1ère phase du come back : Nicolas Sarkozy déploie toute la gamme de ses talents d'animal politique (y compris quelques faiblesses)<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy a annoncé son retour en politique sur sa page Facebook.
Nicolas Sarkozy a annoncé son retour en politique sur sa page Facebook.
©Reuters

Bête de scène

Lors de son interview de 45 minutes sur France 2 dimanche 21 septembre, on a retrouvé "l'animal politique" chez Nicolas Sarkozy, notamment lorsqu'il s'est défendu d'être mêlé à des affaires judiciaires.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Qu'est-ce qu'un rassemblement, sinon la coexistence ou la cohabitation de personnalités, de groupes dont les opinions voire les modes de vie sont différents, sans toutefois être incompatibles. Son importance dépend de l'amplitude des différences entre les composantes. Et Nicolas Sarkozy veut rassembler "les Français bien au-delà des clivages habituels droite-gauche, centre-droite, écologistes-libéraux qui n'ont plus aucun sens", selon lui. Vaste programme !

Pour l'heure, c'est sa famille politique ( dont il ne cite jamais le nom ) que l'ancien président veut réunir sous sa bannière, en attendant, espère-t-il, de rassembler les Français, (en tous cas une majorité d'électeurs), sous son nom en 2017. Pour mettre toutes les chances de son côté, pour marquer les esprits et séduire à nouveau l'électorat potentiel, Nicolas Sarkozy a occupé l'espace médiatique pendant tout le week-end et tenté de cibler au-delà de ses partisans. Une montée en puissance avec Facebook "pour faire comprendre qu'il revient sur le devant de la scène politique par devoir", après  "une réflexion approfondie", car, précise-t-il, "ce serait une forme d'abandon que de rester spectateur de la situation dans laquelle se trouve la France, devant le délitement du débat politique, et la persistance de divisions si dérisoires au sein de l'opposition". Voilà pourquoi il a décidé d'être "candidat à la présidence de sa famille politique", afin de "proposer aux Français un nouveau choix politique". Cette annonce a évidemment été largement relayée par la presse traditionnelle, mais la formule est excitante puisqu'elle permet de mesurer l'intérêt suscité en temps réel. Sur ce point, Nicolas Sarkozy n'a pas été déçu. Il a été beaucoup "liké" ; de quoi être grisé, encore convient-il de ne pas confondre curiosité et adhésion ! Entre l'annonce Facebook de vendredi après-midi et l'interview sur France 2, pas question de faire tomber la pression, d'autant qu'Alain Juppé était l'invité d'une grande émission politique et que François Fillon était attendu chez les militants UMP du Val-d'Oise. Pour maintenir la pression, rien de tel qu'un entretien un peu musclé au Journal Du Dimanche. Pas une interview formelle, mais un mélange de citations et quelques tacles rapportés à l'intention de ses deux futurs compétiteurs pour la primaire de 2017. Pour Alain Juppé, ce seront ses ennuis judiciaires passés ( et purgés ), et pour François Fillon, "l'incapacité de combler un vide après 2012". De quoi faire quelque peu sortir le maire de Bordeaux de ses gonds, mais pas de quoi faire réagir vivement son ancien Premier ministre qui se contentera d'un "Je ne crois pas aux Sauveurs". Avec ces deux séquences, Nicolas Sarkozy avait réussi son "teasing" en attendant "le grand jeu" de l'interview sur France 2.

Pour son grand retour, Nicolas Sarkozy qui n'était jamais complètement parti, ne pouvait échapper à la case "autocritique", avant de passer au pilonnage de l'action de son successeur. C'est donc par souci de faire au mieux ( et on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même ), que l'ancien président ne déléguait pas assez. Il reconnaît s'être trompé sur les accords de Schengen qui facilitent l'immigration ! Et il se dit désolé d'avoir eu des propos blessants... Mais ce qui importe aujourd'hui, s'il est revenu, c'est parce qu'il a "senti chez beaucoup de Français la tentation de ne plus croire en rien ni en personne, comme si tout se valait, ou plutôt comme si plus rien ne valait quoi que ce soit". Ces propos très calibrés et sans doute très préparés étaient le prélude à une attaque en règle de l'action de son successeur, "qui a menti", qui est " son propre procureur" et qui a plongé le pays dans un tel état que "c'est la crise de la France qui peut faire basculer l'Europe dans la faillite". Des accusations lourdes, comme celle accusant "Madame Le Pen d'avoir donné un sacré coup de main quand elle a dit qu'il ne faut pas voter pour moi". A ce moment là, Nicolas Sarkozy a retrouvé son naturel, son impétuosité. Il s'adresse à ses électeurs qui ont été ou sont encore tentés par le Front National, ces Français qui "souffrent , car nous les avons aussi déçus. Je veux aller les chercher un par un" en créant "les conditions d'une alternative crédible", sans toutefois révéler quel chemin idéologique il emprunterait pour cela.

Nicolas Sarkozy est resté flou dans le domaine des propositions, se contentant de prôner "la recherche d'un système fiscal qui permette aux entreprises de rester en France, le resserrement des liens économiques avec l'Allemagne, ainsi que le recours au référendum pour faire trancher les grands sujets de société. Cependant, il ne précise pas clairement s'il en ferait usage pour trancher le débat sur le mariage pour tous, autour duquel on a "humilié la famille". On a retrouvé "l'animal politique" lorsqu'il s'est défendu d'être mêlé à des affaires : "Est-ce que vous croyez que si j'avais quelque chose à me reprocher, je viendrais m'exposer dans un retour à la politique comme aujourd'hui ? Est-ce que vous me prêtez deux neurones d'intelligence "? On lui en prête même plus ! Mais la partie n'est pas gagnée pour autant pour lui. Son retour à la tête de l'UMP ne fait aucun doute. Sa victoire à la primaire n'est pas encore acquise. Alain Juppé et François Fillon ne le lâcheront pas en dépit d'une amitié quarantenaire pour l'un et d'une collaboration prétendument sans nuage avec l'autre. Nicolas Sarkozy est redescendu dans l'arène. A-t-il convaincu ? Les sondages et Facebook nous le diront. En tous cas, le combat des chefs à droite est reparti ! On attend la suite avec gourmandise.

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