A peine réélu, Erdogan doit affronter l’inflation qui asphyxie l’activité et ruine son peuple<!-- --> | Atlantico.fr
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La Turquie offre un nouvel exemple de difficultés que rencontrent les régimes autoritaires.
La Turquie offre un nouvel exemple de difficultés que rencontrent les régimes autoritaires.
©ADEM ALTAN / AFP

Atlantico Business

La réélection de Erdogan a accéléré l’effondrement de la livre turque (encore -13%) ce qui accroit les risques de l’hyperinflation et plonge la Turquie dans la misère. Comme dans beaucoup de régimes autoritaires, le non-respect des valeurs démocratiques alimente le risque de Krach financier et social.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La réélection dErdogan na pas écarté les risques de krak monétaire et financier ni la respective d’’un effondrement de l’économie Turque: la livre turque a encore perdu 13%   et plus de 7 % hier, la plus forte baisse de son histoire depuis leffondrement en aout 2018.

La bourse en revanche a progressé de 18%. Les étrangers qui travaillent en dollars  ne croit pas une seconde dans la capacité dErdogan de redresser l’économie du  pays. Les investisseurs locaux, eux, considèrent que les actions dentreprises turques sont à leur plus bas que bas. Ces actions ne peuvent donc que se redresser un peu puisquelles sont garanties par des actifs réels. La vérité cest que les investisseurs Turcs et les établissements financiers qui gèrent l’épargne nont pas dautre chose à faire que dacheter de lor qui ne rapporte rien et quelques actions qui font encore tourner les entreprises. La monnaie locale ne vaut plus grand-chose. Quant aux riches, ils sont déen Dollars ou en Euros depuis longtemps.

La première conséquence de cet effondrement annoncé cest lexplosion des prix de détail. Linflation sest un peu ralentie en mai, mais elle s’établit encore à plus de 40% annuel. Cest dire si l'ambiance sur les marchés de consommation nest guère euphorique, climat identique dans la plupart des entreprises dont les clients sont séchés.

La monnaie turque a rejoint le club des monnaies dont personne ne veut dans le monde, comme le peso argentin, le bolivar du Venezuela, le dollar du Zimbabwe ou dautres encore moins célèbres.

Du coup Erdogan se retrouve coincé : la seule solution serait dautoriser un électrochoc de la banque de Turquie pour relever les taux dintérêt, de façon à attirer les capitaux et à les fixer localement pour alimenter le système. Parallèlement, il faudra un peu relâcher les  banques  pour faire confiance aux chefs dentreprises. Mais là, encore Erdogan  sy est  toujours opposé. Comme chez beaucoup de dirigeants autoritaires , pas question de prendre le risque de laisser les clefs du pouvoir aux milieux d’ affaires ou aux spéculateurs sauf à prendre discrètement une commission au passage . . Erdogan comme dautres dictateurs pensent que le remède miracle passe par une croissance très forte de l’économie . Sauf que la croissance ne se décrète pas . Elle est tombée à 4% au premier trimestre de cette année ( moitié moins que lannée dernière ) avec 40% dinflation, cest-à-dire un déficit extérieur qui se creuse et un déficit budgétaire qui interdit toute marge de manœuvre.

Lappareil de production est fragile. La Turquie doit beaucoup acheter de produits pour se nourrir à l’étranger et na pas grand-chose à vendre en dehors de son tourisme qui est reparti et qui profite de la dépréciation monétaire. Pour la clientèle étrangère  des tour opérateurs, cest une aubaine notamment sur la côte. Parce que pour le reste de la population cest la catastrophe .

Personne ne croit vraiment que la Turquie dErdogan pourra gagner son bras de fer avec le marché. Pas même le nouveau gouverneur de la banque centrale qui est arrivé de chez Merry lynch  pour rassurer les investisseurs. Il se retrouve sans moyens. Les réserves de change sont épuisées  et la cartouche des taux lui a été interdite. 

La Turquie offre un nouvel exemple de difficultés que rencontrent les régimes autoritaires. Ils ne tiennent pas longtemps debout dans un marché mondialisé. Ils ne croient pas ni à l’économie de marché , ni évidemment pas  à la liberté individuelle qui est nécessaire à l’économie de marché. A la limite , Erdogan comme beaucoup dautocrates préfère la corruption au fonctionnement des marchés libres pour assurer une redistribution relative des revenus. Si revenus il y a. 

Tous les dictateurs, assumés ou pas, ont donc été un jour ou lautre balayé par le vent de linflation. Au Brésil, Jair Bolsonaro a perdu, submerge par une vague dinflation. Au Venezuela, les prix nexistent plus ( les prix ont encore augmenté de 3000 % depuis le début de lannée). En Iran, la hausse de prix des produits courants est de 40 % en rythme annuel  et même en Russie ou Poutine à la chance de disposer des formidables réserves de pétrole et de gaz . En Chine , la préoccupation du pouvoir est identique, Pékin surveille toutes les fluctuations de prix sur les marches locaux, parce que Pékin sait que les révoltes sont souvent démarrées chez les marchands de riz et de pain.

La situation des régimes autoritaires est très compliquée parce quils ont souvent promis à leur peuple, lordre public et le pain pour tout le monde.Mais quand la prospérité économique nest pas au rendez vous, lordre doit se faire encore plus sévère. Cest ce qui sest passé dans tous les régimes dictatoriaux.

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