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"La jungle des océans. Crimes impunis, esclavage, ultraviolence, pêche illégale" de Ian Urbina : enquête percutante sur les mauvaises pratiques en mer
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Il y a trois sortes d’êtres: les vivants, les morts et les marins. Ian Urbina publie une enquête percutante.

Didier Cossart pour Culture Tops

Didier Cossart est chroniqueur pour Culture Tops

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"La jungle des océans. Crimes impunis, esclavage, ultraviolence, pêche illégale"

De Ian Urbina
traduction Perla Slitack Editions Payot 584 p.

RECOMMANDATION
Excellent


THÈME
Les  océans sont une immense zone de droits vagabonds, de dépotoir de nos activités humaines où la fraude et le crime sont des pratiques courantes qu’aucune législation ne semble pouvoir maîtriser. Le livre nous invite à une navigation au long cours décrivant sans fards les principales atteintes à la dignité humaine ou à l'environnement, tout en engageant une réflexion approfondie sur les causes et les solutions envisageables.

POINTS FORTS
Il s’agit d’un remarquable travail de journalisme d’investigation où l’auteur a donné de sa personne en n’hésitant pas à se rendre au péril de sa vie au plus près de ses sujets pour y recueillir des informations de première main. En plus de descriptions détaillées et d’une information précise et pertinente, Ian Urbina nous fait partager ses réflexions sur les causes des désordres, ce qui permet d’envisager des solutions dans un futur malheureusement lointain. Il nous rappelle que les océans bafoués sont indispensables pour nourrir des milliards d’individus et pour le commerce mondial : il faut donc les respecter.

POINTS FAIBLES
Le récit est une suite d’articles dont la compilation n’a pas été suffisamment nettoyée pour éviter de nombreuses redites qui allongent la lecture d’un ouvrage déjà imposant. L’avantage de cet inconvénient est qu’il peut se lire par chapitres et sans ordre particulier.

EN DEUX MOTS 
Après avoir lu ce guide des mauvaises pratiques en mer, je me prends à imaginer qu’en voyageant en Asie je ne mangerai que du poisson “durable” pêché par des marins libres et bien traités, que sur un méga paquebot de croisière je trierai mes déchets dont aucun ne sera rejeté à la mer. On souhaite que ce énième livre sur les scandales maritimes soit enfin le dernier: faites circuler ce récit percutant et passionnant. 

UN EXTRAIT
(à bord d’un senneur thaïlandais)

“N’ayant pas dormi depuis quarante-huit heures, nous décidâmes de nous reposer. Le dortoir était si bondé que nous pûmes tout juste nous allonger sur le dos, sous les hamacs de l’équipage, comme des sardines en boite. La plupart des matelots étaient en sous-vêtements. Mon nez frôlait presque l’arrière-train ballant du garçon qui me surplombait. Être aussi proche d’un parfait inconnu et inhaler ses remugles semblait une intrusion dans sa vie privée et une violation consentante de la mienne. J’avais l’habitude de supporter les odeurs âcres, mais cette pièce était spécialement éprouvante. Exprimez les fluides de vieux maillots de foot, ajoutez purée de poisson et urine, et faites bouillir: tel était l’arôme fumant dans ce réduit.” (p.287) 

L'AUTEUR
Né en 1972 aux États-Unis, Ian Urbina est grand reporter, principalement pour le New York Times. C’est un journaliste d'investigation qui s’engage fortement dans les causes que ses reportages dénoncent : principalement les atteintes à l'environnement et aux droits des travailleurs. Dans son pays il reçu de multiples récompenses dont le Prix Pulitzer pour une série d’articles co-écrits avec des collègues, sur la prostitution à New-York. Cet ouvrage est son premier “livre” compilant plusieurs années de reportages.     

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