Ados djihadistes français : mais pourquoi vont-ils si loin ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Photo d'illustration / Combattants palestiniens du groupe Fatah al-Islam suivant une formation militaire.
Photo d'illustration / Combattants palestiniens du groupe Fatah al-Islam suivant une formation militaire.
©Reuters

Tourisme d’un autre genre

Les voyages forment, paraît-il, la jeunesse. Ils sont ainsi plusieurs centaines à visiter la Syrie.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Devant le tribunal ils sont trois. Deux Franco-Algériens. Un Franco-Marocain. Youssef, Fares et Salah-Eddine (non, cette fois-ci les prénoms n’ont pas été changés). Ils ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à prendre un avion pour la Turquie – ils en avaient manifestement les moyens – et, de là, à gagner la Syrie. D’après les écoutes téléphoniques de la police, ils se sont donné beaucoup de mal pour préparer leur séjour dans cet Orient compliqué.

Dix autres « jeunes » ont, toujours d’après la police, quitté Strasbourg pour la même destination. Une lycéenne d’Avignon est également partie pour la Syrie. Des djihadistes syriens ont sans doute besoin d’infirmières, peut-être d’autre chose… Deux mineurs de quinze ans, embrigadés eux aussi dans le Djihad, ont été interpellés en Turquie. En tout, selon les services de renseignement, entre 500 et 600 jeunes Français participent à l’aventure syrienne.

C’est ce qu’on peut appeler du tourisme de masse. Et ce tourisme-là est dangereux. Certains, en effet, y ont laissé la vie. Il est dangereux aussi parce que la plupart de ces voyageurs reviennent, aguerris, trempés dans l’acier des combats. Dans leurs quartiers, ils sont, ou seront, accueillis en héros. Et il n’est pas tout à fait exclu qu’ils soient animés d’une rage certaine contre les mécréants qui gouvernent la France et persécutent l’islam (loi sur la burqa, etc.).

On a toutefois du mal à comprendre pourquoi les tour operators, spécialistes de ces voyages, proposent comme seule destination la Syrie. Il y a le Yémen, bien plus pittoresque, avec des groupes d’Al-Qaida très estimables. Il y a la bande de Gaza, parfaitement accessible du côté égyptien et d’où on peut tirer des rockets sur les affreux sionistes. Il y a enfin le Pakistan et l’Afghanistan. Les montagnes y sont belles, et les filles peut-être aussi (mais comme elles sont voilées on ne peut être sûr de rien). Mais pour le coup ça fait cher le billet d’avion…

Et puis pourquoi oublier la France ? Parce que ce n’est pas très exotique ? Parce que ce pays esr banal, quelconque et monotone ? Il faut surmonter ses préjugés. Convaincre les djihadistes français des vertus du « made in France » (n’est-ce pas, Arnaud Montebourg ?) et les empêcher de se livrer à un french bashing insupportable. Heureusement, certains d’entre eux sont déjà, timidement, entrés dans cette voie.

Une exposition sur la déportation des enfants juifs vandalisée. Un « shoah nanas » sur une fresque à la mémoire de l’Affiche rouge. Une quenelle devant une école juive où trois enfants ont été assassinés. C’est un début. Un petit début prometteur. Il n’existe pas toutefois à ma connaissance de guide touristique avec la liste des lieux d’intérêt à souiller et à taguer. C’est une regrettable lacune. Mais elle ne doit pas décourager les bonnes volontés.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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