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2016 : immobilisme ou tremplin ?
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Prévisions économiques

2016, année précédant les élections présidentielles, sera une période transitoire molle et bien sombre pour les entrepreneurs pour qui aucune des conditions du rebond ne sont réunies pour retrouver le chemin de la croissance. La France, pays irréformable, est le seul pays dont le chômage ne recule pas en Europe et ailleurs. Et la courbe n'est pas prête de s'inverser lorsque l’essentiel des mesures du gouvernement ont été reportées à 2017.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Le réchauffement climatique ne s’applique pas à la politique. Surtout à la veille d’une élection présidentielle de tous les dangers (pour les partis traditionnels). De tous les dangers pour la France. Danger de la confirmation du FN comme troisième parti. Un parti sans parti pris, tant leur programme, dont les Français se fichent comme d’une guigne pour le moment, est une compilation des contenus les plus vendeurs trouvés sur tous les trottoirs de France, en raclant autant à droite qu’à gauche. Un VRP multicartes en somme. Sans intérêt. Mais pas moins d’intérêt que le match pitoyable que l’on nous promet pour 2017 entre les "has been" de la politique française. Il ne manquait plus que Tapie pour que le "Muppet Show" soit complet, c’est maintenant le cas. La bande annonce des prochaines élections sent le déambulatoire et la naphtaline.

La période glaciaire avance donc à grand pas et va va recouvrir de son tapis blanc notre pays déjà largement atteint d’hémiplégie. Traditionnellement l’année précédant les élections est une année d’attente, une année perdue. Une année qui préfère s’oublier car chacun sait que les combats qui agitent les adversaires, se ressentent dans leurs actions. Ou plutôt, leur inaction. Chacun sait que personne ne s’engage plus au risque de ne pouvoir assumer ses décisions. Chacun sait que personne ne prend position afin de ne pas s’attirer les foudres d’un camp ou la vengeance d’un autre. Chacun sait que l’absence habituelle de courage fait place au retrait et à l’enfouissement, comme si le courage était un déchet radioactif qui risquait de contaminer le pays. 2016 sera donc une période transitoire molle et froide. Un purgatoire frigorifique en somme, mais pas de paradis en vue au bout de son couloir à lui !

Alors, que pouvons-nous espérer de 2016 après ce constat palpitant et plein de promesses ?

Rien je le crains. Pourtant il est très difficile pour un entrepreneur de céder au pessimisme. Mais là, sincèrement…

Côté politique les appétits iront bon train. A l’heure de "Star Wars", chacun va tenter de tuer son père. De ce point de vue, Mme le Pen a un train, au moins un wagon d’avance. Son père a déjà un pied dans la tombe alors que les autres tentent d’égaliser le score, et ce n’est pas un "détail". Chacun savonne la pente de Sarkozy, qui met une certaine application à se la savonner lui même, tant la baraka l’a manifestement abandonné et la folie, gagné.  Nombre de socialistes aimeraient saisir leur chance de façon anticipée, et certains ministres réfléchiraient à une candidature surprise en Juin. D’anciens ministres de ce gouvernement, y pensent très fort. Il est vrai qu’un combat de paraplégiques aurait plus d’allure que celui que nous promet le duel Hollande-Sarkozy. Au premier tour au moins, car le second tour sera surement en partie bleu marine. Triste mais réaliste.

Côté économique on va voir ce qu’on va voir. Des mesures d’unité nationale, issue d’un pseudo pacte républicain entre acteurs politiques qui 3 jours après les attentats se déchiraient déjà sur les tombes des victimes. Quelqu’un peut me donner la définition de ce pacte ? Nous attendons des mesures par un Etat qui souhaite nous persuader qu’il peut créer des emplois que seule la croissance pourrait nous donner. Tout en sachant que l’on ne doit parler ni du CDI, ni de la durée du travail, ni de souplesse, ni de liberté et que l’on interdit tout ce que l’on ne comprend pas. Suivez mon regard ubérisateur !

Côté droit du travail, Myriam El Khomri profitera de ces 18 mois pour apprendre les rudiments de la matière. Donc l’espoir n’est pas perdu, et une fois au point, elle pourra quitter le gouvernement comme c’est l’habitude au nom du principe d’incompétence qui préside à la nomination des Ministres. Des mesures fortes viendront, surement dans les derniers mois de … 2017 ! Puisque l’essentiel des mesures de ce gouvernement ont été reportées à 2017.

Côté numérique, nous allons transformer un débat qui imposerait de s’interroger sur la façon d’avoir des champions français, en un débat fiscal sur la façon de s’accaparer les revenus fiscaux de groupes étrangers. Nous interdirons les activités qui pourraient accroître le marché français, car il demanderait d’alléger le carcan asphyxiant et dogmatique du droit français, pour restituer leurs libertés aux français. Mais ça, c’est toujours pour demain. Quand nous serons devenus une économie de seconde zone. Pourquoi se poser des questions alors que le pont du bateau est encore 30cm au dessus le la ligne de flottaison ?

Côté écologie, nous aurons oublié la grande parade de Nöel 2015 et aurons repris les petits combats politiques du quotidien, qui font de l’écologie en France une régression permanente, otage de dogmatiques furieux qui pensent que le développement durable a forcément un bord politique. Que le bio est de gauche et l’énergie renouvelable de nature stalinienne. La qualité du débat politique français a au moins le mérite de refroidir le plus croyant et donc la température du pays.

Côté croissance, elle restera en berne. Et peu ou pas créatrice d’emplois. Les seuls qui continueront à en créer seront les collectivités territoriales, qui auront besoin de se constituer un stock électoral à l’approche des présidentielles. La dette qui s’en suivra scandalisera la Cour des Comptes une fois de plus, agitera la presse près de 24H, si elle n’a rien d’autre de plus craquant à se mettre sous la dent ce jour là, et nous attendrons l’année suivante pour publier un comparatif, qui lui même durera ce que dure les roses.

Nous les entrepreneurs, nous pensons qu’aucune des conditions du rebond ne sont réunies. Nous sommes indécrottables et le seul pays dont le chômage ne recule pas en Europe et ailleurs. Macron 2 va certainement sauver la croissance avec autant de certitude que Macron1. La Loi sur le numérique, qui supposerait, pour être utile, d’éclaircir préalablement le paysage normatif français, de repenser notre système en profondeur, aura le même impact que l’eau qui arrose un désert en plein soleil. Une évaporation immédiate.

La France a besoin d’une révolution intellectuelle, peut être d’une révolution tout court, afin de couper une fois pour toute la tête aux rentes et rentiers qui la bloquent et la figent. C’est comme le temps de décembre en France, la rente cela paraît souvent confortable et acceptable, sauf lorsque l’on en mesure les effets dévastateurs. Au printemps. Il faut ragréer le sol avant d’y planter à nouveau. Et aucun de nos jardiniers n’y est prêt. Puis-je encore après cette tribune bien noire, vous souhaitez une bonne année ? Oui bien sur. Le désespoir a cette fabuleuse capacité de dénicher les solutions enfouies, et nombre d’hommes et femmes de ce pays vont se lever et vous la proposer. A vous de la saisir si vous voulez passer non une bonne année mais de belles années !

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