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1 zeste de Macron, 1 pincée de Hamon + des kilos d'affaire Fillon = la fin de la Ve République?
©Reuters

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L’affaire Fillon, comme l’élection d’Hamon, affaiblissent le rôle des partis et renforcent à la fois le pouvoir des sondages et des mouvements politiques anti-système qui n’aspirent qu’à détrôner les élites démocratique actuelles.

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy est philosophe, analyste du discours politique et des idéologies.
 
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Envoyé à 250 parlementaires, selon Henri Guaino, le texte-pétition de soutien à François Fillon au titre grandiloquent mais qui fait sens dans la période : « Pour l’honneur d’un homme et l’avenir de la France », publié dans Le Figaro d’hier n’aurait retenu que « 17 signatures ». Mais il affichait tous les noms qui comptent chez Les Républicains avec le représentant de l’UDI, à l’exception de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. 

Dans son discours à Charleville-Mézière hier après-midi, le candidat de la droite à la Présidentielle s’est montré offensif et s’est voulu constructif. Après avoir clamé son innocence, face aux « mensonges » et à « la barbouserie politique », il a fait appel à son camp et aux Français : « Mes amis je vous demande de m’aider à résister » à « l’entreprise de démolition » menée dans les « arrières cuisines des officines ». 

L’objectif était surtout de convaincre son camp à ne pas céder au pouvoir de la presse sur une opinion publique exprimée par les sondages, dont l’utilisation, désormais, tend à ruiner le sens même de notre démocratie républicaine, qui,  il est bon de rappeler, est censée s’exprimer par le Suffrage universel.

Pendant ce temps, la campagne médiatique orchestrée par la quasi unanimité de la presse, à gauche, qui du Canard Enchainé et de Charlie Hebdo pour la satyre, en passant par Le Monde, le Nouvel Observateur et le service publique, via Antenne 2, poursuivait son combat contre François Fillon, s’acharnant à le mettre hors service malgré l’onction reçue par l’élection.

La logique d’étranglement du candidat de la droite, orientée par la presse d’opinion de gauche, si caricaturale qu’elle en viendrait presque à se caricaturer elle-même, obéit sans doute à la volonté, chacun l’a compris, d’éliminer avec la victoire annoncée de la droite, le projet, porté par le candidat Fillon, d’un changement radical non seulement au plan économique mais aussi culturel. 

Il est en effet le seul candidat à allier l’offre d’une réforme économique très libérale à une vision idéologique novatrice pour son camp qui dénonce la domination intellectuelle autant que morale d’un projet de société multiculturel lequel s’est imposé à la France comme une évidence, en une trentaine d’années.

Il est possible au fond que cette offre politique,  jugée trop radicale par certains, ait fait de François Fillon l’homme à abattre. Par son originalité, cette critique autant politique que culturelle, atteint aussi bien les positions à l'intérieur de son propre camp que la gauche dans sa totalité. Elle additionne contre elle non seulement toutes les autres candidatures à la Présidentielle mais, ce faisant, elle place le candidat de la droite de gouvernement dans une situation plus que délicate en vue du rassemblement nécessaires pour obtenir une majorité de scrutins au second tour de la Présidentielle.

C’est pourquoi, à travers l’affaire Fillon, c’est aussi peut-être l’effondrement des deux grands partis de la Cinquième République qui se joue sous nos yeux. Et par là même assiste-t’on à une déstabilisation profonde de la division droite/gauche qui structure la vie politique de notre pays depuis la Révolution française.

Les nouveaux mouvements anti-système comme En Marche ou le Front National-Rassemblement Bleu Marine, en condamnant le système des partis, s’attaquent aussi aux fondements de la vie politique française, autant qu’aux moyens démocratiques de son d’expression. Enfin, il est un fait que leurs attaques ont en commun une mise en cause radicale des élite actuelles qui sont issues du fonctionnement de ces partis.

Et la victoire surprise de Benoit Hamon issu des primaires participe à ce mouvement des contempteurs de la Cinquième République formant ainsi une sorte de bloc anti-système. Leur volonté commune, avec des visées idéologiques et des programmes fort divergents, étant au fond de renverser les anciennes élites et de prendre leur place.

Les deux événement majeurs du week-end dernier, élection d’Hamon contre Manuel Valls et affaire Fillon risquent donc de déboucher ensemble sur la mise hors service des partis de gouvernement. Car à droite, quoi qu’on en dise, le candidat ayant reçu l’onction de l’élection Primaire, il est très peu probable qu’un Plan B quel qu’il soit puisse être à la hauteur d’un enjeu tel que celui d’une victoire à la Présidentielle. 

Sous condition bien sûr que, d’une part le Parti Socialiste ne parvienne pas à convaincre Benoit Hamon d’offrir les conditions d’une union aux différents courants de pensées à gauche et que  François Fillon, de son côté ne parvienne pas à renverser la tendance de l’effondrement de sa popularité dans les sondages.

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