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Juppé, à Matignon en 2012 ?
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Avec (ou sans) Sarkozy ?

De retour sous les feux de l'actualité, Alain Juppé, l'éternel numéro 2 peut, maintenant, devenir le numéro 1. Dans "Juppé 2012 : Avec (ou sans) Sarkozy ?", Pascal Louvrier dresse le portrait complet d'un écorché vif, désormais face à son destin. Extraits (2/2).

Pascal Louvrier

Pascal Louvrier

Pascal Louvrier est professeur de lettres à Paris. Il a collaboré à Valeurs actuelles et Spectacle du Monde.

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Chateaubriand note dans Les Mémoires d’outre-tombe : « Presque toujours, en politique, le résultat est contraire à la prévision. » À l’heure où s’achève ce livre, Nicolas Sarkozy est donné battu pour 2012. Alors…

Imaginons. Imaginons puisque « le rêve bouscule parfois la réalité », selon Alain Juppé. Nicolas Sarkozy est réélu président de la République. Une campagne courte, dure, sans promesses intenables. Du réalisme à tous les niveaux mis en avant par le concepteur de la plate-forme UMP, Bruno Le Maire. Un effort colossal entrepris pour combler la dette publique et éviter ainsi la banqueroute ; le tout sur fond historique anxiogène : un soleil levant irradié ; une Syrie sanglante soutenue par la Russie et l’Iran qui campent sur leur intransigeance ; un islamisme radical qui étend sa toile ; des États européens en quasi-faillite, etc. Les temps sont incertains. Le diable est à la manœuvre. Avant tout, c’est le sens de l’humain qu’il nous faut retrouver.

Dans le cas d’un bail renouvelé à Sarkozy, Juppé retrouvera-t-il Matignon ? Possible. Mais la tambouille électorale réserve souvent de drôles de surprises. Certains « Premiers-ministrables » par le passé pourraient enfin le devenir. Entre les deux tours de la présidentielle de 2012, il aura fallu négocier l’appel à l’unité. Juppé, une nouvelle fois sacrifié?

Bref, arrêtons les conclusions prospectives trop souvent démenties par la mauvaise humeur des faits.

Passons le pont de la Concorde. Rapide coup d’œil à la tour Eiffel qui pointe vers le ciel, la même que regardait François Mitterrand bloqué dans sa voiture par des syndicats représentant moins de 10% des salariés et hurlant contre les réformes du Premier ministre, Alain Juppé. La boucle est bouclée. Le drapeau français flotte sur les toits gris du ministère des Affaires étrangères. Depuis ce matin, il pleut. Le ciel est encombré de gros nuages sombres. L’automne précède l’été. Dans la cour pavée de Saint-Louis-des-Invalides, le président de la République, le visage ruisselant de gouttes de pluie, a rendu hommage à sept soldats français tués en Afghanistan. Un discours de 50 minutes devant les cercueils recouverts du drapeau tricolore. Nicolas Sarkozy, visiblement ému dans sa gabardine noire, a déclaré d’une voix ferme et maîtrisée : « Non, vous n’êtes pas morts pour rien. » Les membres du gouvernement étaient tous recueillis sous les parapluies trempés. Il ne manquait que les psalmodies de Malraux pour croire au retour de la France de Charles de Gaulle.

« C’était triste comme la grandeur », aurait dit le Général.

À présent, montons les escaliers, foulons le tapis rouge, entrons dans les pièces immenses, lustres vénitiens, moulures, dorures, tapisseries murales. Derrière les vitres, les voitures et la Seine font la course. Aucun bruit ne parvient aux oreilles du visiteur qui sort son carnet noir, et attend, tout en s’interrogeant : l’immense salle de gymnastique qu’avait fait installer Roland Dumas (ministre des affaires étrangères de 1988 à 1993), au premier étage, existe-t-elle encore ? Les portes capitonnées du salon de la Rotonde s’ouvrent, découvrant Alain Juppé debout, droit, derrière son bureau. Il porte un costume gris, une chemise blanche et une cravate à rayures bleues et rouges. Il avance souplement en direction du visiteur. Il lui propose un café. Son teint est hâlé. Il dégage quelque chose de magnétique. Cet homme est un oxymoron. Il est à la fois solidement enraciné et aérien.

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Extraits deJuppé 2012 : Avec (ou sans) Sarkozy ?, Éditions du Rocher (octobre 2011)

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