Antoine Baschiera - GagnerDesIngenieurs.fr : "Pour une start-up, le conseil en stratégie est hors de moyens"<!-- --> | Atlantico.fr
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Antoine Baschiera fait profiter aux start-up des ingénieurs-conseil en stratégie grâce au concours GagnerDesIngénieurs.fr
Antoine Baschiera fait profiter aux start-up des ingénieurs-conseil en stratégie grâce au concours GagnerDesIngénieurs.fr
©DR

L'interview Atlantico Business

UStartMe.com et AgroParisTech organise du 5 mai au 6 juin 2014 "Gagnez des ingénieurs", un jeu-concours en direction des start-up pour bénéficier des conseils en stratégie de trois ingénieurs durant trois mois. Antoine Baschiera, fondateur du réseau social UStartMe et ancien élève d’AgroParisTech, a voulu donner accès à l’expertise des ingénieurs aux start-up qui n’en ont pas forcément les moyens.

Atlantico Business : Pourquoi avoir mis en place ce concours ?

Antoine Baschiera : Gagnerdesingénieurs.fr répondait à une demande des ingénieurs en formation et des dirigeants de start-up. L’objectif est d’exploiter les compétences de la formation d’AgroParisTech pour donner une alternative aux projets assez classiques de fin d’étude des élèves-ingénieurs auprès des grands comptes.  Plutôt que de travailler sur une problématique très précise avec Danone par exemple, on propose d’accompagner un dirigeant de start-up pour qui les problèmes ne sont pas les mêmes. La start-up candidate au concours va être challengée sur l’implication de son dirigeant et la maturation du projet.

Quels critères à respecter pour participer au concours ?

Les critères sont notamment que la start-up soit déjà créée juridiquement, et qu’au moins un de ses dirigeants s’occupe à plein temps de l’entreprise. Le but du jeu n’est pas d’offrir 6 petites mains pour travailler les sujets purement opérationnels, comme la force de vente. Les ingénieurs essayeront de réfléchir aux problématiques-clefs et centrales pour le développement de la start-up, que ce soit un plan de développement à l’international, la réflexion d’une stratégie de développement commercial, l’étude d’un marché particulier, ou comment gérer les relations avec beaucoup d’associés… Le projet doit présenter une question stratégique de nature financière, communication, ou marketing tout en intégrant une composante technique.

Avez-vous reçu des candidatures étonnantes et différentes ?

En 36 heures, plus de 45 start-ups ont candidaté à notre concours, présentant  des projets  très variés : un positionnement sur un marché nord-américain, des réflexions sur des cibles de marché, une étude comportementale d’utilisateurs, une rentabilité sur un produit à faibles marges… Pour ce qui est des secteurs d’activités, nous avons reçu un bon nombre de projets santé, bio, environnement, agroalimentaire, qui correspondent à la philosophie de l’école, même si encore une fois les ingénieurs ont un profil très généraliste puisqu’ils sont spécialisés en "Economie et Gestion de l’Entreprise".

Une start-up peut-elle vraiment payer au prix fort d'un ingénieur-conseil ou bien des alternatives existent ?

Lorsque McKinsey, BCG, ou AT Kearney font déplacer un consultant junior à LVMH, celui-ci facture la prestation entre 900 et 1200 euros par jour.  Être conseiller stratégie est ce qui coûte le plus cher : le consultant ne peut pas cerner en 2 heures de présence dans l’entreprise le problème. Cela demande une analyse en amont de la stratégie. Les cabinets facturent surtout la compréhension d’un secteur d’activité et d’un positionnement particulier.

Et là-dessus, il faut être clair : pour une start-up, une PME, et même pour certaines ETI, faire appel aux cabinets de conseil stratégique, c’est bien souvent hors de moyens. Elles préfèrent soit se faire accompagner par des plus petits cabinets français qui facturent 500 ou 600 euros la journée, soit demander des conseils ailleurs, comme au sein des incubateurs, des accélérateurs. Elles sollicitent également des gens dont ce n’est pas forcément le métier. Les start-up doivent s’entourer très rapidement par de bonnes "parties prenantes" : un ensemble d’acteurs qui ne sont pas intégrés dans votre projet et qui ne travaillent pas pour vous. Il faut réussir à les motiver, à leur faire part de vos idées, et à les faire adhérer à votre projet très tôt. Et surtout, avoir l’humilité de faire un bilan de ses compétences en interne pour aller chercher de la complémentarité auprès les parties prenantes.

La culture particulière de l'ingénieur peut-elle s’accorder convenablement avec la culture d’un businessman ?

Elle le peut, cela va dépendre du profil de l’ingénieur et de celui de l’homme d’affaires. La capacité technique du businessman, et la capacité d’adaptation de l’ingénieur vont être jugées. Aujourd’hui, rarement les compétences techniques de l’ingénieur-conseil sont recherchées, mais beaucoup plus leur manière de mettre en place un plan d’action et d’analyser des problèmes économique ou commercial. Le conseiller en stratégie d’entreprise doit pouvoir sortir de sa zone de confort à cause de sa compétence technique tout en gardant son schéma de pensée d’ingénieur. Le businessman doit avoir quant à lui une capacité d’écoute suffisante pour intégrer une vision différente de la sienne.

Comment le réseau social UStartMe a été mis en place et quels sont vos objectifs ?

Nous avons constaté que pour les start-up, les écosystèmes sont en général fermés. Incubateurs, écoles, accélérateurs restent relativement confinés. UStartMe cherche à se positionner comme un acteur complémentaire proposant un écosystème ouvert où la start-up pourra utiliser notre plateforme comme une vitrine, mais également comme un site de recherche de mises en relation avec les investisseurs et les compétences de certaines personnes. Parallèlement, des investisseurs, des graphistes ou des informaticiens  peuvent proposer leurs compétences et collaborer avec les start-up membre de UStartMe pour donner quelques conseils. 

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