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Le pouvoir iranien en voie d'implosion ?
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Iznogoud

Après l'écrasement du mouvement contestaire vert, une crise du pouvoir déchire les institutions politiques en Iran. Le président Ahmadinejad et le Guide suprême l'Ayatollah Khamenei, se livrent une lutte farouche au sommet de l'État.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Le conflit opposant le Guide suprême et le président Ahmadinejad, récemment étalé sur la place publique, traduit une division grandissante et radicale entre deux tendances qui se déchirent. Ce qui est en jeu, n’est rien de moins que la nature même du régime. Ce conflit, le dernier en date, a débuté après le renvoi du ministre de l’Information par Ahmadinejad. Il est accusé d’avoir placé sous écoute téléphonique le bureau d’Esfandiar Mashaie, chef de cabinet du président. Ce dernier, qui est également son beau-frère, est en effet pressenti pour succéder à Ahmadinejad à la prochaine élection présidentielle. Le ministre aussitôt renvoyé a été rétabli dans ses fonctions par le Guide. Suite à ce couac, le président a décidé de ne plus assister au Conseil des ministres et de ne plus assurer ses fonctions officielles pendant deux semaines. À l’issue d’une pétition signée par de nombreux dignitaires du régime, il a finalement accepté de regagner ses bureaux.

Nous assistons à une réelle opposition entre deux thèses. D’un côté celle défendue par Ahmadinejad. Elle vise à donner une plus forte légitimité, issue des urnes, au président, au détriment du Guide, trouvant sa genèse dans la Constitution et l’Islam. Le président iranien est élu au suffrage universel, le Guide, lui, ne trouve sa légitimité que dans le testament de l’Imam Khomeiny.

Il faut en effet se rappeler que ce différend, le plus important et le plus visible depuis la révolution, ne fait que se situer dans une série, déjà longue, de tentatives de désobéissance du président. Incontestablement, le pouvoir est divisé. Ahmadinejad, conscient que l’immense majorité des Iraniens veut faire primer « l’Iranité », sur l’aspect théocratique islamique, se trouve d’ailleurs accusé de trahison des valeurs révolutionnaires par les plus radicaux du pouvoir. Par exemple, le 21 mars dernier, les fêtes organisées à Téhéran pour la célébration du nouvel an iranien avaient attiré les foudres du clergé sous prétexte que c’est une célébration païenne.

Un poste clé

L’enjeu du renvoi du ministre de l’Information était de taille, car quiconque contrôle ce ministère, contrôle un peu l’issue des élections. D’ailleurs, les élections contestées d’il y a deux ans le prouvent… D’où la volonté du président iranien de nommer à ce ministère un allié, de manière à assurer une neutralité dans le comptage des voix à l’occasion des prochaines élections parlementaires de 2012 et de l’élection présidentielle de 2013. Celui qu’Ahmadinejad essaie de préparer à sa propre succession, est la bête noire de ce clergé ultra-conservateur, qui l’accuse de déviance par rapport aux valeurs constitutives de la révolution iranienne de 1979. Mashaie personnifie aux yeux de beaucoup, le changement. Ceux qui le soutiennent sont des tolérants, défenseurs du droit des femmes, ouverts à Israël et aux Etats-Unis.

Ce qui se joue dans les alcôves du pouvoir à Téhéran, c’est l’avenir politique et institutionnel du pays. En fonction de qui gagnera la bataille du pouvoir, Ahmadinejad ou le Guide, le pays demeura une théocratie ou glissera vers la voie de la laïcité. Ce qu’il faut retenir dans cette affaire, n’est pas tant la capitulation d’Ahmadinejad, mais bien le fait qu’il n’a pu faire l’objet d’un « impeachment »…. Il n’est pas aussi faible qu’on peut le croire et le Guide aussi fort qu’on peut l’imaginer.

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