Après l’obsession féminine pour les cuisses qui ne se touchent pas, les réductions de mollets pour enfiler les dernières bottes à la mode

Atlantico : Beaucoup de consommatrices américaines cherchent à réduire leurs mollets par le biais d'une liposuccion afin de pouvoir enfiler les dernières bottes à la mode conçues par des grandes marques de luxe Gucci, Alexander Wang. La tendance est-elle la même en France ? Les femmes sont-elles de plus en plus nombreuses à avoir recours à ce genre d'opération ?

David Picovski :On ne peut pas dire qu'en France, actuellement, les femmes désirent une liposuccion des mollets pour le seul plaisir d'enfiler des bottes de luxe. Peut-être envisagent-elles la chirurgie esthétique de façon plus raisonnée que les consommatrices américaines. Mais c'est un fait que les françaises demandent de plus en plus cette opération car elles sont informées de sa possibilité par les médias et la consultation des pages internet spécialisées. Elles restent cependant pour le moment une minorité à demander cette intervention.

Quel est l'effet recherché (au niveau du mollet, des genoux, des chevilles) ? D'où vient cette tendance ? 

Cette tendance vient du fait que nous avons en France une vision globale du corps et de son harmonie. Il faut ajouter, plus prosaïquement que la vision des mannequins aux mollets filiformes peut faire croire à certaines femmes que leurs mollets ne sont pas conformes aux canons esthétiques de la mode alors qu'ils sont tout à fait dans la norme de la vie réelle.

Quel est l'âge des patientes ayant recours à cette chirurgie ? 

Ce sont surtout des jeunes femmes entre 25 et 40 ans qui ont la maturité nécessaire pour demander cette intervention esthétique, sans s'inquiéter des commentaires de l'entourage qui peut juger superflue cette liposuccion des mollets, pas tout à fait entrée dans les moeurs.

Comment se déroulent les opérations et quel en le coût ?

La liposuccion des mollets se déroule le plus souvent sous anesthésie générale et dure selon les cas entre trente minutes et une heure. Elle est le plus souvent ambulatoire c'est- à- dire que la patiente entre et sort de la clinique le jour même de l'intervention.Le chirurgien esthétique, après avoir réalisé de très fines incisions, y introduit des petites canules à embout mousse dans la zone à traiter, afin de créer un savant réseau de tunnels, permettant une lipoaspiration minutieuse et harmonieuse avec un mollet affiné, resculpté, sans aspérités ni risque de vagues ou ondulations inesthétiques.

Le résultat définitif s'apprécie au bout de 3 à 6 mois, du fait de l'évolution progressive de la rétractation cutanée et de la résorption de l'œdème normale et consécutive à l'intervention. Les cicatrices sont quasi invisibles et leur aspect définitif peut être jugé au bout de 12 mois.La liposuccion des mollets étant un acte à visée purement esthétique, elle ne peut bénéficier d'un remboursement par l'assurance maladie.Le tarif varie entre 2500 et 3500 Euros selon les frais de l'hospitalisation, les honoraires de l'anesthésiste et du chirurgien plasticien.

Toutes les patientes peuvent-elles bénéficier d'une telle chirurgie ?

Absolument pas! La chirurgie de liposuccion ne va concerner que les femmes dont les mollets volumineux sont dus à un excédent graisseux bien localisé.

Il faut savoir que des mollets à l'aspect "lourd" peuvent avoir plusieurs explications: une surcharge graisseuse, une musculature importante ou un œdème chronique.

Si l'excédent de volume des mollets est dû à une surcharge graisseuse, bien localisée sur la face interne ou sur la face externe du mollet, il s'agit d'un problème constitutionnel dont généralement ni les régimes, ni les activités physiques les plus diverses ne peuvent venir à bout. Cet excès graisseux est souvent à l'origine d'un aspect alourdi de la jambe avec des mollets sans galbe. Ce type de morphologie peut même se présenter sur des patientes minces. Une liposuccion est alors tout à fait indiquée et va affiner et redessiner les mollets et la région des genoux qui vont retrouver un joli galbe. Les jambes retrouvent un aspect élancé, la lipoaspiration faisant apparaitre les reliefs musculaires des mollets tout en affinant les chevilles.

En revanche, si la surcharge graisseuse est circulaire, diffuse, c'est dire si elle accompagne toute la circonférence du mollet, la liposuccion sera contre-indiquée, car il y aura un risque de mauvais retour veineux, d'oedème persistant autour du mollet, et une majoration du risque de phlébite.Un aspect lourd des mollets peut s'expliquer par un oedème chronique des jambes, avec le plus souvent une sensation de "jambes lourdes". L'origine est alors veineuse (insuffisance veineuse) ou lymphatique. Un bilan général permettra d'éliminer un problème métabolique (telle une insuffisance en sodium, en proteines,..) ou une insuffisance cardiaque. Il est nécessaire de consulter un phlébologue qui sera habilité à prescrire un traitement médical (veinotoniques, drainages lymphatiques…).

Lorsque l'excédent de volume des mollets est dû à une musculature très développée, jusqu'aux chevilles, il n'existe aucune possibilité d'affiner réellement les mollets. La liposuccion n'est pas indiquée dans ces cas là. Les exercices musculaires ont peu ou pas de résultats probants.

Ce genre d'opération est-il douloureuse ?  Quels sont les risques ? 

Les douleurs sont faibles à modérées suite à une intervention de liposuccion et sont comparables à des courbatures. La prise d'antalgiques classiques permet de les atténuer aisément. Les visites et les examens pré-opératoires ont pour objectif d'écarter au maximum les risques et les complications sont heureusement aujourd'hui rarissimes. Cependant, le chirurgien esthétique et l'anesthésiste doivent informer les patients des risques liés à l'anesthésie générale, les accidents trombo-emboliques (phlébite et embolie pulmonaire), le risque d'hématome, d'infection. Les complications spécifiques à la liposuccion en général peuvent être une altération transitoire de la sensibilité au niveau de la zone opérée, des engourdissements temporaires, une mauvaise rétractation de la peau (en cas de mauvais geste chirurgical ou d'une mauvaise indication si la patiente a une peau très relâchée), un défaut de résultat (hypercorrection ou au contraire une correction insuffisante) ou une irrégularité de résultat (effet ondulé avec dépressions et bosses pouvant faire suite à une mauvaise technique chirurgicale)