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Explosion généralisée après un 49.3 ? Derrière la fermeté affichée, la grande peur du gouvernement
©Capture d'écran Dailymotion

Para bellum

Depuis longtemps, le Premier ministre se voit en Gerhard Schröder français, prêt à faire face à la colère de la rue pour réformer son pays. Mardi matin une réunion de crise s'est tenue pour estimer les risques d'embrasement bien réels. Le Premier ministre a décidé d'assumer.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Et la nuit débout s'est levée. A Paris devant l'Assemblée nationale, mais aussi à Rennes, à Toulouse, à Nantes, à  Lille, à Marseille, à Lyon, à Strasbourg…  Aux cris de "provoc", "déni de démocratie" ou encore "insulte au peuple", ce sont des milliers de manifestants qui ont réagi, dans la nuit de mardi à mercredi, à l'utilisation par le gouvernement du 49.3. Dans la foulée, la CGT et FO appelaient leurs organisations respectives à "construire" deux nouvelles journées de grèves et manifestations les mardi 17 et jeudi 19 mai.

Mercredi matin, alors que l'Assemblée nationale est encore protégée par des dizaines de CRS, un proche de Manuel Valls soupire, "c'est pour nous le principal risque. La motion de censure ne passera pas, à moins d'un accident, nous ne sommes pas très inquiets, en revanche, un embrasement de la rue, ça c'est possible", avoue-t-il en avalant son café. La veille une réunion de crise s'est tenue autour de Jean Marie Le Guen avant que soit prise la décision d'en passer par un 49.3. Le ministre des Relations avec le Parlement a souligné le danger : "Ça risque d'être chaud, de bousculer fort". "On était parfaitement conscient du risque et on a décidé de le courir car il n'y a pas d'autre voie", explique un proche du locataire de Matignon. Pour Manuel Valls, impossible de reculer après la réforme constitutionnelle avortée, quant à faire des concessions, de son point de vue beaucoup ont déjà été faites et on ne peut aller plus loin.

Les proches du Premier ministre le disent prêt à assumer un embrasement général et de citer comme exemple Gerhard Schröder. Lorsque celui-ci est réélu, il entame, en effet, une série de réformes destinées à réduire les dépenses de l'État providence, notamment en fusionnant les allocations sociales avec celles du chômage, que l'on a appelée les réformes Hartz. "Les gens sont descendus dans la rue, ça a été extrêmement brutal, le risque d'embrasement était énorme, nous sommes dans la même situation", explique un proche du chef du gouvernement qui estime que ça vaut le coup car Valls pourrait, comme son prédécesseur, relancer ainsi l'économie.

A moins que le pays ne se fige avant. Car Manuels Valls n'a pas seulement des syndicats face à lui mais un mouvement insolite avec qui il est bien difficile de discuter faute d'interlocuteur officiel et même officieux. Un mouvement qui ne conteste pas uniquement la loi Travail mais l'ensemble de la politique gouvernementale. Mardi soir, les manifestants brandissaient des banderoles barrées de la phrase: " tout le monde déteste le PS". La question va donc bien au-delà de la loi El Khomri même si, hier, les Nuit Debout tentaient de joindre les bureaux des députés pour savoir qui voterait la censure demain. La loi n'est qu'un prétexte pour faire entendre une déception plus large. Un sentiment de trahison, estime-t-on même dans l'entourage d'Arnaud Montebourg qui espère pouvoir surfer la vague. Mais les déçus du discours du Bourget ne semblent plus vouloir attendre les élections pour exprimer leur colère. D'autant qu'ils n'ont en face d'eux, pour l'instant, aucun candidat pour porter leur parole. 

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