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"Aller chercher l’info sur Google, je crois que je peux le faire tout seul" : l’histoire d'un rendez-vous Pôle emploi qui dure 42 secondes exactement
©Reuters

Bonnes feuilles

L'autopsie d'un système kafkaïen qui génère de la souffrance de chaque côté du guichet. Comme de nombreux Français, Cécile Hautefeuille a connu les affres du chômage. Pour mener à bien son enquête journalistique, l'auteur mêle à son expérience personnelle des témoignages poignants de chômeurs mais également de salariés de Pôle emploi. Extrait de "La machine infernale" de Cécile Hautefeuille, aux Editions du Rocher (2/2).

Cécile Hautefeuille

Cécile Hautefeuille

Après six années à RMC, Cécile Hautefeuille a lancé le blog Minisphère du Chômage et donne des cours de radio à l'ESJPRO de Montpellier.

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Arnaud, 37 ans, intermittent du spectacle: «Aller chercher l’info sur Google, je crois que je peux le faire tout seul. »

C’est l’histoire d’un entretien à Pôle emploi, qui dure 42 secondes, et qui ne sert à rien. C’est l’histoire d’Arnaud, qui voulait profiter d’un rendez-vous pour obtenir quelques informations. Arnaud est content. Il vient d’apprendre qu’il va obtenir le  statut d’intermittent du spectacle. Il est chargé de production, et il a atteint le fameux seuil des 507 heures travaillées en dix mois, Saint Graal pour devenir intermittent. Arnaud est d’autant plus content qu’il a justement rendez-vous avec sa conseillère Pôle emploi. Il va pouvoir lui poser des questions sur ce statut, lui demander comment basculer du régime général au régime spectacle.

Arrivé dans son bureau, il lui annonce la nouvelle. «Elle me dit que c’est super, qu’elle est contente pour moi Pour elle, tout roule et au bout de 22 secondes, elle met fin à l’entretien.» Un peu surpris, Arnaud reste assis et lui dit qu’il aimerait bien profiter du rendez-vous pour connaître les procédures pour s’inscrire au Pôle emploi spectacle. La réponse de la conseillère le cloue sur sa chaise: «Ah… En fait, je comptais sur vous pour me le dire!»

La suite va le faire manquer de tomber de sa chaise. «Elle propose qu’on cherche la réponse ensemble. Elle ouvre Internet sur son ordinateur, tape  Pôle emploi spectacle sur Google et commence à me lire la page.» Cette fois, Arnaud se lève de sa chaise. «Écoutez, taper sur Google et parcourir une page, je crois que je peux le faire tout seul.»

Pas de réaction.

«Bon. Ben, je vais y aller, alors.»

Et ce sera tout. 42 secondes.

Le temps nécessaire pour apprendre qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Dans son rapport, le médiateur national écrit ceci: «Dans les réclamations qui sont adressées, une phrase revient souvent: “J’ai trouvé sans Pôle emploi [un emploi/une formation/etc.].” Cette formule est utilisée à l’appui de la réclamation, comme pour souligner la redevabilité de l’institution envers ceux qu’elle aurait insuffisamment aidés.»

Et d’y ajouter un exemple de courrier, reçu par son service:

De : M.S. Envoyé : 8 mai 2015 Je serai en formation du 15/02/2015 au 29/05/2015 d’où mon impossibilité d’être présent pour votre entretien. De plus vous m’aviez précisé que les entretiens pouvaient se faire soit par courrier (Internet) soit par entretien live 100 % web… Je ne comprends pas ce revirement de situation !!! En plus si c’est juste me déplacer pour rien encore une fois, j’en vois pas l’utilité surtout si c’est pour changer quelques lignes sur mon dossier puisqu’il n’y a que ça que vous puissiez faire quand on vous sollicite pour un projet sérieux. Ceci montre bien l’intérêt et le respect que vous portez aux dossiers de vos demandeurs d’emploi !!!

Pôle emploi ne sert à rien, ne m’aide pas, ne fait rien pour moi. Cette litanie aussi, je l’ai souvent entendue.

Finalement, en tant que DE, qu’est-on en droit d’attendre?

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