Atlantico Business
A peine réélu, Erdogan doit affronter l’inflation qui asphyxie l’activité et ruine son peuple
La réélection de Erdogan a accéléré l’effondrement de la livre turque (encore -13%) ce qui accroit les risques de l’hyperinflation et plonge la Turquie dans la misère. Comme dans beaucoup de régimes autoritaires, le non-respect des valeurs démocratiques alimente le risque de Krach financier et social.
La réélection d’Erdogan n’a pas écarté les risques de krak monétaire et financier ni la respective d’’un effondrement de l’économie Turque: la livre turque a encore perdu 13% et plus de 7 % hier, la plus forte baisse de son histoire depuis l’effondrement en aout 2018.
La bourse en revanche a progressé de 18%. Les étrangers qui travaillent en dollars ne croit pas une seconde dans la capacité d’Erdogan de redresser l’économie du pays. Les investisseurs locaux, eux, considèrent que les actions d’entreprises turques sont à leur plus bas que bas. Ces actions ne peuvent donc que se redresser un peu puisqu’elles sont garanties par des actifs réels. La vérité c’est que les investisseurs Turcs et les établissements financiers qui gèrent l’épargne n’ont pas d’autre chose à faire que d’acheter de l’or qui ne rapporte rien et quelques actions qui font encore tourner les entreprises. La monnaie locale ne vaut plus grand-chose. Quant aux riches, ils sont déjà en Dollars ou en Euros depuis longtemps.
La première conséquence de cet effondrement annoncé c’est l’explosion des prix de détail. L’inflation s’est un peu ralentie en mai, mais elle s’établit encore à plus de 40% annuel. C’est dire si l'ambiance sur les marchés de consommation n’est guère euphorique, climat identique dans la plupart des entreprises dont les clients sont séchés.
La monnaie turque a rejoint le club des monnaies dont personne ne veut dans le monde, comme le peso argentin, le bolivar du Venezuela, le dollar du Zimbabwe ou d’autres encore moins célèbres.
Du coup Erdogan se retrouve coincé : la seule solution serait d’autoriser un électrochoc de la banque de Turquie pour relever les taux d’intérêt, de façon à attirer les capitaux et à les fixer localement pour alimenter le système. Parallèlement, il faudra un peu relâcher les banques pour faire confiance aux chefs d’entreprises. Mais là, encore Erdogan s’y est toujours opposé. Comme chez beaucoup de dirigeants autoritaires , pas question de prendre le risque de laisser les clefs du pouvoir aux milieux d’ affaires ou aux spéculateurs sauf à prendre discrètement une commission au passage . . Erdogan comme d’autres dictateurs pensent que le remède miracle passe par une croissance très forte de l’économie . Sauf que la croissance ne se décrète pas . Elle est tombée à 4% au premier trimestre de cette année ( moitié moins que l’année dernière ) avec 40% d’inflation, c’est-à-dire un déficit extérieur qui se creuse et un déficit budgétaire qui interdit toute marge de manœuvre.
L’appareil de production est fragile. La Turquie doit beaucoup acheter de produits pour se nourrir à l’étranger et n’a pas grand-chose à vendre en dehors de son tourisme qui est reparti et qui profite de la dépréciation monétaire. Pour la clientèle étrangère des tour opérateurs, c’est une aubaine notamment sur la côte. Parce que pour le reste de la population c’est la catastrophe .
Personne ne croit vraiment que la Turquie d’Erdogan pourra gagner son bras de fer avec le marché. Pas même le nouveau gouverneur de la banque centrale qui est arrivé de chez Merry lynch pour rassurer les investisseurs. Il se retrouve sans moyens. Les réserves de change sont épuisées et la cartouche des taux lui a été interdite.
La Turquie offre un nouvel exemple de difficultés que rencontrent les régimes autoritaires. Ils ne tiennent pas longtemps debout dans un marché mondialisé. Ils ne croient pas ni à l’économie de marché , ni évidemment pas à la liberté individuelle qui est nécessaire à l’économie de marché. A la limite , Erdogan comme beaucoup d’autocrates préfère la corruption au fonctionnement des marchés libres pour assurer une redistribution relative des revenus. Si revenus il y a.
Tous les dictateurs, assumés ou pas, ont donc été un jour ou l’autre balayé par le vent de l’ inflation. Au Brésil, Jair Bolsonaro a perdu, submerge par une vague d’inflation. Au Venezuela, les prix n’existent plus ( les prix ont encore augmenté de 3000 % depuis le début de l’année). En Iran, la hausse de prix des produits courants est de 40 % en rythme annuel et même en Russie ou Poutine à la chance de disposer des formidables réserves de pétrole et de gaz . En Chine , la préoccupation du pouvoir est identique, Pékin surveille toutes les fluctuations de prix sur les marches locaux, parce que Pékin sait que les révoltes sont souvent démarrées chez les marchands de riz et de pain.
La situation des régimes autoritaires est très compliquée parce qu’ils ont souvent promis à leur peuple, l’ordre public et le pain pour tout le monde.Mais quand la prospérité économique n’est pas au rendez vous, l’ordre doit se faire encore plus sévère. C’est ce qui s’est passé dans tous les régimes dictatoriaux.
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !