"Autodafés" de Michel Onfray : les barbares et les dictatures commencent par brûler les livres<!-- --> | Atlantico.fr
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"Autodafés" de Michel Onfray a été publié aux éditions des Presses de la cité.
"Autodafés" de Michel Onfray a été publié aux éditions des Presses de la cité.
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"Autodafés" de Michel Onfray a été publié aux éditions des Presses de la cité.

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Laroque Latour est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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"Autodafés" de Michel Onfray

Les Presses de la Cité
Août 2021
201 pages
19 €
Notre recommandation : EXCELLENT 

THÈME

 Avec un sens aigu de l’aphorisme percutant, Michel Onfray commence par définir le mot « fachosphère » cher à nos grandes consciences de gauche et constater que « le fascisme historique n’a pas grand-chose à voir avec le fascisme hystérique ».  La notion une fois posée, l’auteur présente six livres caractéristiques de cette catégorie honnie et particulièrement vilipendés par des doctrinaires qui, malgré « un passé qui s’avère un passif » s’autorisent, soit à discréditer les ouvrages qui n’ont pas l’heur de correspondre à leur bien-pensance, soit à organiser la censure par le silence :
- Les habits neufs du président Mao de Simon Leys (1971)
- L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne (1973)
- Voyage au centre du malaise français de Paul Yonnet (1993)- Le choc des civilisations de Samuel Huntington (1996)
- Le livre noir de la psychanalyse d’un collectif présidé par Catherine Meyer (2005)
- Aristote au Mont Saint Michel de Sylvain Gouguenheim (2008)

POINTS FORTS

Chacun des ouvrages sélectionnés fait l’objet d’un chapitre en deux parties : une rapide description du contenu (le premier qui dit la vérité…) suivie de l’analyse goguenarde de leur détestable réception, voire de leur oblitération (…il doit être exécuté)

Ils représentent un large éventail des idéologies sujettes à polémique depuis le dernier demi-siècle : le maoïsme, le marxisme, l’assimilation et l’immigration, la psychanalyse, l’islam et l’islamisme. Sans compter « l’idéologie de Davos » dénoncée par Huntington et la réforme de l’orthographe combattue par Paul Yonnet (bien avant de nous revenir sous forme d’écriture inclusive) …

Michel Onfray jubile à démonter les critiques, en particulier celles de Mme Roudinesco « autoproclamée historienne de la psychanalyse » à propos du livre noir de la psychanalyse dont il développera les thèses cinq ans plus tard dans son Crépuscule d’une idole.

Si ces sujets ont été mille fois discutés, et par des penseurs de talent, l’originalité d’Autodafés réside dans le fait qu’il se limite au domaine littéraire et rappelle que les barbares et les dictatures commencent par brûler les livres. C’est vrai depuis l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie au VIIe siècle jusqu’au très récent brasier de BD au Canada, en passant par les bûchers nazis de livres juifs en 1933 ...

QUELQUES RÉSERVES

Compte-tenu de l’énorme productivité de l’auteur (quelques cent publications à son actif) il ne faut guère attendre de recherches stylistiques dans cet ouvrage trop vite écrit ; même si le sens de la formule est bien là, certains passages sont carrément bâclés et demandent parfois une relecture pour en assurer la bonne compréhension.

ENCORE UN MOT...

Michel Onfray, en polémiste décomplexé, n’hésite pas à désigner nommément les journalistes, politiques, philosophes et autres bienséants sûrs de leur fait malgré de multiples erreurs jamais assumées. Il faut reconnaître qu’aucun n’est de la classe du Louis-Ferdinand Céline de 1936, alors particulièrement apprécié de la gauche, et qui rapporta d’URSS où il fut invité avec Aragon, Triolet, Sartre et Beauvoir, son premier pamphlet Mea Culpa (le moins connu, un hasard ?) charge impitoyable du communisme qui n’était plus pour lui désormais que « l'injustice rambinée sous un nouveau blase ».

UNE PHRASE

Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que le gauchisme culturel et la fachosphère de gauche constituent la matrice nihiliste de notre époque. Depuis un demi-siècle, l’idéologie nihiliste règne sans partage. Elle ne débat pas, elle insulte ; elle ne dialogue pas, elle méprise ; elle n’échange pas, elle anathémise ; elle ne respecte pas, elle salit ; elle ne discute pas, elle condamne.

L'AUTEUR

Philosophe, essayiste et polémiste français, né en  janvier 1959 en Normandie, Michel Onfray est l'auteur de plus de 100 ouvrages dont certains sont traduits en 28 langues.

En 2002 il quitte sa carrière d'enseignant pour créer l'université populaire de Caen où il enseigne le cours « contre-histoire de la philosophie » qui est retransmis sur la station de radio France Culture.

Il intervient régulièrement à la radio et à la télévision sur des sujets politiques et sociaux. Ses prises de position suscitent de nombreuses controverses.

A LIRE EGALEMENT 

Sur Culture Tops, vous pouvez lire d’autres chroniques consacrées à Michel Onfray. Parmi les plus récentes, citons :  
- Le temps de l’étoile polaire, une chronique signée Yann Kerlau, qui a également chroniqué le livre intitulé “Sagesse”
Vies parallèles, De Gaulle Mitterrand, une chronique de François Duffour. 
- Le chemin de la garenne,une chronique signée Paul Beuzebosc.

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