologiquement essentiels particulièrement pour les entrepreneurs (rappelons au passage que ce sont eux qui font la croissance). Ils guettent les signes de leur retour en grâce et des conditions qu’on leur réserve. Dans l’incertitude la plus totale, ils ont gelé les recrutements, les décisions importantes et serrent les vis ; tout ce qu’il ne faudrait pas faire… A qui la faute ? Pas à la crise mais bien à l’instabilité politique, juridique et fiscale. Ils analysent froidement les quelques « signes » qui sont actuellement donnés en pâture en terme de symbolique : un soupçon de hausse du Smic, une retraite tâtonnante, quelques effectifs renforcés dans la Fonction publique mais sur la pointe des pieds ; et puis la menace fiscale qui n’en finit pas de se préciser, épée de Damoclès suspendue.

Les batailles idéologiques ont un défaut majeur : celui d’entretenir une méfiance économique dissuasive, c'est à dire taxer le capital par exemple pour se réconcilier avec le travail (valeur de gauche mise à mal par l’argumentation en faveur des 35h) alors que le capital est fondamental pour augmenter nos fonds propres et nos résultats les plus faibles d’Europe. Voilà qui inquiète les chefs d’entreprises... pas pour eux, pour leur boîte ! Qui investira et prêtera de l’argent aux entreprises si cela ne rapporte pas assez et que la bourse fait fuir ?

Heureusement, notre classe politique nous a appris à être cynique et surtout à faire confiance au principe de réalité, le seul qui ne trahisse jamais. Aussi, les entrepreneurs et leurs équipes sont encore un peu optimistes, forcément optimistes, face à la nouvelle équipe. Notre seul parti, celui qui doit triompher est celui de nos entreprises : le parti de la croissance.

Mais alors pitié ! Que cessent enfin ces empoignades politiques. Laissez-nous respirer. Que l’actuelle opposition fasse preuve d’un peu de pudeur. Chaque annonce de la nouvelle équipe gouvernementale, est flinguée avec haine à bout portant. Ces réactions systématiques et excessives sont d’autant plus insupportables que les ténors de la protestation sont quand même ceux qui ont contribué à faire élire l’actuel gouvernement et à laisser une situation qui n’est pas excellente ! Se faire un peu oublier serait de bon goût.

Quant au gouvernement en place, qu’il gouverne, en s’interdisant les flèches permanentes, les références et les accusations tout aussi systématiques à « l’héritage ». Un peu d’élégance : on ne s’acharne pas inutilement sur les vaincus. Accuser la droite sans relâche n’excusera pas les mauvais choix actuels ou à venir. Pour le moral des Français, STOP !! La guerre civile des professionnels de la politique est néfaste, médiocre, inutile, elle n’éclaire en rien sur les nécessaires réformes de la France face à un monde en crise. « Tout ce qui est exagéré est dérisoire » et commenter ces premières semaines, la bave aux lèvres, démontre une incapacité de recul et d‘analyse que la Droite a suffisamment reproché à la Gauche quand elle était dans l’opposition. Après une défaite, on se doit de laver son linge sale en famille et discrètement. Et pourquoi pas une cure de silence médiatique ? Sans parler de la sortie des livres sur le making off de la défaite ! Trop nul diraient les ados.

Il n’est plus temps de défendre un bilan et il sera toujours temps de dresser celui de ceux qui sont au pouvoir, dans six mois, pas avant.

Laissez-nous nous remettre des échauffourées électoralistes et des mensonges institutionnalisés. Analysons froidement la situation économique et ses contraintes, c’est ainsi que notre pays gagnera cette bataille.

« Silence, on bosse ! » : a-t-on envie de crier à nos stars-people des bancs parlementaires.

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